intendo gagne un procès pour piratage à Hong Kong
Par Doug Young
HONG KONG (Reuters) - Le fabricant japonais de consoles et de logiciels
de jeux Nintendo a annoncé avoir obtenu un des jugements anti-piratage
"les plus importants" de son histoire contre une société de Hong Kong
qui vendait des accessoires permettant de copier ses jeux et les mettre
sur Internet où ils pouvaient être téléchargés sans restriction.
La firme Lik Sang International a été condamnée le 29 mai dernier à
verser un montant provisoire de cinq millions de dollars locaux (environ
551.000 euros) à titre de dommages à l'éditeur japonais.
Nintendo a estimé dans sa plainte que le piratage, pour ce seul cas, lui
avait coûté 20 millions de dollars US (environ 17 millions d'euros)
entre 2001 et 2002, ce qui met en lumière l'ampleur croissante du
phénomène en Chine comme à Hong Kong.
L'appareil qui a suscité le dépôt de plainte de Nintendo coûte 45
dollars US (un peu moins de 39 euros) et permet de passer outre les
dispositifs de sécurité pour aller piller les logiciels des jeux des
consoles Game Boy, a expliqué Jodi Daugherty, directeur du département
de lutte contre le piratage de Nintendo aux Etats-Unis.
Les jeux piratés sont offerts à des prix variant de cinq à 15 dollars
pièce, alors que la version originale coûte entre 25 et 45 dollars.
"C'était une affaire importante pour Nintendo de combattre la fraude sur
internet à la source", a-t- elle dit lors d'un entretien téléphonique
avec Reuters. "Nous continuons à être agressifs en Chine", a-t-elle
ajouté.
Aucun commentaire n'a pu être obtenu dans l'immédiat de Lik Sang
International.
LA CHINE FAIT DES EFFORTS
Les principaux acteurs du secteur des consoles de jeux se tiennent à
l'écart de la Chine en raison du piratage effréné en cours dans ce pays,
les consoles étant généralement vendues à perte, les bénéfices étant
justement tirés de la vente des logiciels de jeu dont la marge est très
élevée.
Microsoft, qui fabrique la Xbox, et Nintendo ont jusqu'à présent évité
ce marché où une version piratée de leurs jeux peut se vendre jusqu'à 10
yuans seulement, c'est-à-dire environ un euro.
Le troisième acteur principal du secteur, Sony, a tenté de lancer sa
PlayStation sur le marché chinois en début d'année mais l'a finalement
repoussé à une date non déterminée en raison de la multiplicité des
démarches administratives exigées par les autorités.
Nintendo pense qu'après la condamnation de Lik Sang International,
l'appareil, qui était fabriqué en Chine, n'est plus sur le marché, a
souligné Daugherty.
Nintendo estime que lui-même et ses partenaires ont perdu environ 650
millions de dollars US à cause du piratage l'an dernier, et évaluent le
manque à gagner pour l'ensemble du secteur à trois milliards de dollars.
Selon Jodi Daugherty, la Chine est l'une des bases les plus actives pour
la fabrication, l'assemblage et la distribution de jeux piratés - qu'il
s'agisse de logiciels ou de matériel -, et Hong Kong est également parmi
les premiers centres pour les copies illégales.
Elle constate que les autorités chinoises, qui ont aidé Nintendo à mener
environ les trois quarts des 125 opérations anti-piratage que le
japonais a menées dans le pays l'an dernier, prennent plus sérieusement
en compte les questions liées à la protection des droits de propriété
intellectuelle depuis que la Chine est devenue membre de l'Organisation
mondiale du commerce (OMC).
Elle précise ainsi que les actions menées en 2002 ont doublé par rapport
à l'année précédente et elle s'attend à des chiffres encore plus
importants cette année.
"Nos priorités en matière de piratage ont évolué", dit-elle, en
expliquant que par le passé les efforts étaient concentrés sur Taïwan
mais que la Chine était devenue prioritaire.