Ben je parle pas de "la morale personnelle", mais celle sociale, commune, lié à la vie sociale.
Pour reprendre le Petit Larousse:
Ensemble des règles d'action et des valeurs qui fonctionnent comme norme dans une société
Je dirai plus précisément: Ensemble des règles d'action et des valeurs qui définissent ce qui est 'bien' (souhaitable, valorisé) et ce qui est 'mal' (non souhaitable, dévalorisé, voir punissable) dans – du moins, surtout – les rapports sociaux, ie comportements vis à vis d'autrui.
C'est pour ça qu'à l'origine, c'est complètement lié au groupe (succinctement, l'ensemble des semblables. Tu vis avec eux. ) et à la culture (au sens large, scientifique )
Symétriquement: définition du bien et du mal. De là la conception moderne de la morale: "science du bien et du mal, des principes de l'action ; théorie de l'action humaine en tant qu'elle est soumise au devoir et a pour but le bien..."
Mais avec ce genre de définition, on perd de vue qu'avant, elle ne résultait pas du tout de la raison comme une construction individuelle, consciente, réfléchie, presque philosophique. Elle pouvait très bien, et était surtout, le simple fruit de la reproduction par mimétisme de pratiques et de normes qui s'étaient relevées êtres pas trop mauvaises et que le groupe a adopté aux longs des générations...
La construction philosophique de la morale, c'est absolument moderne et c'est un renversement (je dirai que c'est presque plus la morale qui précédait à la philosophie, avant, si tant est que ce mot ait un sens.... ) , ça a du commencé après la philosophie, avec les grecs...
Là on peut effectivement dire que c'est artificiel et une construction humaine.
Mais au fond, je pense que la seule chose solide et véritablement à l'œuvre, c'est la première version. La seconde, c'est celle que l'on veut croire, celle que certains essayent, qui peut peut-être s'obtenir mais qui demande une démarche intellectuelle colossale, majeure, hors-norme, qui demande de repartir à zéro (hop je reviens sur le
Tabula rasa de Descartes

), de tout mettre en question, de tout reconstruire, par le doute et grâce à une réflexion philosophique poussée.
Je suis pas contre, c'est surement, quelque part, l'absolu de la démarche de l'intellectuel cartésien, du philosophe véritable. Mais bon je ne suis déjà pas persuadé que cette entreprise puisse fonctionner vraiment (et non juste produire quelques justifications théoriques de la morale 1ère version ), et ensuite, honnêtement, très peu d'hommes la tentent. Donc pour moi la "vraie" version, celle qui est à l'œuvre, c'est la première. Et ça peut être très dangereux de l'oublier.