Vos poèmes - Page 2

Poupées de luxe

Bavez Mesdames les actrices
Sur vos vitrines garnies de strass.
Jouez de vos larmes et vos caprices,
L’être aimé docile et bonasse
Possède l’extrême incompétence
A contrarier vos exigences.

Obstinez-vous petites poulettes
A collectionner vos paillettes
Justificatifs du bonheur
Certifié par Jean-Paul Gaultier.
Le cœur s’exprime par la valeur
Inscrite en gros sur le chéquier.

Quant à vous chers amants ruinés,
Comportez-vous en Prince Charmant
Et ornez votre Belle d’or blanc
A prix coûtant chez Lafayette.
L’amour se mesure en pépètes
Bien plus qu’en mots doux susurrés.

Offrez lui donc ses diamants
S’ils peuvent la combler un moment ;
Juste le temps d’être élégante
Et celui de s’imaginer
Une vie un peu plus scintillante
Grâce à quelques joyaux ciselés.

Ne négligez pas le pouvoir
De votre carte bleue Messieurs.
Elle prouve votre fidélité
Et passe l’éponge sur certains soirs
Où vous rentrez un brin honteux
D’avoir osé la comparer.

Car même si des soupçons persistent,
Mademoiselle ne sait résister
Aux sentiments que lui promet
Le doux papier filigrané.
La confiance est un jeu d’artistes
Où les pions carburent aux billets.

Réjouissez-vous pauvres maris
D’avoir épousé une poupée,
Modèle qui, seul, bénéficie
De l’option : possibilité
D’acheter l’amnistie conjugale
Au prix d’une parure en cristal.

A vous braves portes-feuilles sur pieds,
Qui commencez à vous arquer
Sous la vénalité chronique
De vos épouses en mal de fric.
Je tiens sincèrement à vous dire :
Courage à vous ! Je vous admire !

Il paraît


Laissez passer c’est une urgence !
Neuf mois d’attente, je perds patience.
Je veux sortir et voir dehors
Pour découvrir les mille trésors.

Ecouter les oiseaux chanteurs,
Bercés par le souffle du vent,
M’émerveiller sous les couleurs
Et devant le soleil couchant.

Je veux sentir chacune des fleurs,
Courir, danser, rêver, chanter…
Respirer l’air pur, les odeurs,
Me reposer et profiter…

Il parait que tout est joli…
Les villes reflètent la nature,
Les gens sont bons et sans soucis,
Ils s’aiment dans la démesure…


***


Laissez passer c’est une urgence !
Neuf ans d’attente et d’insistance.
Je veux des immeubles en décor
Pour m’enrichir, et goûter l’or.

Ecouter le bruit des moteurs,
Bercés par l’écho de l’argent,
M’émerveiller sous la grandeur
Et devant les murs de ciment.

Je veux couper chacune des fleurs,
Brûler, raser et bétonner…
Respirer l’usine, ses vapeurs,
Détériorer et goudronner.

Il parait que c’est ça la vie…
Les villes reflètent les ordures,
Les gens sont cons, et sans répit,
Ils souillent le monde pour des dorures…

J’veux un mec ! (avis aux intéressés)

J’ai mon cœur qui s’ défoule,
Folle envie d’ foutre un coup de boule
Aux mannequins sans cervelle,
Qui chaque soir s’envoient en l’air !
Moi la nuit, j’ rêve d’être elles,
Marre d’être une CELIBATAIRE !

Que dois-je faire pour séduire ?
J’ai les crèmes et même la cire !
J’essaye tous les régimes
Et pommades amincissantes,
Les gélules « Super Slim »,
Censées m’ rendre affriolante !

Rendez-vous chez l’ coiffeur
Qui m’ fait poireauter des heures…
Même pas l ‘temps d’ prendre une douche,
Je file chez la manucure.
Dans cinq mois elle accouche,
J’ai l’ moral dans les chaussures !

Visite chez l’ gynéco
S’inquiétant d’ ma libido !
Comment ça du retard ?
Depuis six s’maines et quatre jours ?
Que s’ passe-t-il ? C’est bizarre…
Il insiste. Qu’est- ce-qu’il est lourd !

Une copine qui m’enfonce
M’a écrit une p’tite annonce :
Femme fidèle cherche un homme,
Si possible pas marié,
Même forçant sur le rhum
(J’ suis un cas désespéré !).

J’veux un mec, un gentil,
Pour faire des bébés au lit !
J’veux un mec pas trop mal
Qui me tanne que je suis belle !
J’veux un mec pas banal,
Un qui sait faire la vaisselle !

J’ veux THE Mec ! (avis au concerné)

Sur un banc, un soir venu
Assise au coin d’une rue
Je me croyais déjà perdue
C’est alors je t’ai aperçue

Un regard, un sourire
Très vite tu m’as fait rire
Moi qui n’aimais plus vivre
J’ai eu envie de te suivre

***

Tu m’as tenue éveillée
Tu as su vite m’émerveiller
Malgré ton air intimidé
J’ai tenté de t’apprivoiser

Puis le temps à continué à filler
Mais un jour tu m’as touché
Et alors tout s’est arrêté
Je me suis senti transportée

***

J’ai alors tenté de te le dire
J’ai voulu continuer à te chérir
Ton absence me faisant souffrir
Car c’est une autre que tu faisais rire

Aujourd’hui je repasse dans cette rue
Respirant l’air vivifiant et pure
Priant les cieux qu’un jour futur
Tu viendras panser ma blessure…

Sinusoïde calorique

Debout, nue, devant ma psyché,
Le cœur gros et l’œil horrifié,
Je m’évertue à entrevoir
Un angle mort, un lieu sacré,
Histoire de dédramatiser
Et réconforter mon regard.

Le corps à bout de contorsions
Face à cet énorme ravage,
Gavée de mal-bouffe et de rage,
Je finis par me résigner :
Il n’y a pas l’ombre à l’horizon
D’une parcelle de chaire épargnée.

« Plus de bonbons, de pâtisseries,
De gâteaux entre les repas.
Finis les glaces, le chocolat,
Le pâté, les sauces, les Curly.
Bannissez miel et tartes aux fraises,
Pas de soda, ni crème anglaise. »

Sans même percuter qu’à la fin,
En gros il ne me reste rien,
Naïve et tout sourire, j’acquiesce
Aux dires de Sainte- Nutritionniste ;
Baba face à tant de sagesse
Emanant de sa longue liste.

Pourvue d’une force inébranlable
Et de sacs poubelles Handy Bag,
C’est alors que je m’improvise,
(Avant qu’on ne me prenne en flag)
« Videuse de cochonneries mangeables,
pilleuse de ‘placards gourmandise’ ».

Parée d’un courage d’enfer
Et démunie de tentations,
Me voilà prête et plus légère
Pour entamer ma nouvelle vie.
Cette fois l’échec, s’il s’établit,
Mènera à la liposuccion.

Assise devant mon repas,
Tout en préservant le recul,
J’hume l’étrangeté des odeurs,
Puis m’imagine les omégas
Et les vitamines qui circulent
Dans mes légumes à la vapeur.

Passé quelques Bonduelle et Knorr
Je finis par sympathiser
Avec ces curieuses nouveautés
A base d’eau et au goût caché.
Je m’régale telle une herbivore
mangeant ses feuilles vertes préférées.

De jour en jour, mes bourrelets fondent,
Mes hanches déjà se font moins rondes,
Et ma silhouette, loin d’être fine,
Me fait parfois penser à celles
Des couvertures de «Femme Actuelle »
Tapissant mes murs de cuisine.

Cependant vite je déchante,
Lassée des soupes et des salades.
Et ma super volonté d’fer
Commence à se faire moins puissante.
Raz-le-bol de manger bio et fade,
De boire de l’eau et du thé vert.

Puis les écarts font leur entrée.
Les balades à la boulangerie
Deviennent maintenant cher payées.
Par-ci par-là des confiseries
Viennent s’ajouter à la pesée.
Je n’comprends pas… Aurais-je grossi ?

Et pis merde ! Voilà après tout.
J’ai d’la cellulite et j’m’en fous.
J’rêve de Big Mac et de mayo
Pas d’substituts végétariens.
Marre de me torturer la peau.
Avec des régimes pour lapins.

Crayons de couleur

Dans la cour de récréation
Y a une fée, elle s’appelle Nolwenn.
On dirait que c’est une sirène,
Elle a des cheveux sur le front.

Et à côté de la demoiselle,
Y a la brigade des pompiers
qui veut se marier avec elle
Et faire au moins cinq mille bébés.

Alors en ligne deux par deux,
Ils vont tour à tour, amoureux,
Postuler comme futurs époux,
Avec un dessin de Zizou.

De toutes façons elle est formelle
Nolwenn elle aime pas les garçons.
Ils jouent jamais à la marelle
Et croient toujours qu’ils ont raison.

Mais Romain c’est pas un garçon,
Romain lui c’est un romantique,
Qui sait faire le « la harmonique »
Avec son nez en diapason.

C’est un vrai mec, qu’a une houppette,
Et pas de cire dans les oreilles ;
Un play-boy avec des fossettes
Qui sent bon le savon de Marseille.

C’est un géni du coloriage,
Un pro du bruitage de motos,
Un expert en gros bricolage,
Il sait réparer les legos.

En plus Romain il dessine bien.
Quand Nolwenn elle veut un cadeau,
Il lui gribouille sur les mains,
Des cœurs, au feutre qui part à l’eau.

Il lui offre des pissenlits
Avec encore toutes les racines,
Tous frais cueillis de sous la pluie
Près des poubelles de la cantine.

Romain c’est l’homme de sa vie,
Elle m’a dit ça à la piscine.
Ils auront un gars ou deux filles,
Et une maison en Argentine.

Mais Nolwenn, elle a pas le droit,
Parce que son papa il veut pas.
Il dit que Romain est dangereux,
Qu’il est rouge, qu’il n’est pas comme eux.