( la "main invisible" est évidement un référence à certains critiques du libéralisme économique. Pour les libéraux, cette "régulation" (équilibre offre/demande, optimum (local) de dev. économique, ..) vient évidemment des comportements personnels ajoutés. Voilà pour la petite métaphore. )
Nil (./13) :
Je pense que l'homme est entre les deux, qu'il est régi par des impératifs personnels mais qu'il répond aussi de façon plus ou moins inconsciente à des impératifs régis par un inconscient collectif.
Je suis assez d'accord, dans mes réflexions sur la morale (cf citation de Prehisto ) , je dis à peu près ça. Que c'est la "morale" (en un sens assez large ) qui permet cette "magie", un comportement collectif efficace alors qu'a priori l'homme est intelligent et égoïste. Par contre, je vois pas tellement d'inconscient nécessaire.
Le choix du groupe, et les sacrifices personnels qui lui sont liés, apparait en fait comme un choix purement rationnel. Pour la préservation de l'individu en moyenne, mais encore plus d'un point de vu gène-centré et mème-centré. Évidemment ce qui permet le vivre-ensemble (morale collective, croyances collectives, mythes fondateurs, opposition à l'extérieur, intériorisation que l'intérêt de ton groupe est supérieur au tiens, etc... ) est bien plus compliqué, ne relève pas d'un choix rationnel de chacun des sujets, mais d'une immersion, presque d'un conditionnement culturel.
En replaçant ça dans un processus d'évolution (des groupes humains, de leur culture, etc. ), on a une explication très simple: le groupe soudé est en général infiniment plus efficace qu'une somme d'individus non-soudés et auto-centrés. Donc: seuls survivent et se multiplient les groupes, comportement et cultures qui on su crée cette magie.
Après, pour comprendre que ça soit
possible, malgré la nature de l'homme, ehh bien... d'une façon ou d'une autre cette capacité est *aussi* dans la nature de l'homme – il a toujours vécu en groupe. Toi tu la vois dans une sorte d'instinct inconscient... moi je verrais plus ça dans le processus même de la formation du cerveau, de la pré-programmation culturelle, du mimétisme social et éducatif inné, qui au fond est juste l'instinct de survie appliqué au monde social: quand tu né dans un groupe, la meilleur manière (du moins, une efficace et simple ) de maximiser tes chances, c'est d'adopter les valeurs du groupe, son mode de vie, sa morale, ses obligations.
De mon point de vue, c'est intimement lié à la structure dans laquelle tu vis, où tu née, etc. ( c'est pour ça que je parle si souvent du groupe, que je distingue souvent la morale et le comportement à l'intérieur du groupe de ceux à l'extérieur ) Donc je choisirai le premier choix, "structures organisées".
T'essaies d'être optimiste en proposant que ça va converger vers un inconscient humain, c'est à dire que la structure organisé première, ce sera la monde, la société de tous les hommes, etc. Et donc plus vraiment de conflits culturels, et donc une morale qui inclut tous les hommes, plus d'utilité à la guerre, le bonheur dans le pré, etc...
En fait, c'est l'hypothèse mondialiste: que pour en finir avec tous les problèmes de l'humanité, il suffit de faire en sorte qu'elle ne soit qu'une, n'ait plus qu'une seule culture, une seule nation, un seul pays ( "mon pays c'est la terre", etc. ), une seule morale.
Avec ses petites contradictions: pour bien considérer l'autre on prône l'intérêt de la "diversité", mais en même temps on prône le mélange (métissage racial et culturel ) qui abouti, c'est un fait indiscutable, à l'uniformisation. (et donc la mort de la diversité. ). Lévi-Strauss l'avait bien vu, c'est ce qui explique son revirement idéologique. (de "vive le dialogue des cultures, le mélange, c'est de là que vient le progrès" dans les 50s, à "il faut laisser aux peuples un droit de s'isoler du monde, d'être presque sourd aux autres cultures". ). En prime, en lieu et place d'une "nouvelle culture faite d'apports divers qui l'enrichissent", on a souvent les plus fortes qui génocident les plus faibles. Et incorporant 2-3 trucs.
Mais au total on perd toujours de la culture, des pratiques, des modes de vie. C'est la troisième loi de la thermodynamique à l'œuvre: La mise en contact de deux trucs différents ne peut provoquer que l'uniformisation vers autre chose et la perte d'information. (ou, au mieux, non-réaction et statut quo. ça correspond évidemment pas aux cultures...)
Moi je suis beaucoup moins optimiste. D'abord par ce que j'aime vraiment la diversité par opposition à l'uniformisation: c'est un peu de liberté face à un monde, au fond, culturellement totalitaire. C'est de l'information aussi, sur l'homme, qu'on perd. C'est des possibilités évolutives (au sens culturel) qu'on supprime de la planète. Ensuite, par ce que je suis très sceptique sur la possibilité même de l'avènement de cette culture mondiale (oui, bon, j'associe un peu vite morale, culture, et ton inconscient collectif. ) : je crois plus aux conflits qu'à la paix universelle. Tout simplement par ce que les gens ont des visions du monde et des intérêts différents. Donc même si elle se réalise, ça va se faire avec son lot de violences, d'affrontements. Quand on regarde bien (pour simplifier beaucoup, début de la mondialisation actuelle = Christophe Colomb, mais y'a des exemples plus anciens, évidemment ), ça se passe toujours dans le sang et jamais dans la paix, les fusions culturelles...
Enfin, dernier point plus philosophique, je ne suis pas opposé à l'idée de
conflit, d'opposition: je pense même que, dans une certaine mesure, c'est sain et naturel. C'est mieux si ça ne se finit pas en opposition meurtrière, bien sûr. (je ne défends l'existence de peuples, cultures et système idéologiques différents juste pour qu'ils se tapent un max sur la gueule... ). Mais je pense que d'une part c'est intrinsèque à l'homme – et donc vouloir la supprimer, ça va amener à un échec total ou des effets secondaires très pervers... –, d'autre part que c'est utile et fertile: en science, dans le domaine des idées, des la culture, des techniques, l'opposition et la contradiction sont créatrices: ce sont elles qui permettent de tester différentes choses, de remettre en question, de chercher nouveau car on est pas d'accord avec l'ancien, que les meilleurs solutions émergent, etc. Je pense que l'opposition, le conflit, est au moins aussi créateur que la fameuse "collaboration" tant prônée.
Enfin bref j'ai un peu dérivé. Donc mon idée, c'est que c'est intrinsèque à l'homme mais pas à l'humanité: ça se forme dans et par les structures organisées.