Meowcate Le 03/09/2018 à 17:42Edité par Meowcate le 03/09/2018 à 21:54 Encore faut-il le régler, ce problème financier.
Remettons un peu tout à plat, dans le contexte, pour résumer. C'est long et imbitable, donc passez si vous connaissez bien tout.
Le début des ennuis
En 2003, entre une hausse du cours du pétrole, la reprise de l'industrie pétrolière par l'état, et par la suite de la croissance de la Chine, Chavez est plus que jamais le héros du peuple avec une grosse croissance dans le pays qui s'enrichit sans soucis, c'est la fête du slip, c'est le miracle socialiste, champomi pour tout le monde.
Arrive 2008. J'ai ouï-dire qu'il y avait eu une mauvaise passe au niveau des marchés internationaux, et comme le Venezuela est encore sur Terre, il en subit aussi les effets. Enfin, globalement. Le pays exporte tellement de pétrole qu'il peut compenser les effets de la crise, même si ce n'est pas aussi resplendissant qu'avant et que l'inflation commence déjà à grandir à bonne vitesse, mais comme on a les moyens de faire fonctionnr la planche à billets, qu'importe.
Chavèz a eu la bonne idée de régler la dette d'état tant que la monnaie valait encore quelque chose, mais les années suivantes sont un peu difficiles pour le pays, et une nouvelle dette pointe bientôt le bout de son nez.
Maduro est arrivé, et ça va faire mal
Puis en 2013, Chavèz nous la joue star du rock : il choisit de décéder en pleine gloire (le mec a dit au peuple "J'ai un grave cancer", il est quand même réélu), et signale que son ex-chauffeur ministre des affaires étrangères vice-président est son digne successeur. Maduro prend le job par intérim, puis se fera élire par le pouvoir démocratique. D'une large majorité de 50.3%, avec l'opposition qui conteste le déroulement des élections et cherche un recours pour le repousser du siège du pouvoir. Cela conduit à ce que l'opposition gagne alors une large majorité de sièges au Parlement, quasiment les 2/3 nécessaires pour changer la Constitution (histoire de virer Maduro), mais "quasiment" n'est pas assez.
Maduro accepte d'abord ce résultat, puis sentant que ça sent le roussi, arrange l'élection d'une nouvelle Assemblée qui sera remplie à 100% par son parti (tu le sens le pouvoir "démocratique" quand l'opposition était si importante ?) et l'utilise pour modifier un peu les règles du jeu pour faire en sorte que le Parlement n'ait plus de vrais pouvoirs, qui seront maintenant exercés par l'Assemblé.
Non mais oh, c'est quoi ces opposants qui croient qu'ils peuvent contrôler le pays par les urnes face à un président qui n'aurait pas gagné sa place s'il n'avait pas été le chouchou du prédécesseur ?
Bon, il y a bien quelques périodes de violence qui s'ensuivent au prétexte que ouiiiii, tu voiiiiis, manipuler la politique intérieure du pays en évinçant toute opposition qui est obligée de partir en exil en urgence (ceux dont le réveil n'a pas sonné se verront interdire leur passeport), ouiiiii, c'est pas très très démocratique, gros !
Heureusement, Maduro sait mieux que les autres ce qui est bon pour le peuple. Et pour cela, il consolide des liens politiques et commerciaux avec une usine de cigares et de rhum au nord dont Kevin ne cesse de nous vanter la radio. Il échange aussi des liens forts avec la Russie où Poutine le félicite pour la réussite de son gouvernement ("Tu sais Nico, même moi j'aurais pas osé, le coup de virer une institution juste parce qu'elle au main de l'opposition"). Et malgré une dette qui creuse quand même 20% du PIB en 2015 (on partait de 0 il n'y a pas si longtemps), il obtient de nouveaux clients chinois dont la croissance nécessite quasiment un pipeline privé dans leur direction.
Entre-temps à partir de 2015, les vénézuéliens se mettent à un nouveau loisir : les vacances à l'étranger. Mais comme des étourdis, ils sont plusieurs millions à oublier d'acheter un billet de retour et restent du coup sur place. C'est ballot quand même.
Error 404 : Oil Not Found
Mais là, les choses tournent mal. Il y a comme une crise du pétrole, en partie parce qu'un des pays producteurs s'est fait la remarque que s'il vendait son or noir moins cher, il aurait largement plus de clients. Et dans la panique, les autres ont suivi. Et le Vénézuela dont le pays ne tenait QUE grâce au pétrole, et bien il est un peu embêté. Donc l'Arabie Saoudite, c'est les méchants !
Bon, et en 2017 les manifestations reprennent, l'opposition gueule, ça commence à mal tourner. Alors on tape dans la foule, faut bien calmer le jeu. Et on confisque encore les passeports. Et on fait des arrestations arbitraires. Et on avance de plusieurs mois les prochaines élections tout en manipulant les électeurs le jour J pour leur rappeler que s'ils veulent encore avoir de quoi bouffer, ils ont intérêt à voter correctement. Donc l'opposition, c'est les méchants !
Vous aviez suivi ces événements au moins ? non ? bah alors, faut s'informer les gars. N'allez pas sortir le fait que les journalistes (locaux comme étrangers) ont été arrêtés, que leur matériel ait été confisqué ou détruit, pour prétexter que vous ne pouviez pas être au courant.
Certains arrivent cependant à échapper à cet équivalent d'une purge. Ils quittent le pays et continuent de gueuler contre le gouvernement depuis l'étranger. Ils sont surtout concentrés en Colombie, et le pays refuse les demandes d'expatriations. Genre, l'opposition a les couilles de dire du mal du président, par contre quand il faut venir lui dire face à face, entre hommes, lui et son armée grassement payée qui traque les "rebelles", y'a plus personne. En plus la majorité des migrants sont partis en Colombie, ces sales traîtres. Donc la Colombie, c'est les méchants !
Salauds de capitalistes
Au passage, les pays occidentaux, repaires de hipsters et de SJW, ont les mêmes réactions, ouiiii, tu voiiiiis, écouter le peuple plutôt que lui taper dessus, c'est cool, t'sais. Et comme en plus ce sont tous des faux-culs, ils décident de faire remarquer à ce pays qui est quand même chaud à placer au Scrabble que puisqu'il veut appliquer ses propres règles de la démocratie (à savoir "le peuple vote et je décide du gagnant"), ça va pas le faire. Donc y'a des sanctions : on ne leur vend plus d'armes, on ne leur vend plus de matériel de surveillance. Bien sûr, cela ne touche pas du tout le Vénézuéla parce qu'il n'a strictement rien de l'état policier, kof kof kof, ne vous retournez pas il y a une caméra qui nous regarde.
Au nord, ce n'étaient pas les corons, mais le président le plus orange de toute l'histoire des États-Unis qui, voulant se donner un semblant d'image, annonce que ce que fait Maduro c'est pas joli joli, et bloque les avoirs du pays sur le sol américain, sous prétexte que Maduro pourrait chercher à tout écouler pour son bénéfice personnel. Comment ? les EU réagissent mal en privant le peuple de ses possessions légales ? Ah mais non ma p'tite dame, si Maduro déclare que les EU sont de grosvilains suite à ça, c'est qu'ils ont bloqué les avoirs des principaux responsables politiques du pays. Et comme ces derniers sont en train de profiter de la crise pour se constituer un fond de retraite pour leurs vieux jours en espérant que dans tout ce bordel ça ne se verra pas, ils sont pas contents.
Mais pas question de changer d'un pouce. Du coup quelques mois plus tard, paf, nouvelle sanction EU : interdit d'acheter des obligations vénézuéliennes. Bien entendu, interdire au pays le plus capitaliste et spéculatif au monde d'acheter les dettes d'un pays en ruine ou de racheter par petits bouts l'industrie pétrolière, seul coeur économique du pays, c'est une décision horrible. Depuis quand le Vénézuéla ne pourrait-il pas choisir d'être vendu au plus offrant ? Faut dire que Maduro espérait beaucoup avoir de riches dollars bien stables, alors que l'inflation grimpe en flèche et la monnaie s'écroule. Du coup, les États-Unis c'est les méchants !
T'as pas 100 balles ?
Bon, et entre 2017 et aujourd'hui ? la monnaie vaut plus rien. Le salaire minimum a été boosté des tas de fois, ce qui oblige les commerces à gonfler leurs prix (faut payer les employés, faut payer les matières premières récoltées par des employés qu'il faut payer plus cher, etc etc).
La population, sous Maduro, vit alors toutes sortes d'expériences nouvelles. Grâce à des prix qui craquent leurs slips, ils se lancent dans le marché noir et le troc. Ils découvrent le principe de l'auberge espagnole en se parquant davantage en groupes pour payer moins de loyers. Ils redécouvrent les beautés de la voûte céleste grâce aux fréquentes coupures d'électricité. Ils se désintoxiquent des écrans par un internet qui ne va pas mieux. Ils s'initient aux langues orientales par de l'import massif de produits manufacturés d'Asie achetés en gros pour trois fois rien. Ils triomphent radicalement du spectre de l'obésité grâce à une malnutrition galopante. Ils redécouvrent le pouvoir de la prière et des ressources cachées du corps humain face au manque de médicaments.
Et au final, on en est là, un pays qui doit souffrir des péchés du père... si ce n'est que le père est toujours là et refuse de lâcher son siège. Il est difficile aujourd'hui de savoir ce que le peuple souhaite, ils sont pour la plupart résignés et souhaitent juste survivre, un jour après l'autre, jusqu'à espérer qu'un jour les choses changent. Maduro peut être content, l'opposition n'est plus aussi puissante qu'avant, elle est soit en exil soit en manque de force (littéralement).
Mais surtout, n'oubliez pas : le pays pourrait être rasé après avoir déclaré la guerre à tous ses voisins en simultané à faire passer la Syrie pour un havre de paix enviée par la Suisse, le plus important au final est d'en faire un exemple du triomphe du socialisme.
Et tout de suite, la météo.
« Nous avons propagé sur Extranet une histoire fabriquée de toutes pièces selon laquelle une certaine disposition d'étoiles, vue depuis la planète d'origine des butariens, formaient le visage d'une déesse galarienne.
Sans chercher à vérifier ces informations, certains ont décrété que c'était la preuve de l'existence de la déesse. Ceux qui notaient le manque de preuves se faisaient attaquer. »
— Legion, geth trolleur à portée galactique