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Bonjour,
je n'arrive pas à trouver de problématique et de plan pour l'excipit de huis clos.
Voici donc l'extrait:

"INÈS
Prouve-le. Prouve que ce n'était pas un rêve.
Seuls les actes décident de ce qu'on a voulu.
GARCIN
Je suis mort trop tôt. On ne m'a pas laissé le
temps de faire mes actes.
INÈS
On meurt toujours trop tôt - ou, trop tard. Et
cependant la vie est là, terminée : le trait est tiré,
il faut faire la somme. Tu n'es rien d'autre que ta
vie.
GAReIN
Vipère ! Tu as réponse à tout .
INÈS
Allons ! allons ! Ne perds pas courage. Il doit
t'être facile de me persuader. Cherche des argu.i
ments, fais un effort. (Garein hausse les épaules.)
Eh bien, eh bien ? Je t'avais dit que tu étais
vulnérable. Ah ! comme tu vas payer à présentj
Scène 5 9 1
ru es un lâche, Garein, u n lâche parce que j e le
veux. Je le veux, tu entends, je le veux ! Et
pOJ.1I1ant, vois comme je suis faible, un souffle ;
le ne suis rien qu? le regard qui te voit, que cette
pensée incolore qui te pense. (Il marche sur elle,
les mains ouvertes.) Ha ! elles s'ouvrent, ces
grosses mains d'homme. Mais qu'espères-tu ? On
n'attrape pas les pensées avec les mains. Allons,
tu n'as pas le choix : il faut me convaincre. Je te
tiens.
ESTELLE
Garein !
GAReIN
Quoi ?
ESTELLE
Venge-toi.
GARCIN
Comment ?
ESTELLE
Embrasse-moi, tu l'entendras chanter.
GARCIN
,; C'est pourtant vrai, Inès. Tu me tiens, mais je
!le tiens aussi.
Il se penche sur Estelle. Inès pousse un cri.
INÈS
:; Ha ! lâche ! lâche ! Va ! Va te faire consoler par
les femmes.
92 Huis clos
ESTELLE
Chante, Inès, chante !
INÈS
Le beau couple ! Si tu voyais sa grosse patte
posée à plat sur ton dos, froissant la chair et
l 'étoffe . Il a les mains moites ; il transpire. Il
laissera une marque bleue sur ta robe.
ESTELLE
Chante ! Chante ! Serre-moi plus fort contre
toi , Garein ; elle en crèvera.
INÈS
Mais oui , serre-la bien fort, serre-la ! Mêlez vos
chaleurs. C'est bon l'amour, hein Garein ? C'est
tiède et profond comme le sommeil , mais je
t'empêcherai de dormir.
Geste de Garein.
ESTELLE
Ne l 'écoute pas. Prends ma bouche ; je suis à
toi tout entière.
INÈS
Eh bien, qu'attends-tu ? Fais ce qu'on te dit,
Garein le lâche tient dans ses bras Estelle l'infantieide.
Les paris sont ouverts. Garein le lâche
l'embrassera-t-il ? Je vous vois, je vous vois ; à
moi seule je suis une foule, la foule. Garein, la
foule, l 'entends-tu ? (Murmurant.) Lâche ! Lâche !
Lâche ! Lâche ! En vain tu me fuis, je ne te
lâcherai pas. Que vas-tu chercher sur ses lèvres ?
L'oubli ? Mais je ne t'oublierai pas, moi . C'est
Scène 5 93
moi qu'il faut convaincre. Moi . Viens, viens ! Je
t'attends . Tu vois, Estelle, i l desserre son
étreinte, il est docile comme un chien ... Tu ne
l'auras pas !
GARCIN
Il ne fera donc jamais nuit ?
INÈS
Jamais.
GAReIN
Tu me verras toujours ?
INÈS
Toujours
Garein abandonne Estelle et fait quelques
pas dans la pièce. Il s'approche du bronze.
GAReIN
Le bronze ... (Il le caresse.) Eh bien, voici le
moment. Le bronze est là, je le contemple et je
comprends que je suis en enfer. Je vous dis que
tout était prévu. Ils avaient prévu que je me
tiendrais devant cette cheminée, pressant ma
main sur ce bronze, avec tous ces regards sur
moi . Tous ces regards qui me mangent ... (Il se
retourne brusquement.) Ha ! vous n 'êtes que
deux ? Je vous croyais beaucoup plus nombreuses
. (Il rit.) Alors, c'est ça l 'enfer. Je n'aurais
jamais cru ... Vous vous rappelez : le soufre, le
bûcher, le gril... Ah ! quelle plaisanterie . Pas
besoin de gril : l'enfer, c'est les Autres.
94 Huis clos
ESTELLE
Mon amour !
GARCIN, la repoussant.
Laisse-moi . Elle est entre nous. Je ne peux pas
t'aimer quand elle me voit.
ESTELLE
Ha ! Eh bien , elle ne nous verra plus.
Elle prend le coupe-papier sur la table, se
précipite sur Inès et lui porte plusieurs coups.
I N ÈS, se débattant et riant.
Qu'est-ce que tu fais, qu'est-ce que tu fais, tu es
folle ? Tu sais bien que je suis morte.
ESTELLE
Morte ?
Elle laisse tomber le couteau. Un temps.
Inès ramasse le couteau et s'en frappe avec
rage.
INÈS
Morte ! Morte ! Morte ! Ni le couteau, ni le
poison, ni la corde. C'est déjà fait, comprendstu
? Et nous sommes ensemble pour toujours.
Elle rit.
ESTELLE, éclatant de rire.
Pour toujours, mon Dieu que c'est drôle ! Pour
toujours !
Scène 5 95
GARCIN, rit
en les regardant toutes deux.
Pour toujours !
Ils tombent assis, chacun sur son canapé.
Un long silence. Ils cessent de rire et se
regardent. Garein se lève.
GARCIN
Eh bien, continuons.
R I D E A U"