Sally (./12) :
Bref, ces expériences visent à reconstituer un système macroscopique simulant le modèle de De Broglie-Bohm ? c'est 
(Par contre je ne comprends pas trop le rapport avec des phénomènes émergents
)
Je ne sais pas si Yves Couder s’est volontairement inspiré de l’interprétation de De Broglie-Bohm pour conduire ses expériences, peut-être le lien d’analogie est-il venu plus tard, mais quoi qu’il en soit, oui, au final ça simule macroscopiquement cette interprétation.
Cependant, même si on pouvait s’attendre à ce que les gouttes de liquide reproduisent le résultat quantique des fentes de Young (puisque l’interprétation de DB-B retrouve, par construction, les résultats quantiques connus, tout comme l’interprétation de l’École de Copenhague, ce qui empêche pour le moment de les départager et explique pourquoi on parle d’« interprétation »), la grande surprise est à mon sens l’émergence de la quantification (dans l’expérience des deux gouttes tournant l’une autour de l’autre) alors qu’il n’y avait, me semble-t-il (là, ça commence à dépasser mes connaissances actuelles),
a priori aucune raison de l’observer macroscopiquement : je me demande d’ailleurs quelle est la valeur de l’équivalent de ħ dans la version macroscopique (sans doute une version macroscopique du modèle de Bohr permettrait de trouver cette valeur, à condition de comprendre quel est l’équivalent de la force électrique ici).
Dans ce cas, si je ne me trompe, l’interprétation de DB-B aurait alors un pouvoir explicatif plus important que l’interprétation de l’ÉdC (puisqu’expliquant la quantification au lieu de la prendre comme axiome), ce qui lui ferait perdre son statut d’interprétation (c’est-à-dire de « point de vue philosophique ») pour acquérir celui de théorie (bien qu’on l’appelle déjà « théorie », à tort selon moi), avec de nouvelles prédictions expérimentalement testables.
Tiens sinon il y a un truc que je n'ai jamais compris (mais c'est qu'il n'est jamais correctement expliqué
) dans l'expérience des fentes d'Young : on dit que la présence d'un observateur qui regarde par quelle fente passe l'électron modifie le résultat de la mesure, mais jamais on n'explique comment on fait pour regarder par où il passe (or c'est forcément très important)
.
C’est effectivement très important.
Le seul moyen actuellement connu de savoir si une particule de l’expérience (particule cible) passe par une fente ou l’autre est d’envoyer à proximité d’une des fentes une particule capable d’interagir avec la particule cible (particule test) et de placer des détecteurs autour : si la particule test est détectée en ligne droite de sa trajectoire initiale, c’est que la particule cible est passée par l’autre fente, tandis que si la particule test est déviée, c’est que la particule cible est passée par cette fente et a interagi en passant avec la particule test.
Cependant, cette interaction modifie la fonction d’onde de la particule cible, et change donc le résultat de l’expérience des fentes.
L’équivalent macroscopique pour l’expérience de Couder est donné ici :
topics/140770-f-informatique-et-high-tech-les-meilleures-news-physique-quantique#5 Hippopotame (./13) :
- on a de fortes présomptions que les théories à variables cachées (ç'en est une) sont fausses.
Ce sont les théories
locales à variables cachées (c’est cette localité qu’Einstein mettait dans ces variables cachées) qui ont été réfutées par l’expérience d’Aspect sur les inégalités de Bell (et là, on parle bien de théories parce qu’il y a des prédictions expérimentalement discriminables des prédictions d’autres théories, donc réfutables), or l’interprétation de DB-B est, comme celle de l’ÉdC, non locale par nature (à cause de l’onde pilote qui, comme l’onde de probabilité de l’ÉdC, s’étend dans tout l’Univers observable).
- un tel modèle est sensé apporter des réponses "philosophiques", être moins effrayant que la méca q standard ; quand on creuse les choses il n'en est rien, c'est plus une complication qu'autre chose.
À l’origine, oui, en effet, mais si jamais il s’avère que l’interprétation de DB-B fait émerger naturellement la quantification au lieu de la prendre comme axiome (mais je le répète, ce point est un peu au-delà de mes connaissances actuelles, donc à prendre avec prudence), alors ça devient plus qu’une simple interprétation philosophique rassurante

.
Grâce à l’expérience de Couder, on peut espérer transformer l’interprétation de DB-B en vraie théorie, avec des prédictions testables et réfutables, alors que c’est pour le moment une construction
ad hoc indifférenciable de l’interprétation de l’ÉdC et donc du Modèle Standard.
il me semble pourtant plus intuitif que l'explication usuelle (qui est plutôt d'ailleurs un refus d'expliquer, genre rien n'existe tant qu'on l'a pas observé, tout ce qu'il y a c'est des probabilités d'observer, ça aide vachement à comprendre ce qui se passe
).
Ce n'est pas ce que j'en ai compris.
Dans l'explication usuelle, en gros tout existe bien et évolue au fil du temps, on peut décrire le système, les quantités qui le définissent, les équations qui gouvernent son évolution...
Seulement, les électrons ou photons ne sont pas des "particules" au sens "petites billes dures", mais des objets ondulatoires étendus ; c'est l'acte d'observer qui les force à prendre temporairement la forme de petites billes dures.[/cite]

J'ai parfois l'impression que la mécanique quantique est volontairement présentée — au moins au niveau de la vulgarisation — comme un truc extrêmement bizarre et magique (la particule est partout à la fois ! le chat est en même temps mort et vivant ! la présence passive de l'observateur modifie le comportement du système !) alors qu'en fait ça pourrait être expliqué de façon beaucoup plus normale...

[/cite]

², c’est même plus qu’une impression

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