cogspawn (./7) :
Je parlais du romantisme en tant que période et non pas en tant que façon d'écrire.
Justement, pour moi, on ne peut pas associer une mouvance esthétique, culturelle ou sociale à des dates précises. Il y a parfois un évènement déclenchant (encore qu'il faille être capable de le définir), mais bien souvent, on se rend compte avec le recul que tout prédisposait à ce qu'il y ait une mutation, et que la "révolution" esthétique qui fait qu'on bascule d'une période à une autre n'est jamais aussi brutale que ce qu'on peut penser.
C'est un point que j'ai du mal à expliquer au niveau littéraire (je connais trop mal mes dates pour ça

) mais qu'on peut très bien expliquer au niveau musical.
Je vais prendre deux exemples très clairs, et qui sont en relation directe avec le sujet :
- À partir de quel moment quitte-t'on la période classique pour entrer dans le romantisme ?
Pendant longtemps, on a fait commencer le romantique avec Beethoven. Or, quand on analyse Beethoven, on se rend compte qu'il a une écriture totalement classique, du début à la fin.
Alors on a dit "Beethoven est le dernier classique et le premier romantique".
Sauf que suivant la définition que l'on choisit de prendre du romantisme (structurel/formel ou initiateur), on trouve déjà chez le Mozart de la fin énormément d'archétypes du romantisme (on peut dire qu'à partir de son concerto pour piano en ré mineur, il y a une couleur romantique forte).
A contrario, si on analyse le symphonies de Brahms, on réalise qu'il est lui-même dans une structure hyper classique (et je ne parle même pas des quelques symphonies de Wagner qui, même s'il est une figure fondamentale du romantisme germanique, sonnent comme du Mozart).
- À partir de quel moment disparaît le romantisme et entre-t'on dans la période contemporaine ?
Alors là, c'est pire. Déjà, il faudrait qu'on sache où ranger Fauré, Debussy, Ravel...
Ensuite, on dit souvent que l'éclatement de la tonalité se fait avec les trois grands de l'école de Vienne, et en particulier avec le Pierrot Lunaire de Schönberg. Mais si on reprend dans le contexte, on se rend compte que depuis Mahler (et même Wagner, avec de nombreux passages dans Tristan) on a envie de faire éclater le système tonal, et qu'on y arrive presque.
Tour ça pour dire quoi ? Ah oui, que le romantisme en tant que période précise, c'est assez particulier comme vision. il faut plutôt voir ce qui définit le romantisme, et y rattacher un certain nombre d'auteurs, en le justifiant (d'autant qu'il y a toujours des contres courants, des cas isolés, des avant gardistes, etc.)