Nicolas Sarkozy, en visite aux Antilles, a décidé d'anticiper son retour en métropole en raison de l'agitation estudiantine, notamment à la Sorbonne, a-t-on appris dans son entourage à Fort-de-France.
Oh la bonne excuse qu'il a trouvé
Ce que je trouve anormal, c'est que les "politiciens" et les forces de l'ordre ne parlent que du méta-problème en évitant un maximum de parler du problème en soit. Une façon d'éviter la difficulté du sujet, chose certaine.
Pour en revenir aux faits en eux-mêmes, force est de constater qu'on (i.e. beaucoup de monde, donc les journalistes des principaux quotidiens nationaux) vit dans une idéologie post 68arde ou même une post-idéologie post 68arde, mais dans un déni du retour à cette situation. Comme si "ça a été fait à l'époque, mais c'était pas pareil. Maintenant, il faut être sage, les enfants" (critique qui a commencé à frapper fortement libé à partir du débat sur la constitution).
C'est heureux/malheureux/normal/anormal/un fait (rayer la mention unitile ou suivant vos propres convictions), mais "les choses" n'avancent que lorsqu'il y a opposition. Et même opposition sur la durée. Pour qu'il puisse y avoir un tel mouvement, il faut donc que l'un des deux éléments suivants soit valide :
- l'opposition en question ne doit plus avoir rien à perdre rapport à l'investissement qu'elle met dans son action. Ou, suivant le cas, elle doit avoir au moins largement plus à gagner qu'à perdre.
- l'opposition en question dispose d'un statut qui lui permet de "perdre sans perdre", c'est à dire que de part la nature de son rôle, elle ne peut être mise en danger sur son statut (cas des étudiants, cas aussi - même si c'est plus de l'ordre de l'habitude que du statut en lui-même - des fonctionnaires...)
Il est donc quelque part logique (je n'emploie pas le mot "normal" de façon volontaire) que l'étudiant - en plus au sommet de son épanouissement idéologique - soit le premier à défendre son idée.
En outre, qui irait aujourd'hui se plaindre des heurts de mai 68 (qui ont fait des victimes humaines et matérielles), au vu des avantages acquis par la suite ? Qui, aujourd'hui encore, se lamente des manifestations (alors très violentes, je me rappelle être passé très près de batailles rangées CRS-étudiants à Montpellier) de 95 ?
Je ne pense pas que même ceux qui voulaient aller en cours en soient aujourd'hui très affectés. Sauf qu'en décidant d'aller en cours, on ménage sa "conscience laborieuse", alors qu'en allant manifester on ménage sa "conscience idéologique".
Je me souviens avoir participé à un bloquage de l'IUT en 2000 parce qu'à un poste près (qu'on voulait nous supprimer), on se retrouvait en dessous de 40% d'enseignants titulaires, ce qui signifiait une fermeture annoncée du département - et aussi un déficit de la qualité d'enseignement. Cela a duré 3 jours. Pendant trois jours, pas une seule personne n'a pu pénétrer dans l'enceinte de l'IUT, en dehors de quelques téméraires qui voulaient à tout prix avoir cours. Bilan, au bout de trois jours, le statut du poste à supprimer a été révisé, et tout est rentré dans l'ordre. On a effectivement emmerdé environ 5 à 7000 personnes, mais au final, ça a rejailli sur le département qui voit passer tous les ans presque 700 étudiants dont la quasi totalité trouve un emploi stable ou effectuent une poursuite d'études supérieures dans les 3 ans qui suivent.
Ah, et à ceux qui trouvent que les manifestations étudiantes sont trop nombreuses/véhémentes, je pense ne pas me tromper en disant qu'elles sont bien moins nombreuses et beaucoup plus ciblées (Il fut un temps ou les univ de Montpellier déclaraient un statut de grêve pour un oui/pour un non et ce plusieurs fois par an."Ma" génération ayant par contre été appelée "génération molle et peu vindicative" par des profs des univs).
Bon, c'est un peu décousu, mais c'était surtout pour répondre à naPO qui ne pense qu'à ses propres résultats avant de penser à l'évolution plus générale de la société. (Non, non, je ne vais pas m'approcher du point Godwin en comparant ça au comportement des collaborateurs, non, non, ne me le faites pas dire).