Nil (./32) :
Tu confonds deux choses (et c'est *exactement* la même problématique que la recherche) :
- la création (où la grande majorité des compositeurs est loin de gagner les sommes que tu indiques ; la plupart se contentent généralement du "plat de pâtes" règlementaire la semaine avec un peu de fromage le dimanche) - l'interprétation (et même là, les ceux qui ont les moyens de se payer les instruments que tu décris ne sont pas du tout dans la même dynamique que celle d'une culture ouverte - d'ailleurs, ce sont des gens qui font des carrières internationales soutenues par des fondations privées - Fondation Orange pour l'opéra, par exemple ; le meilleur exemple étant quand même Andre Rieux et son Stradivarius).
Non je confonds pas, je sais bien (j'avais d'ailleurs pris une petite précaution en parlant du publique... )... je prends juste les deux ensemble, puisque après tout c'est le même domaine d'activité. En gros là où c'est rentable c'est le règne du fric et de l'argent Roi, et là où ça ne l'est pas faut que l'État paye. Alors que l'un (surtout le second) ne peut pas aller sans l'autre. Le truc "normal" ou "juste" serait que le second finance le premier.. (qu'il y ait une solidarité
dans le métier entre là oû ça ramène et là où ça ne ramène pas )
C'est le coup sncf/rsf que dénonçait Sally...
Même remarque pour les intermittents: c'est dingue de subventionner ça (par l'état, en gros. Que ce soit une caisse d'assurance chômage complètement déficitaire, ça revient à subventionner directement... ) alors que dans le même métier des gens et des entreprises se font des millions. Ils devraient se démerder pour partager entre eux, dans leur métier, et ne rien demander à l'état. (et j'aimerais savoir ce que nos grands artistes millionnaires, qui mettent leur argent à jersay ou monaco mais soutiennent les intermittents et toute lutte citoyenne de gauche, en pensent. )
Pour la recherche: c'est (un peu) vrai aussi, en effet. Mais bon les chercheurs sont généralement des enseignants, de manière plus générale ils produisent quelque chose ( les choses de l'esprit...) qui ont clairement un impact économiquement (et plus...) très important sur la société à moyen-long terme. C'est une activité très rentable. Les entreprises qui à terme en profitent génèrent de la richesse et payent énormément d'impôts.
Alors je sais on peut tenter de tenir le même discours sur la culture, mais je trouve que ça passe pas l'épreuve du réel (excepté les infrastructures, etc.): des chercheurs publics qui ont fait des découvertes importantes qui ont apportées d'importants changements dans la vraie vie, y'en a plein, et c'est même une bonne majorité des chercheurs. L'innovation et le progrès technologique ne se sont jamais aussi bien porté qu'aujourd'hui. ça se voit tous les jours dans la vraie vie. Beaucoup de grandes expériences scientifiques ont étés faites sous la tutelle de l'état.
Dans la culture ? l'art ? la plupart des figures importantes n'étaient pas des artistes abonnés aux subventions. La culture et l'Art ne s'est jamais aussi mal porté. La culture populaire n'a plus grand chose à voir avec là où partent les subventions. Etc.
En fait... je crois que y'a une différence de fond quand même entre Art et Science: le premier a une tendance naturelle à être subversif, à changer, à faire mal, à être contestataire, à. rebondir tout le temps.. il est, du moins dans l'époque moderne, plutôt révolutionnaire, progressiste, bougiste.
La science bouge, mais son principe de fond, c'est le conservatisme: on établit des trucs bon, et on ne le change en l'adaptant que si on est vraiment forcé, presque à contrecœur. Et tout ce qu'on a jusqu'à présent est a priori considéré comme bien et bon et à conserver. Par contre pour accepter un nouveau truc à la place d'un ancien, faut vraiment qu'il fasse ses preuves et que l'ancien soit objectivement beaucoup plus mauvais...
Donc: amha, la science a beaucoup moins de mal à s'accommoder de l'état que l'art. Parce que l'état est conservateur par essence, et la science aussi. L'art, bougiste et subversif par essence, du moins dans sa déclinaison moderne, meurt au contact de cet état conservateur et administratif.
Cependant il faudrait peut-être classer la ( grande/ savante ) musique dans la vielle forme d'art. Je connais pas assez, je me prononce pas...
Sinon arnsy c'était bien ?