Une fois tout le monde rassasié, il est temps de larguer les amarres et de mettre cap au large.
Sous trinquette, misaine et grand-voile à 1 ris, nous sortons de la rade au près serré. 25kts de vent à l'anémomètre, mais pour le moment pas de houle car nous sommes derrière la grande jetée.
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Le speedo grimpe de suite à 7kts, et le clapot défile vite le long du liston.
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A la barre, le captain évalue les conditions météo. Ca confirme les choix du départ - on ne touche à rien et on attaque la remontée jusqu'à Goury sous cette config de voiles. Pour le yankee lourd, on verra en arrivant vers Sercq en fonction des conditions de mer.
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En quelques bords la grande rade est derrière nous. Le ciel se découvre, promettant une belle nuit claire avec une superbe pleine lune. Les milles défilent au compteur entre les virements de bord
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La mer de forme de plus en plus, le bateau tape parfois assez fort, mais la vitesse ne faiblit pas.
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Entre chaque manoeuvre, un petit briefing pour trouver les bons réglages de voiles d'un bord sur l'autre. L'équipage est rôdé à la navigation par météo mouvementée et nous prenons tous confiance les uns dans les autres. Notre vice commun reprend le dessus avec la devise 'toujours plus vite', et le convoyage annoncé tranquille se transforme petit à petit en régate chronométrée pour voir si on ne peut pas faire marcher le bateau un petit mieux, un peu plus vite.
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Pendant ce temps là, notre monture bouffe des milles à toute vitesse sans se faire prier, virement après virement.
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Le soleil ne va pas tarder à tirer sa révérence.
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Dernier check-up sur le pont avant la nuit et le passage du Raz, avec une mer très très formée et une belle partie de saute-mouton qui se prépare.
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C'est parti ! A fond dans la noirceur ! Les embruns volent, et une première partie de l'équipage est partie dormir, en nous laissant prendre le premier quart. L'appareil photo restera dans le fond de la poche pour la nuit malgré la lumière de la pleine lune qui nous a évité une navigation à l'aveuglette.
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Nous parons le cap de la Hague aux alentours de minuit, après un dernier bord tribord amures. Le vent virant légèrement nord-ouest, le cap est moins serré et nous taillons la route au bon plein avec l'envoi du yankee qui nous donne 2 noeuds de plus au speedo. Ca glisse à plus de 10kts de moyenne. A un moment je récupère la barre, et puis quelques minutes plus tard je me rends compte qu'il n'y a plus personne sur le pont : je suis seul, à la barre d'un bolide lancé pleine balle dans la nuit et qui tire doucement sur sa barre comme un cheval qui demande à ce qu'on allonge les rênes pour galoper plus librement, tout le monde est parti se reposer à l'intérieur. J'ai le Pen Duick III pour moi tout seul l'espace d'une petite heure ! Merci les copains pour ce cadeau inoubliable !
Le soleil se lève après cette superbe nuit étoilée. C'est toujours une libération de voir apparaitre cette grosse boule rouge et chaude sur l'horizon. Le stress et la légère angoisse qui accompagnent toujours une navigation de nuit s'estompent pendant qu'on se réchauffe le regard avec les premiers rayons.
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Au petit matin le vent est un peu tombé et notre changement de cap nous amène vent de travers, limite sur la hanche tribord. La situation devient plus confortable, et les ris dans la GV et la misaine sont largués pour regagner en vitesse.
Séquence simple : on choque l'écoute pour diminuer les tensions dans la voile, puis on lâche un peu de drisse pour que la voile descende de quelques centimètres, ce qui permet de larguer le croc au point d'amure correspondant au premier ris (en partie basse). On lâche ensuite la bosse de ris, le cordage qui retient de la même manière la partie arrière de la voile au bout de la bôme, et il ne reste plus qu'à hisser le tout jusqu'en haut du mât.
Illustration en images avec la misaine.
Ici c'est le moment où on se bat pour libérer le croc au niveau du vit-de-mulet, la voile légèrement redescendue pour donner un peu de mou.
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Là on arrive presque au bout du hissage de la voile complète.
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Ca y est, c'est fini. La drisse est bien étarquée, le guindant de la voile est bien tendu, on va pouvoir à nouveau border pour accélérer.
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Pendant ce temps là, mon appareil a changé de mains l'espace de quelques minutes...
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Ce qui est pris est pris !!! On se partage la barre à intervalles réguliers, histoire que tout le monde en profite, mais c'est quand même dur de laisser sa place...
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Après une petite analyse de la nav de nuit, on se rend compte qu'on a gazé très fort ! On a même une chance d'arriver à St Malo vers 8h30 pour passer l'écluse et entrer dans le bassin avec le dernier sas. Si on loupe le créneau horaire et la marée, il faudrait attendre 18h.... Décision est prise : on lance le spi asymétrique pour accélérer autant que possible !
15 minutes plus tard, le grand spi est en l'air et nous tracte à plus de 12 kts.
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La manoeuvre a donné chaud, et on peut commencer à s'éplucher un peu des cirés qu'on avait sur le dos pour la nuit.
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Trinquette et yankee sont affalés et rabantés pendant que le grand spi nous tire. Avec la houle de l'arrière le bateau part en glisse à plus de 13 kts par moments. Il ne manquerait pas grand chose pour que ça surfe réellement.
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Dans le cockpit on s'applique sur les réglages. L'ambiance course est bien là. Sur cette photo ça saute soudainement aux yeux !
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On approche de Saint Malo très vite, et le passage à l'écluse avant 9h devient chose possible.
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Avant de se retrouver dans les chenaux d'accès, le spi retourne dans son sac et on continue avec trinquette et yankee, moins rapide mais beaucoup plus manoeuvrant en cas de besoin
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Il y a encore pas mal de toile en l'air, mine de rien
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Hop ! on a besoin de moi à l'arrière. Fini la glandouille à mirer les voiles.
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Les premières marques sont là.
Il faut préparer le bateau à l'arrivée : sortie des amarres et des défenses, affalage des voiles, etc...
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Ca l'a fait ! A 10 minutes près ! Nous sortons du sas, direction le quai dans le premier bassin à flot
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On va se poser derrière les bateaux gris de la ménagerie
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Dans 10 minutes c'est bouclé.
On aura eu la satisfaction de griller le chrono du Pen Duick VI, partie l'avant-veille : 4 heures de moins que lui, pourtant plus grand, plus puissant et théoriquement plus rapide.
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A bientôt pour de prochaines aventures marines