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Bonjour, je m'entraîne pour le bac de français et j'ai fait un corpus. Malheureusement, j'ai la correction et les axes ne sont pas du tout les mêmes que les miens, ce qui m'inquiète. J'aurai besoin d'aide pour savoir si c'est juste ou pas. Merci d'avance.
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Alors le corpus est composé de :

Texte A : Jean-Pierre Claris de Florian (1755-1794), « Le Voyage », Fables, IV, 21 (1792)
Texte B : Alphonse de Lamartine (1790-1869), « Les Voiles », poème publié en 1873 dans OEuvre posthume
Texte C : Jean de La Ville de Mirmont (1886-1914), L’horizon chimérique, recueil posthume (1920)
Texte D : Jean-Michel Maulpoix (né en 1952), L’instinct de ciel, section III, extrait (2000)

Ma problématique est : nous allons montrer comment la conception du voyage diffère d'un individu à l'autre.

Mes axes sont :
A. Un lieu propice au voyage : la mer (texte B,C)
B. La fuite vers l'inconnu (texte A,D)
C. Le voyage lié à l'évolution de la vie avec la naissance, la vie et la mort (A,B)
Pouvez vous me dire ce que vous en pensez ? Merci.
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Ca a l'air pas mal vu comme ça, mais je ne connais aucun des textes en question, donc c'est difficile de donner un avis.
La problématique, quoi qu'un peu facile, se tient.
Concernant les axes, je ne sais pas ce que te demande ton prof dans ce cadre, mais je trouve dommage que tu exclues des textes de certains points. À mon avis, il peut être aussi intéressant (sauf peut-être pour l'axe A) de dire pourquoi tu exclus B et C de l'axe B, et pourquoi tu exclues C et D de l'axe C.

Je pense aussi qu'il faut que tu parles du voyage comme récit initiatique et symbolique, c'est un thème récurrent et transversal.
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Le corpus est constitué :
Texte A : Jean-Pierre Claris de Florian, « Le Voyage », Fables, IV, 21 (1792)

PARTIR avant le jour, à tâtons, sans voir goutte
Sans songer seulement à demander sa route,
Aller de chute en chute, et, se traînant ainsi,
Faire un tiers du chemin jusqu'à près de midi ;
Voir sur sa tête alors s'amasser les nuages,
Dans un sable mouvant précipiter ses pas,

Courir, en essuyant orages sur orages,
Vers un but incertain où l'on n'arrive pas ;
Détrempé
vers le soir, chercher une retraite
Arriver haletant, se coucher, s'endormir :
On appelle cela naître, vivre et mourir.
La volonté de Dieu soit faite !

TEXTE B : Alphonse de Lamartine, « Les Voiles », poème publié en 1873 dans Œuvre
posthume

Quand j'étais jeune et fier et que j'ouvrais mes ailes,
Les ailes de mon âme à tous les vents des mers,
Les voiles emportaient ma pensée avec elles,
Et mes rêves flottaient sur tous les flots amers.

Je voyais dans ce vague où l'horizon se noie
Surgir tout verdoyants de pampre
et de jasmin
Des continents de vie et des îles de joie
Où la gloire et l'amour m'appelaient de la main.

J'enviais chaque nef
qui blanchissait l'écume,
Heureuse d'aspirer au rivage inconnu,
Et maintenant, assis au bord du cap qui fume,
J'ai traversé ces flots et j'en suis revenu.

Et j'aime encor ces mers autrefois tant aimées,
Non plus comme le champ de mes rêves chéris,
Mais comme un champ de mort où mes ailes semées
De moi-même partout me montrent les débris.

Cet écueil me brisa, ce bord surgit funeste,
Ma fortune
sombra dans ce calme trompeur ;
La foudre ici sur moi tomba de l'arc céleste
Et chacun de ces flots roule un peu de mon coeur.
Ischia 1844, septembre.

Texte C : Jean de La Ville de Mirmont, L’horizon chimérique, recueil posthume (1920)

Vaisseaux, nous vous aurons aimés en pure perte ;
Le dernier de vous tous est parti sur la mer.
Le couchant emporta tant de voiles ouvertes
Que ce port et mon cœur sont à jamais déserts.

La mer vous a rendus à votre destinée,
Au-delà du rivage où s’arrêtent nos pas.
Nous ne pouvions garder vos âmes enchaînées ;
Il vous faut des lointains que je ne connais pas.
Je suis de ceux dont les désirs sont sur la terre.

Le souffle qui vous grise
emplit mon cœur d’effroi,
Mais votre appel, au fond des soirs, me désespère,
Car j’ai de grands départs inassouvis en moi.

Texte D : Jean-Michel Maulpoix, L’instinct de ciel, section III, extrait (2000)

Je suis cet homme tout bossué de sacs et de valises qui va et vient dans sa propre vie,
avec des départs, des retours, portant au cœur des coups, et des bleus plein la tête, traînant des
cartables de cuir remplis de phrases et des serviettes bourrées de lettres, toujours rêvant de se
blottir dans le sac à main d’une femme, parmi les tubes de rouge à lèvres, les miroirs, les
photos d’enfants et les flacons de parfum.

Cet homme hérissé d’antennes essaie de capter son amour sur les ondes et tend vers lui
des fils où il se prend les pieds. Cet homme-là ne sait pas auprès de qui il dormira le soir
même, ni en quel sens demain matin s’en ira la vie.

Tic-tac de l’encre et du désir… L’existence balance son pendule entre le côté des
10 livres et le côté de l’amour, les tickets d’envol et les longues stations dans la chambre, le dos
tourné et les bras ouverts, l’homme immobile et le piéton, celui qui ne croit plus au ciel et
celui qui l’espère encore, celui qui fabrique des figures et celui qui veut un visage.

Il fut un temps où je poussais dans mes racines de par ici, ne connaissant des lointains
que la rêverie et de la langue les mots les plus approximatifs. Mais j’ai quitté l’allée de buis1
et le petit jardin. Je ne m’alimente plus en eau par les racines mais par le ciel.

J’ai fumé la cigarette du voyage. Elle m’a piqué les yeux et fait battre le cœur plus
vite. Elle a laissé sur mes réveils un goût de tabac froid. J’ai toussé, j’ai perdu ma voix. J’ai
deux grosses valises sous les yeux. Je suis un voyageur brumeux qui n’y voit plus très clair et
qui croit encore nécessaire de s’en aller plus loin.

J’ai fui, j’ai pris le large. L’habitude surtout de n’être nulle part, en apnée dans ma
propre vie. Portrait du poète fin-de-siècle en créature d’aéroport, avec cette tête bizarre qu’a
l’homme des foules en ces lieux-là : cerveau de gélatine blanche, œil à demi ensommeillé
tourné vers le dedans, mais de la fièvre au bout des doigts.

Je m’en suis allé de par le monde, à la recherche de mes semblables : les
inconnus, les passagers, les hommes en vrac et en transit que l’on rencontre dans les aéroports
et sur les quais des gares. Ceux dont on ne sait rien et que l’on ne connaîtra pas. Ceux que
malgré tout on devine, à cause de leurs tickets, leur fatigue, leurs bagages. Ceux de nulle part
et de là-bas, qui s’en vont chercher des soleils en poussant leur vie devant eux et en perdant
mémoire.

Pour ce qui est des textes exclus, comme c'est un corpus, on m'a apprit qu'il ne fallait pas utiliser tous les textes pour chaque axes et en classe, la prof ne nous a pas précisé qu'il fallait dire la cause de cette exclusion, est-ce donc obligatoire ?
Après que vous m'ayez parlé de récit initiatique, j'ai trouvé cela intéressant mais je me demande si c'est un problème de ne pas en avoir parlé ou si je peux laisser mes axes comme ceci ? Merci de votre aide.
J'ai un autre service, serait-il possible de vous transmettre l'ensemble du corpus pour avoir un avis ?

Je commence avec l'intro :
Ce corpus est composé de quatre textes. Nous y trouvons une fable "Le Voyage" de Jean-Pierre Claris de Florian datant de 1792; un poème de 1873 "Les Voiles" de Lamartine. Il y a également un extrait du recueil posthume L'horizon chimérique de Jean de la Ville de Mirmont, datant de 1920 et enfin un extrait de L'instinct du ciel, écrit par Jean-Michel Maulpoix en 2000. Chacun de ces textes correspond à un siècle différent mais traite néanmoins d'un thème commun : le voyage. Nous allons montrer comment la conception du voyage peut-être envisagée différemment. Dans un premier temps, nous étudierons un lieu propice au voyage : la mer. Ensuite, nous nous interrogerons sur la fuite vers l'inconnu. Enfin, nous verrons le voyage lié à l'évolution de la vie avec naître, vivre et mourir.
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anna13 (./4) :
Pour ce qui est des textes exclus, comme c'est un corpus, on m'a apprit qu'il ne fallait pas utiliser tous les textes pour chaque axes et en classe, la prof ne nous a pas précisé qu'il fallait dire la cause de cette exclusion, est-ce donc obligatoire ?
Même s'il ne faut pas le dire, il faut être capable de l'expliquer au cas où smile
anna13 (./4) :
Après que vous m'ayez parlé de récit initiatique, j'ai trouvé cela intéressant mais je me demande si c'est un problème de ne pas en avoir parlé ou si je peux laisser mes axes comme ceci ? Merci de votre aide.
Au vu des textes, le thème du récit initiatique n'est peut être pas le plus pertinent. Par contre, j'ai l'impression que tu passes à côté de choses essentielles dans ce que tu as cité : ils sont tous des allégories de la vie et/ou de la mort (le C est un peu plus délicat à rattacher à ça, mais il parle clairement du temps qui a passé et des opportunités qui n'ont pas été prises).


Par contre, là, je ne vais pas avoir plus de temps à vous consacrer, désolé, la fin d'année est dense pour moi aussi...
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Je pense que si l'on me le demande les exclusions, je suis capable de l'expliquer. wink
Le C pourrait donc être une allégorie de la vie, si j'ai bien compris ?

On m'a également dit que le B pouvait être une allégorie de l'inconnu, je n'attend pas de réponse car je sais que vous avez autre chose à faire.
En tout cas, je vous remercie de m'avoir aidé. Connaissez vous quelqu'un qui pourrait m'aider car je vais rentrer en première et je ne me sens pas du tout prête pour le bac à la fin de l'année. Merci et bonne continuation.
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anna13 (./6) :
On m'a également dit que le B pouvait être une allégorie de l'inconnu, je n'attend pas de réponse car je sais que vous avez autre chose à faire.
À mon avis, c'est surtout de la vie et des problèmes qu'on y rencontre.

Pour le C, c'est la vie des autres, de ceux qui partent et ne reviennent jamais (parallèle avec le "dernier voyage", mais aussi voir la traversée du Styx sur une barque pour rejoindre le monde des morts).
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Merci de m'avoir donné votre avis. Moi je pensais que le C était une réflexion sur notre propre vie et non celle des autres car la fable finit par naitre, vivre et mourir et le poète utilise le pronom "on". Il s'identifie également dans la fable grace à ce pronom. Bonne journée.
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C'est à propos des deux : si je comprends bien le texte, le narrateur parle de ceux qui sont partis avant lui, mais aussi de son propre départ, inéluctable, même s'il voudrait bien rester.
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Moi, j'avais plutôt compris que le voyage se faisait en plusieurs étapes comme la vie. Je ne vais pas vous écrire mon troisième axe car je sais que vous avez beaucoup à faire et qu'il serait trop long à lire. Mais pour la naissance, j'ai mis que c'était le départ du voyage; vire, c'était les différentes péripéties du voyage et mourir, c'est lorsque De Florian s'endort ou que Lamartine meurt avec la foudre. Voila comment je l'avais compris ai-je fais un contre-sens ou pas ?
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Effectivement, la lecture que tu en fais est possible oui mais pas comme des étapes, mais des vaisseaux qui font chacun un voyage différent (là, on a l'impression qu'il n'y a qu'un port, pas d'étapes multiples).

Pour la naissance comme début du voyage, ça dépend des textes, en tout cas ça ne peut pas être généralisé à tous les textes de la littérature (c'est peut-être vrai pour ce corpus - et encore tout dépend de la lecture qui est faite de certains textes), mais de début du voyage peut aussi être celui vers la mort, ou la traversée d'épreuves (cas d'un récit initiatique, comme par exemple avec Ulysse). Du coup, tout dépend de la façon dont tu présentes les choses happy
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Voici mon troisième axe smile

Enfin, le voyage n'est pas immédiat et comporte plusieurs étapes. Celles-ci peuvent se rapprocher des objectifs de la vie comme l'évoque De Florian avec la gradation « On appelle cela naître, vivre et mourir ». La naissance, selon lui, est le moment où l'on décide de « PARTIR ». Ce mot étant en majuscule pour montrer l'importance du sens, c'est le début du chemin que va parcourir le voyageur. Lamartine évoque de façon sous-entendu une naissance également avec « Quant j'étais jeune et j'ouvrais mes ailes ». Le deuxième terme de la gradation est « vivre ». Dans « Le Voyage », ce mot correspond au dur trajet de Jean-Pierre Claris de Florian avec  « un sable mouvant » et « se traînant  ainsi ». Dans « Les Voiles », ce sont aussi des péripéties « j'ai traversé ces flots et j'en suis revenu ». Finalement, « mourir », selon de Florian, c'est « chercher une retraite » et « s'endormir », le mot « retraite » ayant deux sens, celui du refuge ou celui de l'agent, symbolisant la vieillesse. Lamartine meurt également avec la foudre. Ce voyage aura achevé les deux voyageurs.

Qu'en pensez-vous ?
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Ca se tient... par contre, le point sur "PARTIR" en majuscule me semble délicat à aborder de façon si affirmative : on ne sait pas s'il s'agit d'un renforcement voulu par l'auteur, ou d'un choix éditorial (s'il y a une lettrine en début de texte, il est habituel d'avoir le premier mot en capitales - ou, plutôt, en petites capitales). Du coup, si j'étais à ta place, je serais moins impératif et je prendrais un peu de distance sur ce point.
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D'accord, je n'avais pas pensé à la lettrine vu que dans l'imprimé, il n'y en a pas. Par contre mon idée de départ marche toujours ?
La naissance, selon lui, est le moment où l'on décide de « PARTIR ». Ce mot étant le premier du poème permet d'insister sur le sens, c'est le début du chemin que va parcourir le voyageur.
Est-ce mieux ? smile
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Oui, pour le poème en question, je pense que l'explication que tu donnes de la métaphore est juste (ou, en tout cas, possible) smile
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Merci, cela me rassure. Vous m'aviez dit que vous n'aviez pas beaucoup de temps à me consacrer, est-ce tout de même possible de vous envoyer mon corpus où pas ? Sinon ce n'est pas grave, je ne vais pas vous déranger. A plus tard ! smile
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