Déjà, merci, c'est très agréable d'avoir un message en français correct, presque soutenu mais sans de faux effets de style ou de vocabulaire qui alourdissent considérablement des posts.
Sinon, personellement, je vois deux grands axes, en prenant la citation à l'envers :
I. Le temps (seconde partie de la citation)
- L'intemporalité de la poésie, avec pourtant une volonté de la part des auteurs à s'adapter à l'esthétique de chaque époque. La poésie est une trace fragile et pourtant persistante d'une période, d'un courant de pensée, d'un mouvement idéologique.
On peut faire une transition avec cette notion d'argument idéologique mémoire du monde et des hommes, ce qui permet d'aborder la poésie du fait de l'homme.
II. L'homme
- La poésie en tant que fait de l'homme : la poète messager divin ou déchiffreur (de l'antiquité jusqu'à Jules Supervielle [et même plus, hein] qui dans le poème ci-dessous explique le rôle du poète - voir aussi le poème de Beaudelaire plus bas qui peut avoir un role similaire)
- On peut ici expliquer pourquoi le poète est perçu comme messager divin : parce qu'il se sent investi d'une mission - c'est le cas sous un régime répressif - ou simplement parce qu'il explique, avec des mots personnels ou des tournures parfois étranges, des situations ou des sentiments communs.
Ouverture proposée : élargir en partant de la poésie et du poète pour aller vers les artistes en général (mission de l'artiste - consciente ou non ?...)
Jules Supervielle
Poèmes de l'humour triste, 1919
Soyez bon pour le Poète,
Le plus doux des animaux.
Nous prêtant son coeur, sa tête,
Incorporant tous nos maux,
Il se fait notre jumeau;
Au désert de l'épithète,
Il précède les prophètes
Sur son douloureux chameau;
Il fréquente très honnête,
La misère et ses tombeaux,
Donnant pour nous, bonne bête,
Son pauvre corps aux corbeaux;
Il traduit en langue nette
Nos infinitésimaux.
Ah! donnons-lui, pour sa fête,
La casquette d'interprète !
Charles Baudelaire
Correspondances
La nature est un temple où de vivants piliers
Laissent parfois sortir de confuses paroles;
L'homme y passe à travers des forêts de symboles
Qui l'observent avec des regards familiers.
Comme des longs échos qui de loin se confondent
Dans une ténébreuse et profonde unité,
Vaste comme la nuit et comme la clarté,
Les parfums, les couleurs et les sons se répondent.
Il est des parfums frais comme des chairs d'enfants,
Doux comme des hautbois, verts comme des prairies,
-Et d'autres corrompus, riches et triomphants,
Ayant l'expansion des choses infinies,
Comme l'ambre, le musc, le benjoin et l'encens,
Qui chantent les transports de l'esprit et des sens.