Zorrow (./26) :
23> L'impact d'un "mauvais" prof su la scolarité d'un élève me semble un peu surestimé, (d'autant plus qu'après la primaire on a des profs différents dans chaques matières (certes "d'importances" diverses)), je tendrai plutot a penser que la réussite ou l'échec est bien plus déterminé par les rapports sociaux, à l'incorporation des structures. Un professeur le plus souvent ne joue que le rôle d'interface. Son cours est prédétermimé par le programme, et d'éventuelles explications qui s'ensuivraient plus ou moins aussi (le but étant plus d'apprendre et reconnaitre que de véritablement comprendre ?). Il pourrait alors être avantageusement remplacé par un livre, on perdrait en interactivité c'est tout ("Monsieur, je peux aller aux toilettes ?").
Parce que tu ne te situes que du côté de l'enseignant et de l'enseignement. Effectivement, "techniquement", un mauvais prof ne sera pas très loin d'un bon prof. Le programme sera peut-être légèrement amputé, mais l'essentiel sera (en tout cas la plupart du temps) là, et les meilleurs éléments s'en sortiront toujours +/- bien.
C'est sur le plan humain que tout se joue. Entre 11 et 19 ans (avec un pic vers 14-15 ans), le rapport entre un élève et une matière ne se résume pas à un cours mais aussi à de l'affect. Le relationnel joue pour beaucoup dans la motivation (et ça se vérifie aussi bien plus tard, même si l'impact peut être moindre).
Indépendamment de ça, un grand nombre de facteurs entre en jeu. Pour n'en citer qu'un parmi tant d'autres, j'ai parlé d'autorité naturelle. Certains profs n'en ont aucune, ne savent pas (ou plus) la gérer, ou se sont trouvés à un moment donné dans des situations qui font qu'elle a été ébranlée. De ce fait, certains profs ont peut-être une pédagogie intéressante mais qui va être totalement effacée parce qu'ils ne seront pas capable de "tenir" une classe. Et quand je parle de "tenir", je ne parle certainement pas de faire la police pendant une, deux voire quatre heures, non. Je parle d'avoir la présence nécessaire pour que sans que rien ne soit à dire ou à faire, la relation enseignant/élève soit aussi une relation de respect.
Je ne pense pas avoir tout vu et être omniscient (si je l'étais, croyez bien que je serais parti depuis longtemps avec la cagnotte d'un quelconque super loto

) mais j'ai aussi remarqué que cette relation de respect était indispensable.
Dans la plupart des exemples que j'ai en tête, j'ai pu noter quelques comportements assez "amusants" :
Il y a les profs qui passent leur temps à râler après les élèves en classe, à râler après les élèves en conseil de classe, à râler après les élèves avec leurs collègues, etc. Généralement, ça se passe très mal, parce que l'acte de râler n'est pas constructif. Il y a souvent une aigreur latente (vis à vis de l'Education Nationale, de la hiérarchie, de l'enseignement, des collègues, des jeunes...) qui fait que le respect mutuel est brisé de fait (Comment l'élève peut-il se sentir épanoui alors que
de facto il est considéré comme un trublion ? Comment peut-il progresser s'il est enfermé dans son rôle ? Sur ce point, les classes surchargées sont une vraie plaie car elles sont un frein au dialogue et à la compréhension de chacun.)
Il y a les profs qui passent leur temps à s'esbaudir devant les élèves (c'est très rare, je l'accorde

)
Il y a les profs qui râlent pas mal (voire beaucoup

) après des élèves mais qui, à la fin de l'année, félicitent les élèves parce que "on en a chié, autant vous que moi, mais on est arrivé à quelque chose" ; ce sont aussi ceux qui refusent la fatalité ("non, les élèves ne sont pas plus cons aujourd'hui qu'avant, ou alors on devait nous-même paraître bien con pour nos grands-parents") et qui, en conseil de classe, n'hésitent pas à défendre un élève même mauvais "parce qu'il s'est battu, qu'il a fait ce qu'il a pu".
Il ne faut pas oublier (et j'ai un peu l'impression que ça passe à la trappe dans la formation) que les enseignants ont face à eux des adolescents, mais aussi des adultes en devenir, et qu'il n'y a pas qu'une notion de programme à mettre en place, mais tout un dispositif cognitif. Un bachelier qui a engrangé le savoir nécessaire à accéder aux études supérieures sans avoir acquis les compétences pour être autonome dans son parcours intellectuel est un élève qui va se retrouver face à d'énormes difficultés.
Bon, je rerépète quand même ce que j'ai dit, notre système éducatif n'est pas si mauvais que ça (même si, comme on dit dans ma famille, heureusement que les hôpitaux ne sont pas gérés comme l'Education Nationale, sinon on devrait organiser des enterrements collectifs tous les deux jours

).