J'attends avec impatience qu'on ait suffisamment de recul sur ce mouvement pour pouvoir les analyser. Quelles sont les raisons qui ont créé ce "besoin" d'étiquettes, de quoi est-ce le signe ou la réaction ? Comment en arriver à légitimer l'exclusion au nom de l'inclusion ? De quoi cette "guerre des genres" est-elle le symptôme ? Est-ce qu'il n'y aurait pas, derrière ces mouvements, la triste justification qu'"on" a besoin de séparer "nous" et "eux", que ce soit sous forme de castes, de classes sociales, de couleur de peau, de sexe, de genre, de parcours individuels ? Quel est le rôle d'Internet dans l'émergence de ces groupes de lobbys ? Est-ce que ce n'est aussi l'héritage des fraternités et sororités (plus ou moins secrètes) outre-atlantique qui se mue de nouvelles façons de créer des groupes d'intérêts autres ? Avec ce que l'on sait de la propagation des modes de fonctionnements Nord-Américains vers le vieux continent ?
Ce qui me pose souci, là-dedans, c'est moins la nécessité de [se] coller des étiquettes (qui peut être un besoin rassurant) ou de vouloir appartenir à un groupe que les impacts que ça a en matière de contrainte de l'expression (individuelle mais aussi de recherche), de rejet, d'exclusion et de rationalité.
Pour être un peu en contact avec cet univers, ça reste (en tout cas en France) assez marginal dans ses expressions les plus extrêmes (il y a un besoin d'identification à un groupe, d'appartenance fort, mais la plupart des personnes LGBTI veulent juste vivre tranquillement. Les personnes qui sont les plus virulentes sont celles qui découvrent le milieu et ses codes et veulent bien faire en devenant jusqu’au-boutistes (un peu comme les personnes qui découvrent tardivement la religion), ou qui ont tellement souffert dans leur passé qu'elles vont utiliser la ségrégation identitaire pour s'isoler de ces groupes qui sont considérés comme leurs ennemis.
Globalement, on est en train de vivre au niveau LGBTI l'explosion qu'il y a eu dans les courants féministes (universaliste, différentialiste, intersectionnel).
(J'utilise l'acronyme LGBTI alors qu'il n'est clairement pas approprié ici ; LGB parle de sexualité, alors que TI [non, ça ne parle pas de calculatrices

] parle de genre)