La discussion
à propos de la mort de Byuu m'a rappelé une réflexion que je m'étais faite, et que je vais coucher sur écran LCD comme essai.
La vie est conçue en tout point pour sortir les faibles le plus vite possible et faire gagner les forts. Les prédateurs sont conçus pour détecter la faiblesse et attaquer. Les humains naturellement n'aiment pas les faibles. Quelqu'un qui a un problème, on s'éloigne. Quelqu'un qui a raté sa vie, pareil. Qui est dans la demande (ressources, validation, etc.). On ne veut pas être en relation avec quelqu'un de faible. La vie ce n'est pas Street Fighter où avec 50% de vie tu peux toujours latter ton adversaire si tu ne t'y prends pas trop mal. Dans la réalité après avoir perdu la moitié de ta vitalité en poings et blessures, ton état fait que l'adversaire, en forme, est garanti de gagner à moins qu'il fasse une grossière erreur et toi pas. Quoi de plus, même notre propre psyché auto-sabote les faibles une fois qu'ils ont échoué et n'ont plus très confiance en eux, il leur enlève la motivation de développer des compétences et devenir plus forts, ainsi que le désir, l'envie de se battre. Il peut pousser au suicide, au propre ou au figuré. C'est démoralisant et la pop-culture essaie de nous redonner espoir, mais on ne peut réfléchir sans admettre cette base.
La chose est, c'est la nature, elle est faite pour sortir les faibles, si possible rapidement. Mais la vertu, le fondement de la société, c'est de résister aux impulses naturelles et faillibles. Si nos ancêtres n'avaient su aller au delà de l'inconfort de refuser à leur pulsion de manger à l'envi, aucun rationnement ne serait possible et donc aucune acumulation de ressources. Protéger les faibles n'est pas naturel. Mais là aussi la vertu voudrait qu'on le fasse, pour le bien de la société. On prendrait un peu chez les puissants pour équilibrer et créer une société plus forte, ce qui est nécessaire car une culture ne peut survivre que si assez de ses membres sont prêts à tout pour se battre pour elle. Les autres meurent dès que quelque chose d'ampleur les affecte, ou se soumettent à une société plus influente.
C'est ce dont l'histoire est faite jusque là. Mais j'ai l'impression que ces dernières générations, on l'oublie, on enseigne des valeurs à l'opposé de la vertu (peut être car notre nouveau enseignant principal est le marketing tenu par des intérêts privés). On devient de plus en plus strict, et le moindre écart, la moindre chose critiquable devient un potentiel suicide social global, une otracisation. La colère, le besoin d'admiration, etc. ne sont plus tolérés car ils traduisent "d'une faiblesse à corriger". Derrière les millions d'étiquettes LGBTQIA+, les races, le nombre de boîtes dans lesquelles on peut se ranger a augmenté, mais le delta autorisé pour y appartenir s'est réduit comme peau de chagrin. Les psys aident ceux qui ne dérivent pas trop d'une norme à retourner bien dans les rangs.
Et on voit des gens en colère, qui ont la haine contre la société, et peuvent passer des vies à tout faire pour détruire d'autres personnes. Ces gens sont peut être malades, et il y en a eu de tout temps, mais comment se peut-il qu'ils aient autant de pouvoir ? N'allez pas me dire que la globalisation et Internet est le seul argument.
Je pense que de plus en plus sont en colère, sont méchants, car on a failli en tant que société, on a perdu cette vertu. De s'élever au delà de nos bas instincts de respecter quelqu'un en fonction de son rang, et dénigrer les faibles. Le modèle faillit aussi de plus en plus à redistribuer les ressources. Le libéralisme dans les différents domaines de la société nous a failli, car il te fait croire que tu auras un résultat proportionnel à ton travail, donc un peu pour tous, alors qu'en fait il est proportionnel à ta position de départ, ce qui te met dans la même situation que l'exemple de Street Fighter en fonction de l'enfance que tu as eue.