J'ai dernièrement fini de lire un livre qui parle de la science du bonheur, et que j'ai beaucoup aimé, il se nomme Happycratie (aux éditions Premier Parallèle).
Je ne sais pas si d'autres personnes ici l'ont lu, ou simplement sympathisent avec les idées contestées par cet ouvrage, à savoir que l'injonction à être heureux dans notre société moderne est quelque chose de vaguement construit sur du flan (ou "idéologique", en bon Français), et qu'on aurait tout autant bien pu choisir des idées telle que la justice ou la diminution des inégalités. Mais que ces idées du bonheur, de l'individualisme dans lequel il est fortement inscrit, a été choisi pour développer le néolibéralisme (si bien que sous de nombreux angles, ce soit une tautologie de démontrer que le bonheur est lié à l'individualisme et à l'homme néolibéral idéal).
Mais aussi des tas de trucs plus intéressants et essentiels, je pense, comme le rôle des émotions négatives, et pourquoi le "développement perso" mène à une obsession égocentrique de l'amélioration de soi, le pourquoi de l'humiliation de ceux qui souffrent ("tu n'as qu'à être plus positif, qu'à développer la résilience, tu es maître et responsable de ton état d'esprit) en valorisant insidieusement le "mérite" de faire les "bons choix", c'est-à-dire les pensées positives, qui par nombre de preuves scientifiquement fallacieuses, seraient indissociablement signe de bonne santé mentale et de réussite dans la vie. La question de la réussite elle-même aussi est importante, car au final ce n'est qu'un moyen de normaliser la population et d'utiliser leur pression interne (de réussir, d'être heureux) pour se mettre au pas, et aussi étouffer dans l'oeuf toute idée dissidente, toute contestation du status quo. Les auteurs déjouent les enjeux économiques derrière ces idées, l'industrie construite de toute pièce des "coaches", et comment on est passé à quelque chose qui "serait nécessaire pour tout-un-chacun" afin de développer la meilleure version de soi-même possible, de vivre sa meilleure vie possible, à coup d'injonctions à se discipliner à outrance, à se censurer, et rentrer dans un moule (en ligne avec ma constatation personnelle, que tous les coaches finissent au final par te guider à faire les exactes mêmes choses, à savoir augmenter ta carrière, démarrer un business, faire du sport, etc. -- il n'y a plus rien et jamais rien eu de personnel dans un coaching qui use pourtant de toutes les astuces psychologiques pour nous convaincre du contraire ; c'est juste un produit comme un autre, dans un marché extrêmement juteux qui alimente la société en petits soldats au service du néolibéralisme et de l'enrichissement des élites sans considération morale). Ou encore le lien entre "l'hyperpositivité" et le désengagement émotionnel (peu d'empathie, peu soucieux et peu solidaire d'autrui).
Bref il y aurait énormément à dire. Comme c'est un livre qui m'a été prêté, je n'ai fait aucune note donc je sors ça un peu pêle-mêle, mais ce qui m'intéresse c'est les gens ici qui partageraient mes idées, et pour les autres d'en débattre