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(pour continuer cette discussion pÂssionnante commencée dans les meilleures niouzes)
Je vois le monde de manière très duale, la lutte du bien contre le mal, de Dieu contre Satan.

Comme le dit prehisto, c'est une vision manichéenne, mais surtout très simpliste, et part du postulat erroné que la Terre entière a partout les mêmes valeurs et les mêmes notions de Bien et de Mal. Que se passe-t-il dans le cas où quelque chose est répréhensible dans une région du globe, mais qu'elle est tolérée, voire encouragée dans une autre ?
Et pour trancher, il faut nécessairement la connaissance de la vérité. Tu vas quand même pas me dire qu'en matière scientifique, c'est inaccessible ?

Non, la science n'a pas pour vocation de décréter la vérité. La science essaie de comprendre le monde qui nous entoure et d'expliquer les mécanismes naturels ou artificiels qui découlent de certaines observations.
Par ailleurs, la Vérité Absolue est un concept largement illusoire dans la mesure où tu l'emploies en même temps en tant que cause et conclusion. Il n'existe pas de conclusion universelle et incontestable qui serait "la Vérité", et on se sert pas de "la Vérité" pour conclure ce qui nous arrange.

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La science a pour but de comprendre le "comment", pas le "pourquoi". Comme l'a bien dit Descartes, s'il y une finalité dans le monde, c'est Dieu qui l'a faite, et être infini qu'il est, nous ne pouvons pas la comprendre.

Pour moi de manière la plus basique, élémentaire, naturelle, il y a dans la nature un bien et un mal. Pour moi le bien c'est toutes les attitudes et comportements qui permettent la survie de l'individu, la prolongation de sa vie. Le mal, c'est toutes les atteintes et empêchements qui entravent la vie, qui risquent d'amener la mort.

Après bien et mal est défini selon les religions, societés, moeurs, mais pour moi on retrouve ce trait, que le plus important est la survie, partout.
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Pour moi le bien c'est toutes les attitudes et comportements qui permettent la survie de l'individu, la prolongation de sa vie. Le mal, c'est toutes les atteintes et empêchements qui entravent la vie, qui risquent d'amener la mort.

si la survie d'un individu depend de la mort d'un autre, la mort du 2eme est bonne ou bien mauvaise suivant ton raisonnement ? trifus ca s'additionne? 1 + -1 = 0 -> ni bien ni mal? grin (et puis pour survivre, des individus doivent en tuer d'autres pour les manger, je vois pas en quoi c'est mal... a moins que dans ta definition "individus" ne designe que les individus de l'espece humaine ?)
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HURRRR !

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C'est pas universel, mais personnel. Si JE survis, c'est bien. Si non c'est mal. Le raisonnement inverse s'applique pour celui dont seul la mort permet ma survie.
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C'est quand même un peu plus complexe ...
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Et la seconde guerre mondiale, c'était un bien, ou un mal, en fait ? (désolé, jerfrépu)
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On joue à ce jeu? trivil

Je parlais au niveau individuel. Après dès qu'on s'organise en societés ça marche plus comme ça.
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Bah je suis persuadé que l'individu suit des schémas bien plus complexes que ce qu'on pourrait penser, bien que ça soit de façon inconsciente. En particulier, je pense qu'il peut être amené à prendre des décisions ou à faire des choix de vie inconscients qui font partie de l'auto-régulation de société (basiquement : homosexualité, stérilité/fertilité ; mais je suis prêt à croire que d'autres décisions inconscientes plus subtiles sont en fait le fruit d'une auto-régulation de masse, de la même façon que certaines espèces peuvent changer de sexe en fonction des besoins vitaux - mais, bien sûr, dans un cadre structurellement plus complexe, surtout pour nous qui n'avons aucun recul sur nos agissements).
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very (./10102) :
Prehisto (./10097) :
Bof. "Primitif", "naturel", pour moi tout ce qui est issu de la pensée n'est pas naturel. Par conséquent, la morale ne peut pas l'être. Primitif ... pas sûr, il me semble que le constat de Lévi-Strauss sur les sociétés primitives est que leur seul point commun est le rejet de l'inceste (ce qui est assez restreint comme vision du "mal").


Les anthropologues, ethnologues, sociologues te montreront surtout que *tout* groupe possède une "morale" interne. Plus ou moins construite intellectuellement. Qui répond globalement à des besoins sensiblement identiques (naturels) à un stade de développement technique semblable. Mais elles peuvent biensur avoir des différences notables (même à dev. technique égal): l'homme peut trouver différentes solutions aux même problème, plus ou moins adapté à son environnement..
Y'a quand même certains problèmes qui trouvent une solution évidente, et donc souvent partagé par toutes les morales (genre: "sauf exception légale (justice,sacrifice divin, ..) tu ne tueras pas, violeras pas la femme de ton voisin, ne voleras pas, etc. " )
D'autres problèmes (famille, couple, rapport au religieux, à l'individu, appartenance, structure de la famille, ..) ont trouvé des solutions très différentes...

C. LS, avec son structuralisme, montre justement l'incroyable unité "de fond" ( au sens: c'est la même chose à une permutation près, ça répond aux mêmes besoin, rempli le même rôle. Pour toile de fond: mêmes besoins et même cerveau => choses semblables... ) de bien des aspects culturels (notamment les mythes, supports de la morale ) de groupes très différents...

Mais le plus convainquant, c'est le raisonnement par l'absurde: vu que l'homme est un animal social incapable de vivre seul, il *doit* vivre en groupe. Et le groupe sans aucune morale commune, ça donne qqch d'intenable. Les plus forts prennent le pouvoir. Les règles vont se créer de fait. Mais sans morale (l'acceptation et l'intériorisation de règles sociales définies ), les plus faibles se révoltent, agissent contre l'intérêt du groupe, se barrent ailleurs, contestent à la première occasion, ça risque d'imploser... ton groupe est sous-performant... Alors que si t'as une morale et un groupe un minimum soudé, ton groupe va être 10 fois plus fort, par ce que tu peux faire confiance à l'autre, croire en l'autre, par ce que ça ne va pas passer son temps à s'entre-tuer, ...

Pour faire plus dans la psycologisant, j'ai l'impression qu'au fond la morale vient de la compassion: pas le fait de voir du Bien dans l'autre, mais le fait de se reconnaitre dans l'autre (notion de semblable... ça donne vite le groupe) et donc quand il souffre on se rappelle nous souffrant, etc..
Les enfants offrent un bel exemple: jeune, ils sont totalement amoraux, peuvent tuer un animal ou un camarade sans même s'inquiéter, persécuter les copains, etc. A 20 ans ils sont bien plus éduqués: ils ont soufferts eux-même, mais se rendent compte surtout que l'autre ressent la même chose que toi, que c'est un semblable...

Bon après y'a différents "niveaux" de la morale, et bien sur ça a une nature très mémétique, ça bouge avec les idées, ça peut se construire intellectuellement, etc. Mais ça repose, au fond, sur un impératif presque biologique, sur la nécessité du bon fonctionnement du groupe composé de gens intelligents et a priori autonomes..
Quand Houellebecq prévoit un futur où chaque homme est absolument isolé alors que précédemment il annonçait le mort de de tout rapport social, ça peut se lire comme ça: l'individu qui par le progrès technique a enfin réussi à se débarrasser de cette contrainte du vivre-ensemble.

Tu illustres bien ce que je disais : la morale n'a rien de naturel, c'est une création humaine (cf. ton exemple des enfants, qui, jeunes, et donc dépourvus de toute éducation, règles et autres contraintes morales, sont totalement amoraux, capables de faire le bien comme le mal sans s'en rendre compte).
L'impératif reste presque biologique, ça reste fondé sur la notion de société (et de sa création par l'homme), aussi primitive soit elle.

Pour en revenir au débat de départ (la morale est-elle issue du sens commun ?) je maintiens ma réponse "non", d'autant plus que les règles morales peuvent varier d'une communauté à une autre.
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Mind the gap ?

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Rusty Frozbite (./4) :
C'est pas universel, mais personnel. Si JE survis, c'est bien. Si non c'est mal. Le raisonnement inverse s'applique pour celui dont seul la mort permet ma survie.


Bon, je passe sur le coté super égoïste, et sur l'incompatibilité avec la morale (donc el bine et le mal) de la société, pour aller directement à un exemple: tu ne trouverai pas ça bien, au fond, de donner ta vie pour sauver celle, je sais pas, de ta fille ou de la femme que t'aimes ?

La survie personnelle comme but unique et ultime (et donc suffisant à définir le Bien), je pense que c'est un non-sens absolu: on est déjà condamné d'avance. Ce qui compte c'est pas de vivre 50, 70 ou 90 ans, mais ce que tu vas vivre, ce que tu va laisser au monde, ce que t'en auras retiré... ( et si Dieu va être content de toi si t'es croyant... ). Si toutes tes actions, toute ta philosophie, ont pour but de maximiser ton espérance de vie, c'est déjà très très hasardeux vue la nature de la vie (un accident c'est si vite arrivé. La santé ça se perd aussi, même sans fumer. Tous les philosophes te diront comme la sanitarisme fanatique comme seul but est une bêtise pure... Se baser sur un truc pas du tout maitrisable... ), mais en plus, au fond, ça change quoi de vivre 60 ou 90 ans ? C'est ce qui est dedans qui est intéressant.


Les filles ont déjà du te le dire: y'a pas que la taille qui compte. A partir d'une taille respectable, c'est même absolument secondaire.
Nil (./8) :
l'auto-régulation de société


ça te vient d'où, au fond, cette idée ? (la régulation, les cycles, etc... ). Y'a souvent une régulation de fait dans les processus évolutif, c'est du à la concurrence et aux interactions. Mais rien ne la garantie, ni pour tout le système (il peut parfaitement s'effondrer "de sa faute"), et encore moins pour une espèce particulière. Et encore moins pour la plus folle...


./9 > hum en fait je dois pas entendre la même chose que toi par "naturel". Je ne voulais pas dire "purement biologique" (opposition nature/culture, biologie/pensée, inhumain/humain, etc. ), mais, heu, qui doit nécessairement arriver vu les conditions matériels/biologiques (la condition humaine... )... Au même titre que je qualifierais le processus d'œdipe de naturel ( "dans l'ordre des choses", heu... ), ou que c'est naturel d'avoir faim (bien que les goûts sont différents et conditionnés par la culture, donc le cerveau.. )

Fin pour moi l'homme est un truc comme un autre qui fait partie de la nature, on dit d'un animal que c'est "naturel" qu'il ait tel comportement quand ça arrive tout le temps et que c'est manifestement un résultat presque automatique de sa génétique (+ milieu de vie, etc.), de son essence au sens philosophique. C'est ce que je voulais dire par naturel, que ça arrive forcément, obligatoirement, que ça émerge d'une façon ou d'une autre. Après certes ça passe par le cerveau, c'est pas unique, ça peut être construit, modifié, ...

PS: sinon j'ai failli louper le topic. Heureusement que je m'emmerdais que que yn24 est là tongue
PS2: je suis assez fier de mon numéro de post cité en ./9 . Quand même la classe.
«Les gens exigent la liberté d’expression pour compenser la liberté de pensée qu’ils préfèrent éviter.» - Sören Kierkegaard

La République, c’est comme la syphilis : quand on l’a attrapée, soit on se fait sauter le caisson, soit on essaie de vivre avec.

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very (./10) :
Nil (./8) :
l'auto-régulation de société
ça te vient d'où, au fond, cette idée ? (la régulation, les cycles, etc... ). Y'a souvent une régulation de fait dans les processus évolutif, c'est du à la concurrence et aux interactions. Mais rien ne la garantie, ni pour tout le système (il peut parfaitement s'effondrer "de sa faute"), et encore moins pour une espèce particulière. Et encore moins pour la plus folle...

Ca vient du fait que je pense intimement que l'homme seul, sans inconscient social fort, n'aurait jamais pu arriver à son niveau de vie. Pour arriver à un tel point, je suis persuadé qu'il y a un besoin d'un équilibre des forces qui ne peut pas naître uniquement de la conscience individuelle. Et (je n'avais pas fait le rapprochement), je pense que tu as tout à fait raison de le rapprocher de mes idées de cycles ; en fait, ça ne fait que renforcer mon intime conviction sur ce sujet : ce que je présente comme des cycles serait le coeur de l'évolution de l'homme. Les cycles, plutôt qu'un équilibre uniforme et statique, permettent d'avancer dans des directions opposées, tout en conservant un équilibre certain (qui serait le fait de cet inconscient collectif). Et fait, si tu prends du recul sur l'image que j'ai, ça représente exactement un bipède qui marcherait légèrement en canard : il fait un mouvement cyclique, qui est le passage successif de deux points de déséquilibre allant dans deux directions différentes mais qui, au final, continue d'avancer.

Bon, après c'est exclusivement de l'intime conviction, je suis bien conscient que je n'ai pas de preuves solide à apporter à mon idée, d'autant plus que je ne pense pas que nous puissions être assez forts pour faire une auto analyse de nos comportements humains à grande échelle.
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Nan mais c'est assez rigolo et original. ( le rapport entre les deux, c'est évidemment l'idée d'équilibre, de stabilité –même si ça bouge un peu–, d'inconscient, de main invisible. Et une régulation inconscience, ça fait souvent des petites cycles autour du point d'équilibre... )


En fait j'ai l'impression que c'est pas très loin de ta foi ce genre de convictions. Tu ne crois pas beaucoup en l'homme (tel qu'il semble être, fou et vide de sens) alors que t'en a besoin, donc tu va chercher un être invisible ou une main invisible, une nature essentialiste et régulée...
ça me fait quand même un peu penser aux visions statiques du Ciel, domaine de Dieu qui ne change pas, etc..
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La République, c’est comme la syphilis : quand on l’a attrapée, soit on se fait sauter le caisson, soit on essaie de vivre avec.

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very (./12) :
En fait j'ai l'impression que c'est pas très loin de ta foi ce genre de convictions. Tu ne crois pas beaucoup en l'homme (tel qu'il semble être, fou et vide de sens) alors que t'en a besoin, donc tu va chercher un être invisible ou une main invisible, une nature essentialiste et régulée...


Sauf que je ne pense pas que ça ait quelque chose à voir avec le divin, en fait (disons que je dissocie résolument ce qui est humain de ce qui est divin). Et je ne pense pas que ça vienne d'un être ou d'une main invisible, mais bien de réactions individuelles (parfois d'apparence folles et vides de sens) qui s'intègrent à un équilibre de l'humanité.
Disons que je trouve plus que fantastique que l'homme, malgré son égoïsme, arrive à vivre en société (l'inverse est aussi vrai : je trouve fantastique que l'homme, malgré sa nécessité de cadre social, soit si égoïste), alors que les "sociétés" animales complexes sont généralement soit égoïstes (ou tribu-centrées) soit membre impersonnel d'une conscience exclusivement collective. Je pense que l'homme est entre les deux, qu'il est régi par des impératifs personnels mais qu'il répond aussi de façon plus ou moins inconsciente à des impératifs régis par un inconscient collectif.
Après, c'est une hypothèse essentiellement philosophique, hein ; mais c'est une explication que je trouve valable quand on regarde avec le recul les équilibres humains. Après, je ne sais pas encore si je dois croire en des inconscients collectifs associés à des structures organisées (pouvant se recouper) et qui vont petit à petit converger en un inconscient humain global (thèse que je pense plus plausible) ou si je dois croire en un inconscient intrinsèquement humain, né avec l'humanité, et qui lierait les humains entre eux depuis leur origine. C'est une théorie assez alléchante par certains abords (universalité, etc.), mais que je ne pense pas plausible (mais bon, pourquoi pas, au final).
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( la "main invisible" est évidement un référence à certains critiques du libéralisme économique. Pour les libéraux, cette "régulation" (équilibre offre/demande, optimum (local) de dev. économique, ..) vient évidemment des comportements personnels ajoutés. Voilà pour la petite métaphore. )

Nil (./13) :
Je pense que l'homme est entre les deux, qu'il est régi par des impératifs personnels mais qu'il répond aussi de façon plus ou moins inconsciente à des impératifs régis par un inconscient collectif.


Je suis assez d'accord, dans mes réflexions sur la morale (cf citation de Prehisto ) , je dis à peu près ça. Que c'est la "morale" (en un sens assez large ) qui permet cette "magie", un comportement collectif efficace alors qu'a priori l'homme est intelligent et égoïste. Par contre, je vois pas tellement d'inconscient nécessaire.

Le choix du groupe, et les sacrifices personnels qui lui sont liés, apparait en fait comme un choix purement rationnel. Pour la préservation de l'individu en moyenne, mais encore plus d'un point de vu gène-centré et mème-centré. Évidemment ce qui permet le vivre-ensemble (morale collective, croyances collectives, mythes fondateurs, opposition à l'extérieur, intériorisation que l'intérêt de ton groupe est supérieur au tiens, etc... ) est bien plus compliqué, ne relève pas d'un choix rationnel de chacun des sujets, mais d'une immersion, presque d'un conditionnement culturel.
En replaçant ça dans un processus d'évolution (des groupes humains, de leur culture, etc. ), on a une explication très simple: le groupe soudé est en général infiniment plus efficace qu'une somme d'individus non-soudés et auto-centrés. Donc: seuls survivent et se multiplient les groupes, comportement et cultures qui on su crée cette magie.

Après, pour comprendre que ça soit possible, malgré la nature de l'homme, ehh bien... d'une façon ou d'une autre cette capacité est *aussi* dans la nature de l'homme – il a toujours vécu en groupe. Toi tu la vois dans une sorte d'instinct inconscient... moi je verrais plus ça dans le processus même de la formation du cerveau, de la pré-programmation culturelle, du mimétisme social et éducatif inné, qui au fond est juste l'instinct de survie appliqué au monde social: quand tu né dans un groupe, la meilleur manière (du moins, une efficace et simple ) de maximiser tes chances, c'est d'adopter les valeurs du groupe, son mode de vie, sa morale, ses obligations.
De mon point de vue, c'est intimement lié à la structure dans laquelle tu vis, où tu née, etc. ( c'est pour ça que je parle si souvent du groupe, que je distingue souvent la morale et le comportement à l'intérieur du groupe de ceux à l'extérieur ) Donc je choisirai le premier choix, "structures organisées".

T'essaies d'être optimiste en proposant que ça va converger vers un inconscient humain, c'est à dire que la structure organisé première, ce sera la monde, la société de tous les hommes, etc. Et donc plus vraiment de conflits culturels, et donc une morale qui inclut tous les hommes, plus d'utilité à la guerre, le bonheur dans le pré, etc...
En fait, c'est l'hypothèse mondialiste: que pour en finir avec tous les problèmes de l'humanité, il suffit de faire en sorte qu'elle ne soit qu'une, n'ait plus qu'une seule culture, une seule nation, un seul pays ( "mon pays c'est la terre", etc. ), une seule morale.
Avec ses petites contradictions: pour bien considérer l'autre on prône l'intérêt de la "diversité", mais en même temps on prône le mélange (métissage racial et culturel ) qui abouti, c'est un fait indiscutable, à l'uniformisation. (et donc la mort de la diversité. ). Lévi-Strauss l'avait bien vu, c'est ce qui explique son revirement idéologique. (de "vive le dialogue des cultures, le mélange, c'est de là que vient le progrès" dans les 50s, à "il faut laisser aux peuples un droit de s'isoler du monde, d'être presque sourd aux autres cultures". ). En prime, en lieu et place d'une "nouvelle culture faite d'apports divers qui l'enrichissent", on a souvent les plus fortes qui génocident les plus faibles. Et incorporant 2-3 trucs.
Mais au total on perd toujours de la culture, des pratiques, des modes de vie. C'est la troisième loi de la thermodynamique à l'œuvre: La mise en contact de deux trucs différents ne peut provoquer que l'uniformisation vers autre chose et la perte d'information. (ou, au mieux, non-réaction et statut quo. ça correspond évidemment pas aux cultures...)

Moi je suis beaucoup moins optimiste. D'abord par ce que j'aime vraiment la diversité par opposition à l'uniformisation: c'est un peu de liberté face à un monde, au fond, culturellement totalitaire. C'est de l'information aussi, sur l'homme, qu'on perd. C'est des possibilités évolutives (au sens culturel) qu'on supprime de la planète. Ensuite, par ce que je suis très sceptique sur la possibilité même de l'avènement de cette culture mondiale (oui, bon, j'associe un peu vite morale, culture, et ton inconscient collectif. ) : je crois plus aux conflits qu'à la paix universelle. Tout simplement par ce que les gens ont des visions du monde et des intérêts différents. Donc même si elle se réalise, ça va se faire avec son lot de violences, d'affrontements. Quand on regarde bien (pour simplifier beaucoup, début de la mondialisation actuelle = Christophe Colomb, mais y'a des exemples plus anciens, évidemment ), ça se passe toujours dans le sang et jamais dans la paix, les fusions culturelles...
Enfin, dernier point plus philosophique, je ne suis pas opposé à l'idée de conflit, d'opposition: je pense même que, dans une certaine mesure, c'est sain et naturel. C'est mieux si ça ne se finit pas en opposition meurtrière, bien sûr. (je ne défends l'existence de peuples, cultures et système idéologiques différents juste pour qu'ils se tapent un max sur la gueule... ). Mais je pense que d'une part c'est intrinsèque à l'homme – et donc vouloir la supprimer, ça va amener à un échec total ou des effets secondaires très pervers... –, d'autre part que c'est utile et fertile: en science, dans le domaine des idées, des la culture, des techniques, l'opposition et la contradiction sont créatrices: ce sont elles qui permettent de tester différentes choses, de remettre en question, de chercher nouveau car on est pas d'accord avec l'ancien, que les meilleurs solutions émergent, etc. Je pense que l'opposition, le conflit, est au moins aussi créateur que la fameuse "collaboration" tant prônée.

Enfin bref j'ai un peu dérivé. Donc mon idée, c'est que c'est intrinsèque à l'homme mais pas à l'humanité: ça se forme dans et par les structures organisées.
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very (./10) :
./9 > hum en fait je dois pas entendre la même chose que toi par "naturel". Je ne voulais pas dire "purement biologique" (opposition nature/culture, biologie/pensée, inhumain/humain, etc. ), mais, heu, qui doit nécessairement arriver vu les conditions matériels/biologiques (la condition humaine... )... Au même titre que je qualifierais le processus d'Å“dipe de naturel ( "dans l'ordre des choses", heu... ), ou que c'est naturel d'avoir faim (bien que les goûts sont différents et conditionnés par la culture, donc le cerveau.. )

Fin pour moi l'homme est un truc comme un autre qui fait partie de la nature, on dit d'un animal que c'est "naturel" qu'il ait tel comportement quand ça arrive tout le temps et que c'est manifestement un résultat presque automatique de sa génétique (+ milieu de vie, etc.), de son essence au sens philosophique. C'est ce que je voulais dire par naturel, que ça arrive forcément, obligatoirement, que ça émerge d'une façon ou d'une autre. Après certes ça passe par le cerveau, c'est pas unique, ça peut être construit, modifié, ...

PS: sinon j'ai failli louper le topic. Heureusement que je m'emmerdais que que yn24 est là  tongue.gif 
PS2: je suis assez fier de mon numéro de post cité en ./9 . Quand même la classe.

Ouais en fait moi j'oppose directement "naturel" (ce qui n'a pas été, dans le monde qui nous entoure, altéré par l'être humain) à "artificiel". Selon moi, la morale est artificielle, en ce sens qu'elle est création humaine, tout comme la mathématique, la psychologie, etc...
En ce qui concerne le second paragraphe ... tu penses sérieusement que la morale soit quelque chose de génétique ?! Personnellement je pense que c'est complètement culturel et que ça dépend de la société dans laquelle on vit. De ce fait, s'il n'y a pas de société, il n'y a pas de morale.
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Mind the gap ?

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Prehisto (./15) :
En ce qui concerne le second paragraphe ... tu penses sérieusement que la morale soit quelque chose de génétique ?!


Dans le sens déductif (induit, "résultat presque automatique"), oui. La génétique de l'homme fabrique un être autonome, intelligent, égoïste, mais qui doit vivre en groupe, donc qui a besoin de morale pour concilier les deux. La génétique préconfigure le cerveau humain pour qu'il adopte des comportement sociaux, de l'apprentissage culturel, du mimétisme social, et, c'est ma thèse, entre-autre, a priori, une morale.

Mais bon, comme on pourrait dire que que la mémétique est une conséquence de la génétique, etc. Y'a une couche d'abstraction en plus, et c'est plus facile de se baser que sur la dernière pour manier certains concepts, mais in fine elle repose toujours sur la couche d'en dessous, sur la génétique, via le cerveau humain..
ça n'implique pas du tout l'unicité de la morale ou l'absence de "création humaine": la génétique préfigure le cerveau humain et son fonctionnement global pour que ça soit possible, c'est tout..
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very (./14) :
T'essaies d'être optimiste en proposant que ça va converger vers un inconscient humain, c'est à dire que la structure organisé première, ce sera la monde, la société de tous les hommes, etc. Et donc plus vraiment de conflits culturels, et donc une morale qui inclut tous les hommes, plus d'utilité à la guerre, le bonheur dans le pré, etc...

Ah non, pas du tout, et c'est ce que j'avais indiqué précédemment avec ma métaphore du mouvement de marche. Mon "idéal" (enfin, plutôt l'aboutissement de ma vision) est que l'équilibre ne se fait plus au sein de groupes plus ou moins grands définis par leurs habitudes sociales, mais au sein de l'ensemble monde. Et que les forces s'exerçant dans ce cadre là jouent à un autre niveau (mais il y aura toujours des déséquilibres, sauf qu'ils seront d'une autre dimension... en fait, on est probablement déjà quasiment dans un tel état depuis la fin de la 1ere guerre mondiale et la construction de l'entre deux guerres, sauf qu'on n'a pas encore inclus dans cette dynamique l'Afrique, et que l'Asie arrive tout juste).
Je pense au contraire qu'il y aura des conflits éthiques, cultures et militaires, mais d'une autre dimension, avec d'autres enjeux et d'autres équilibres ; l'objectif n'étant pas la recherche d'un équilibre local mais mondial. Ce qui ne veut pas dire que la position d'équilibre statique soit à désirer. Mais qu'il y aura des forces qui tendront à (au travers de ma notion de cycles) vouloir y accéder, en tirant la couette plus d'un côté ou de l'autre.
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very (./16) :
ça n'implique pas du tout l'unicité de la morale ou l'absence de "création humaine": la génétique préfigure le cerveau humain et son fonctionnement global pour que ça soit possible, c'est tout..

Oué, en fait tu es aussi partisan de l'inconscient collectif, sauf que tu penses qu'il est de l'ordre de la programmation, alors que je le mets dans une autre dimension (je ne sais pas où on peut placer l'inconscient grin (cc))
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Nil (./17) :
very (./14) :
T'essaies d'être optimiste en proposant que ça va converger vers un inconscient humain, c'est à dire que la structure organisé première, ce sera la monde, la société de tous les hommes, etc. Et donc plus vraiment de conflits culturels, et donc une morale qui inclut tous les hommes, plus d'utilité à la guerre, le bonheur dans le pré, etc...
Ah non, pas du tout, et c'est ce que j'avais indiqué précédemment avec ma métaphore du mouvement de marche. Mon "idéal" (enfin, plutôt l'aboutissement de ma vision) est que l'équilibre ne se fait plus au sein de groupes plus ou moins grands définis par leurs habitudes sociales, mais au sein de l'ensemble monde.


Bha c'est un peu ce que je disais... Sauf que bon t'as pas la vision bisounours mais un truc bizarre entre les deux.. y'a un équilibre mondial qui est le résultat du jeu de chacun de ses acteurs, mais bon après le fait de vouloir ton "inconscient collectif" au niveau du monde, ça revient au fait d'avoir une certaine structure/morale/culture commune (si je prends ta première hypothèse), non ?
Nil (./18) :
Oué, en fait tu es aussi partisan de l'inconscient collectif, sauf que tu penses qu'il est de l'ordre de la programmation, alors que je le mets dans une autre dimension (je ne sais pas où on peut placer l'inconscient biggrin.gif (cc))


Bha non, je suis simplement partisan de l'existence de processus cognitifs qui permettent à l'homme d'être ce qu'il est... c'est pas très révolutionnaire, c'est pas forcément "inconscient" non plus, et ça ne vise pas vraiment d'harmonie ou d'équilibre. ça permet juste à l'individu de se sociabiliser...
Par contre je suis un peu parti sur le coté morale/culture/vive-ensemble (puisque ça serait un des objectifs de ton inconscient commun...) mais le coté "inconscient commun qui régule l'humanité, la démographie, l'exploitation des ressources, etc" j'y crois pas du tout.

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very (./19) :
y'a un équilibre mondial qui est le résultat du jeu de chacun de ses acteurs, mais bon après le fait de vouloir ton "inconscient collectif" au niveau du monde, ça revient au fait d'avoir une certaine structure/morale/culture commune (si je prends ta première hypothèse), non ?

Oui et non, disons que je pense que ça va plus loin que ça, que pour la survie de l'espèce, dans des situations particulières, certaines personnes peuvent prendre de façon inconsciente un rôle déterminant.

Par exemple, est-ce que Hitler était positivement détraqué, ou est-ce qu'il a eu un rôle déterminant au niveau de l'équilibre mondial ? (Bon, c'est un exemple vraiment exagéré, très Godwin, mais j'assume grin)
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On peut aussi se demander si toute l'historiographie qui a été mise en place autour du nazisme est positivement détraquée, ou si elle a eu un rôle déterminant dans l'équilibre mondial.
Les droits inaliénables du troll :
1) le droit d'avoir raison
2) le droit d'être péremptoire
3) le droit de ne pas lire
4) le droit de ne pas répondre
5) le droit d'être de mauvaise foi
6) Autant pour moi / Faignant / Vivent Tintin et Milou

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(Je n'étais pas certain qu'un Godwin te suffise comme ouverture, mais je suis enchanté de voir que ça a fait l'affaire grin)
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Il fallait bien sauter le pas à un moment cheeky
Les droits inaliénables du troll :
1) le droit d'avoir raison
2) le droit d'être péremptoire
3) le droit de ne pas lire
4) le droit de ne pas répondre
5) le droit d'être de mauvaise foi
6) Autant pour moi / Faignant / Vivent Tintin et Milou

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./10 Ben oui, le vivant est égoïste, il cherche par dessus tout à...rester vivant cheeky
Après si ça s'applique de manière aussi entière chez l'Homme, je pense pas, après tout nous sommes des animaux pensants, le psyche influence le soma, et nous faire prendre des décisions, attitudes, qui soient en contradiction avec notre désir inné de rester en vie.

Après ton blabla sur l'incompatibilité avec la morale, c'est normal, vu que la morale est un ensemble de règles de bienséance et de vie en societé cheeky Et pis ce qui est vu comme bien ou mal varie beaucoup d'une societé à une autre.

Et oui, même si l'on doit forcément mourir, je pense que simplement vivre est un de nos buts ultimes. Unique non, mais ultime oui.
Après c'est sûr la qualité de vie est importante, mais ce qu'on va laisser au monde ?

Et je parlais pas du fait de vouloir rester en vie comme une philosophie, simplement comme d'un besoin, un impératif biologique auquel tous les êtres vivants sont soumis.

"ça change quoi de vivre 60 ou 90 ans ?" : 30 ans, c'est rien cheeky
Après c'est clair je préfère vivre 60 en forme que jusqu'à 90 ans en ayant pasé les 30 dernières années dans un état lamentable.


(Et j'ai pas eu le droit à des commentaires sur la taille de mon pénis, c'est très bien comme ça...tu dis ça en conaissance de cause ? trifus)
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Zut je suis reperé, vite ! L1+R1+L2+R2 !
Des ennemis ! ACTIVATING COMBAT MODE - MODULATING PHASE - POWER SURGE ! - CONFLICT RESOLVED
La longue liste des clichés de l'animé et du manga !
RAW ! RAW ! FIGHT THE POWER !

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Oui, elles me disent souvent que ce n'est pas sa taille extraordinaire qu'elles apprécient tant ( je m'en méfie, par ce que sinon je ne sais pas si elle s'attachent pour moi ou juste pour ça... ), mais son utilisation hors-du-commun.
«Les gens exigent la liberté d’expression pour compenser la liberté de pensée qu’ils préfèrent éviter.» - Sören Kierkegaard

La République, c’est comme la syphilis : quand on l’a attrapée, soit on se fait sauter le caisson, soit on essaie de vivre avec.

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(Sinon, c'est un objectif évident, mais ni le seul, ni le plus puissant. Et puis surtout ce qui me gène c'est de définir le bien, une notion morale et philosophique, là-dessus, un objectif biologique de base... )
«Les gens exigent la liberté d’expression pour compenser la liberté de pensée qu’ils préfèrent éviter.» - Sören Kierkegaard

La République, c’est comme la syphilis : quand on l’a attrapée, soit on se fait sauter le caisson, soit on essaie de vivre avec.

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very (./26) :
(Sinon, c'est un objectif évident, mais ni le seul, ni le plus puissant. Et puis surtout ce qui me gène c'est de définir le bien, une notion morale et philosophique, là-dessus, un objectif biologique de base... )

Ah bah ça, faut en parler à Folco et sa vision discrète du monde... (qui est la raison pour laquelle j'ai fait un fork artisanal cheeky)

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Hippopotame (./21) :
On peut aussi se demander si toute l'historiographie qui a été mise en place autour du nazisme est positivement détraquée, ou si elle a eu un rôle déterminant dans l'équilibre mondial.

Si tu avais joué à Red Alert, tu saurais que son absence n'aurait fait que convertir la guerre froide en guerre ouverte... bon, de là à dire que c'est positif...
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Webmaster du site Ti-FRv3 (et aussi de DevLynx)
Si moins de monde enculait le système, alors celui ci aurait plus de mal à nous sortir de si grosses merdes !
"L'erreur humaine est humaine"©Nil (2006) // topics/6238-moved-jamais-jaurais-pense-faire-ca

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Yoshi Noir (./27) :
Ah bah ça, faut en parler à Folco et sa vision discrète du monde


Faudrait peut-être le caller ?
Sinon lui il fond sa notion de Bien et de Mal sur quelque chose de philosophiquement bien plus sérieux. (que je ne partage pas, mais bon... )
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La République, c’est comme la syphilis : quand on l’a attrapée, soit on se fait sauter le caisson, soit on essaie de vivre avec.

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vince (./28) :
Hippopotame (./21) :
On peut aussi se demander si toute l'historiographie qui a été mise en place autour du nazisme est positivement détraquée, ou si elle a eu un rôle déterminant dans l'équilibre mondial.
Si tu avais joué à Red Alert, tu saurais que son absence n'aurait fait que convertir la guerre froide en guerre ouverte... bon, de là à dire que c'est positif...

Ca, c'est plutôt en réponse à ma remarque... Celle de Hippo n'est qu'un odieux troll sur ce que l'Histoire a choisir de retenir grin
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