Nil (./47469) :
Quand je parle de l'hyper-déterminisme dans lequel semble tombé Hippopotame, c'est qu'au fond j'ai l'impression qu'il dit que tout est tellement grand qu'on n'a pas grand chose à dire mais (ce qui est un peu étrange) qu'on "mérite" la situation dans laquelle on se trouve.
Ha bha ça effectivement c'est un de nos problèmes principaux. Le Système, la Mégamachine (ça doit être de De Benoist cette expression ^^^), la Grande Machine technicienne etc : on est pris dans un monde où chaque individu semble avoir un rôle de fourmi absurde ( qui doit souvent accomplir une tâche bête ) à l'intérieur d'un immense ensemble froid, bureaucratisé, industrialisé, dé-humanisé, d'une inertie considérable et sur-déterminé pour des centaines de raisons historiques, etc.
ça a un coté désespérant et impuissant...
Bon cependant ça touche plutôt la Cité, le monde social, et moins la famille voir les amis.
A coté de ça, effectivement, vivre sur une île isolée de 200 habitants où chacun serait pour qui il fait quoi, où tout serait donc "chaud", où l'on se sentirait directement utile, où l'on aurait politiquement/culturellement une influence personnelle et une sensation de réelle liberté, d'une vraie amplitudes de choix possibles... ce petit monde, mini-communautaire, un peu à l'image d'un vieux village, apparait effectivement idyllique.
Amha ça fournit une des pistes pour comprendre la comunautarisation actuelle.
Nil (./47469) :
mais peut-être que c'est effectivement un "truc de croyant", bien que j'espère vraiment que l'espoir ne soit pas restreint à ceux qui croient en Dieu
En tout cas par définition il me semble restreint aux
croyants. Mais évidemment, même le plus nihiliste des hommes, à un moment ou un autre de sa vie, à cru à une chose ( l'amour d'une femme ^^ ) ou l'autre. ( Dieu, l'absolu atteignable via l'art, ... ). Encore heureux. La vie est plus forte que la conscience de la vie; l'espoir est plus fort que la conscience de son absurdité. Etre vivant est assurément être encore capable de croire.
J'arrive à croire un peu, donc à espérer, mais c'est plutôt que ça tourne toujours mal, du moins que c'est toujours décevant... le naïf pour moi, c'est celui qui pense rationnellement/intellectuellement qu'il a raison d'espérer et que tout va se passer bien dans le meilleur des mondes. Le non-naïf, même s'il peut entretenir de l'espoir ( au niveau des tripes, presque) sait intellectuellement que ça peut au moins mal tourner ou être décevant. Le pessimiste, c'est celui qui se dit que ça tournera forcément à la catastrophe

. L'apthique ou le mort-vivant serait celui qui ne serait plus capable d'entretenir d'espoir du tout.
Il faut comprendre aussi que, dans les types de cet arc-en-ciel, entre les tripes et le cerveau il y a une grande distance, il y a déjà une machine à re-interpréter le vécu. On peut écrire que des choses pessimistes tout en étant plutôt joyeux les deux tiers de son temps. Cioran notamment à écrit de belle choses là-dessus. Dans la vie j'aurais tendance à être non-naïf et dans le discours un peu plus proche du pessimiste; bien que je fasse parfois attention à ne pas être que ça.
Dans le même genre il faut peut-être aussi distinguer les avis politiques/culturels/etc de, comment dire ? d'une manière d'être au jour le jour qui se rende compte et qui sache profiter des bons cotés de la vie. Il y a peut-être quelques bons cotés chez l'homme, et plus certainement chez la femme, c'est important au jour le jour mais ça ne change pas grand chose au jeu de mécano du "Système" : je sais pas, concrètement, il y a des époques où j'étais intimement heureux, où au petit matin en sortant de chez elle je m'émerveillais d'un beau reflet, de la tendresse sur le visage d'une grand mère ou du sublime d'un oiseau qui passe ( ce "regard" effectivement différent quand on est heureux ^^ ) mais tout cela ne changeait absolument rien à ma vision très pessimiste de la politique, du futur, de la culture, etc.
Ce qui n'empêche pas que j'ai une proportion à aimer les petites particularités chez l'homme et à m'émerveiller encore. Mais tout cela reste à la sphère de l'intime. On ne construit pas une vision politique là-dessus...
Quand à ton charabia chrétien-démocrate perpétuel sur le bien-être de l'individu, l'épanouissement de l'individu etc, je n'en pense strictement rien. ( pour être honnête, je ne sais pas ce que veut dire "épanouissement d'un individu" ni d'ailleurs "bien-être". Ce sont des expressions purement religieuses dont je ne saisi pas du tout le sens hors de la religion. )