j'ai très bien compris, et c'est idiot... bon déjà sans même rentrer dans le fond de ce qu'il dit, dire "ouh là là, un ensemble discret c'est pour les algébristes et un ensemble continu c'est pour les analystes" c'est pas spécialement profond ou novateur ^^
mais si tu veux rentrer dans les détails déjà les notes qu'on joue sur un violon c'est pas un flou continu style R, c'est évidemment perçu par l'oreille comme une note discrète (quantifiée précisément par rapport à un point de repère, par exemple une tierce majeure (juste) au-dessus du point de repère, une tierce majeure juste + un comma, etc) plus un décalage... bon alors très bien, si on suit son raisonnement on peut se dire que la seule présence d'un décalage continu pour créer un "feeling" particulier réserve le violon à des analystes ; mais si tu regardes qqun qui joue du piano et que tu le compares à, disons, un ordinateur qui joue une partition verbatim, tu vois bien qu'il y a une (grosse) différence : le pianiste s'amuse à jouer certaines notes en avance, d'autres en retard, rallonger certaines notes, raccourcir certaines notes, accentuer certaines notes, adoucir certaines notes, rajouter des nuances globales, et même souvent ajuster le tempo en permanence, etc... tiens, mais ça nous rappelle qqch ça, un temps discret (quantifié par le tempo : croches, double-croches...) plus un décalage continu \o/ et c'est ce décalage qui est important : un pianiste qui jouerait "comme un algébriste" se contenterait d'être un décodeur mécanique de partition, et évidemment ça ferait pas de la musique : ce qui va rendre son interprétation intéressante, c'est toujours ce "feeling" "d'analyste"... alors certes ça fait un axe de feeling de moins qu'au violon, certes ces axes sont bcp moins visibles à l'oeil nu (ce qui est visible c'est les touches discrètes vs. le manche continu), mais c'est essentiellement la même chose : faire passer des émotions à travers des variables continues... (et d'ailleurs je me demande comment il classifierait la guitare, qui est à mi-chemin entre les deux ^^)
par contre il pourrait peut-être trouver des comparaisons plus adaptées : par exemple, dire algébriste <-> compositeur et analyste <-> interprète ; là c'est déjà plus défendable, puisque le compositeur fait passer son message à travers des indications discrètes et l'interprète à travers des signaux continus... mais, sauf dans certaines musiques qui se veulent avant tout théoriques, le processus de composition n'est jamais purement algébrique/symbolique : une musique vivante fait appel à des "mouvements" naturels, et ça ça ne se conçoit pas avec des règles logiques (enfin, pas à ma connaissance), ça se vit avec des hiérarchies continues de notes, de mouvements...
ensuite je trouve que c'est idiot d'un autre point de vue : c'est une intellectualisation du comportement humain qui n'est pas du tout naturelle (sauf pour un chercheur déconnecté de la réalité bien sûr

), quand un pianiste retarde une note plus ou moins longtemps ou qu'il la joue plus ou moins fort, il n'est pas en train d'appliquer le théorème des accroissement finis pour minorer ou majorer la valeur correcte, il est juste en train de connecter tel ensemble de neurones responsable de telle émotion à ses mains... inversement pour un violoniste avec une bonne technique je ne pense pas qu'il pense en terme continus, dans son esprit et/ou ses doigts il y a des frettes comme sur une guitare (sauf qu'il a bcp plus de flexibilité pour moduler la "fausseté" des notes qu'il joue), tout ce qu'il gagne c'est qu'il a plus de bande passante entre ses neurones et ses mains
bref je ne pense pas que les algébristes aient des émotions discrètes alors que les analystes auraient des émotions continues ; sur le plan physique je ne pense pas non plus que les algébristes marchent de façon saccadée alors que les analystes auraient des asservissements continus leur permettant une marche fluide ; je pense que la nuance algébriste/analyste est au mieux liée à une facilité formelle, voire à une tendance psychologique ("beurk c'est tout sale c'est pas exact #control freak#" / "oh my god je suis prisonnier j'ai pas assez de degrés de libertés #claustrophobe#"), au pire au simple hasard... dans tout ça je vois juste la tendance psychologique qui pourrait avoir un certain rapport, mais encore une fois si ça peut jouer un léger rôle au début (le choix de l'instrument se fait sur des a priori, pas sur du vécu) je ne crois pas que ça ait un énorme impact par la suite... et puis même au début il y a sûrement d'autres facteurs largement plus importants (c'est bcp plus facile de jouer un truc facile au piano qu'un truc facile au violon : qqun comme orion qui a besoin de résultats concrets pour se motiver aurait bien plus de chances de faire du piano que du violon -- c'est sûrement un des facteurs psychologiques dominants ; et je ne parle même pas des aléas de la vie liés aux aspects purement pratiques)
bref c'est un stéréotype, et la seule part de vérité qu'il pourrait avoir réside dans son côté auto-réalisateur
