Bonjour , j'ai un extrait du chapitre 3 de la curée à commenter pour la rentrée . J'ai fait un début d'intro mais je n'arive pas à élaborer un plan . pouvez vous m'aider , s'il vous plait ? merci de votre réponse.
I le portrait de Napoléon
a) portrait péjoratif du narrateur
b) portrait élogieux de Renée
II)
III)
voici l'extrait :
Quand elle fut dans les salons et que son mari l'eut quittée pour le baron Gouraud, elle éprouva un moment d'embarras. Mais les glaces, où elle se voyait adorable, la rassurèrent vite, et elle s'habituait à l'air chaud, au murmure des voix, à cette cohue d'habits noirs et d'épaules blanches, lorsque l'empereur parut. Il traversait lentement le salon, au bras d'un général gros et court, qui soufflait comme s'il avait eu une digestion difficile. Les épaules se rangèrent sur deux haies, tandis que les habits noirs reculèrent d'un pas, instinctivement, d'un air discret. Renée se trouva poussée au bout de la file des épaules, près de la seconde porte, celle que l'empereur gagnait d'un pas pénible et vacillant. Elle le vit ainsi venir à elle, d'une porte à l'autre.
Il était en habit, avec l'écharpe rouge du grand cordon, Renée, reprise par l'émotion, distinguait mal, et cette tache saignante lui semblait éclabousser toute la poitrine du prince. Elle le trouva petit, les jambes trop courtes, les reins flottants ; mais elle était ravie, et elle le voyait beau, avec son visage blême, sa paupière lourde et plombée qui retombait sur son oeil mort. Sous ses moustaches, sa bouche s'ouvrait, mollement, tandis que son nez seul restait osseux dans toute sa face dissoute.
L'empereur et le vieux général continuaient à avancer à petits pas, paraissant se soutenir, alanguis, vaguement souriants. Ils regardaient les dames inclinées, et leurs coups d'oeil, jetés à droite et à gauche, glissaient dans les corsages. Le général se penchait, disait un mot au maître, lui serrait le bras d'un air de joyeux compagnon. Et l'empereur, mou et voilé, plus terne encore que de coutume, approchait toujours de sa marche traînante.
Ils étaient au milieu du salon, lorsque Renée sentit leurs regards se fixer sur elle. Le général la regardait avec des yeux ronds, tandis que l'empereur, levant à demi les paupières, avait des lueurs fauves dans l'hésitation grise de ses yeux brouillés. Renée, décontenancée, baissa la tête, s'inclina, ne vit plus que les rosaces du tapis. Mais elle suivait leur ombre, elle comprit qu'ils s'arrêtaient quelques secondes devant elle. Et elle crut entendre l'empereur, ce rêveur équivoque, qui murmurait, en la regardant, enfoncée dans sa jupe de mousseline striée de velours.
-- Voyez donc, général, une fleur à cueillir, un mystérieux oeillet panaché blanc et noir.
Et le général répondit, d'une voix plus brutale :
-- Sire, cet oeillet-là irait diantrement bien à nos boutonnières.
Renée leva la tête. L'apparition avait disparu, un flot de foule encombrait la porte. Depuis cette soirée, elle revint souvent aux Tuileries, elle eut même l'honneur d'être complimentée à voix haute par Sa Majesté, et de devenir un peu son amie ; mais elle se rappela toujours la marche lente et alourdie du prince au milieu du salon, entre les deux rangées d'épaules ; et, quand elle goûtait quelque joie nouvelle dans la fortune grandissante de son mari, elle revoyait l'empereur dominant les gorges inclinées, venant à elle, la comparant à un oeillet que le vieux général conseillait de mettre à sa boutonnière. C'était, pour elle, la note aiguë de sa vie.