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A lire d'abord : http://tvtropes.org/pmwiki/pmwiki.php/Main/EveryoneIsJesusInPurgatory


Y'a un truc qui m'a toujours fait tiquer et qui m'embête toujours, c'est qu'en français en première on devait faire des "commentaires de texte" qui comme leur nom indiquaient, consistaient à commenter un texte, sur un peu de tout et n'importe quoi. En résultait une copie contenant en général tout ce qui nous passait par la tête en lisant ce texte et que l'on s'efforçait de mettre pour espérer avoir plus de 7/20. Et en général les profs étaient plutôt d'accord.

J'ai toujours trouvé ça risible au plus haut point de trouver un sens caché, d'exploiter un texte jusqu'à sa moelle, etc. Autant il y a des constructions syntaxiques qui sont visiblement voulues par l'auteur (exemples des célèbres "Quels sont ces serpents qui sifflent sur nos têtes" et "Cette obscure clarté qui nous vient des étoiles) ainsi que des allégories, métaphores, etc, autant la plupart du temps le reste me paraissait être une vaste fumisterie, à vouloir à tout prix attribuer un sens second, caché, quelque chose d'absolument spécial à chaque ligne d'un texte.

Vu qu'il y en a pas mal ici qui sont apparemment assez doués dans cet exercice, je me demandais ce que vous en pensiez smile
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Un prof de de français/philo/"psycho" de lycée, quand tu y réfléchis, c'est un prof de maths raté : c'est capable de faire de la branlette intellectuelle pendant des heures, mais pas capable de le faire en étant rigoureux cheeky
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Zeroblog

« Tout homme porte sur l'épaule gauche un singe et, sur l'épaule droite, un perroquet. » — Jean Cocteau
« Moi je cherche plus de logique non plus. C'est surement pour cela que j'apprécie les Ataris, ils sont aussi logiques que moi ! » — GT Turbo

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Rusty Frozbite (./1) :
Y'a un truc qui m'a toujours fait tiquer et qui m'embête toujours, c'est qu'en français en première on devait faire des "commentaires de texte" qui comme leur nom indiquaient, consistaient à commenter un texte, sur un peu de tout et n'importe quoi. En résultait une copie contenant en général tout ce qui nous passait par la tête en lisant ce texte et que l'on s'efforçait de mettre pour espérer avoir plus de 7/20. Et en général les profs étaient plutôt d'accord.

Oui et non. Disons que tu peux toujours essayer de faire ça, mais ça revient à prendre tous les chiffres de l'énoncé et à essayer toutes les opérations possibles entre eux. Avec un peu de chance, tu pourras espérer taper entre 7 et 12 (pour la démarche intellectuelle, l'ouverture, etc., mais pas pour la pertinence du travail).
En réalité, le commentaire est une épreuve vraiment technique et nécessite d'avoir de réelles connaissances au niveau des figures de style, des canons de rhétorique spécifiques à chaque époque, mais aussi des capacités d'analyse et de synthèse.
Il y a toujours une partie assez évidente (analyse lexicale, assonances, consonances, recontextualisation historique...). Mais si on veut vraiment aller jusqu'au bout, il faut étudier d'autres éléments (équilibre des parties, choix des temps, rythme du style, étude des noms propres, mises en relations stylistiques avec des contemporains ou des maîtres à penser de l'auteur...).
L'objectif n'étant pas de faire de la branlette intellectuelle gratuitement, mais de comprendre quels sont les artifices mis en oeuvre par l'auteur pour appuyer son propos voire, lorsqu'on a assez de connaissances sur la vie privée de l'auteur, les éléments en filigrane qui peuvent avoir été placés comme autant de clins d'oeil.

Forcément, dans un travail où le côté subjectif est important, on peut arriver à tout faire dire à un texte (ou presque). Cependant, il y a quand même des éléments connus de tous (parfois même reconnus par l'auteur lui-même) qui font qu'on sait reconnaître tel ou tel élément avec certitude et, surtout, qu'il y a une logique entre le fond et la forme.

Lire les études de textes faites par des grands de la littérature aide aussi à comprendre que c'est un travail très rigoureux, qui ressemble plus à une (en)quête qu'à une démonstration mathématique. On amasse des indices, on les trie, on les met en valeur et on en déduit quelque chose.
Je te conseille, si tu as le temps, de lire "De la littérature" de Umberto Eco. C'est vraiment bien écrit, et il présente quelques uns de ses travaux d'analyse. Il ne cherche pas à prouver quoi que ce soit, mais à expliquer ce qui fait la magie de tel ou tel texte (en particulier, de mémoire, il étudie je ne sais plus quelle oeuvre dans son intégralité au niveau des équilibres entre les parties et au niveau des temps utilisés pour les verbes).

Bien entendu, toutes les séries, tous les films, tous les romans feuilletons même les plus mauvais ont recours à des outils qui servent l'action ou l'intrigue (et heureusement, d'ailleurs). Du dialogue au cadrage, des thématiques empruntées aux connaissances d'une société donnée, du choix des noms découle la cohérence du récit, ce qui fait que le lecteur/le spectateur va être plus ou moins happé par l'histoire. La différence entre un nanar et un vrai bon bouquin/film, c'est que les codes ne sont pas au même niveau, qu'il y a des degrés différents de lecture, des symboles cachés habilement (étudier le langage visuel de Hitchcock, par exemple, est un délice : tout est mis au service de l'intrigue, tout entre dans une logique implacable... mais il ne faut pas croire que ça a été fait de façon totalement volontaire : le génie, c'est aussi faire quelque chose sans en être conscient, et que ce quelque chose ait un sens profond).
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Il faut aussi rappeler qu'il y a 200 ans (ou avant), dans une societe epargnee de tout media pollutif, les gens bien eduques etaient quand meme des monstres en francais. Grammaire, conjugaison, vocabulaire, figures de styles etaient parfaitement matrisees et utilisees a outrance meme a l'oral pour se distinguer des gueux. On aura difficilement un Flaubert ou un Balzac de nos jours (meme si on a toujours de la bonne litterature (enfin au 20e siecle (enfin surtout dans la premiere moitie))).
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liquid (./4) :
On aura difficilement un Flaubert ou un Balzac de nos jours (meme si on a toujours de la bonne litterature (enfin au 20e siecle (enfin surtout dans la premiere moitie))).

Ca, ça ne veut absolument rien dire. Les codes et les styles évoluent, la rhétorique aussi (elle est très fortement associée à une société donnée). Et il faut faire une nette distinction entre la compétence artistique et la connaissance théorique. Que ça soit chez Balzac (qui n'est pas toujours bien vu) ou Flaubert, on peut trouver des passages poussifs, mal formulés, avec des barbarismes, etc. Je pense au contraire que les membres fondateurs de l'Oulipo avaient une connaissance des subtilités de la langue bien plus approfondie que les auteurs du XIXème siècle.
Ce qui est par contre préjudiciable (mais qui n'est pas nouveau, il suffit de se plonger dans la foule d'auteurs publiés au XIXème siècle et qui n'ont pas survécu jusqu'à aujourd'hui), c'est le fait qu'on édite pour vendre (donc que le côté littéraire ne soit pas fondamental - cf. d'ailleurs http://www.arretsurimages.net/contenu.php?id=1502 pour ceux qui ont la chance d'avoir un abonnement).
Mais - comme je disais - c'est loin d'être un phénomène récent. C'est d'ailleurs particulièrement marqué sous Louis XIV où les auteurs qui réussissent ne sont pas les plus talentueux, mais ceux qui ont les faveurs du roi (donc ceux qui glissent le mieux la langue dans le royal orifice), et ça ne touche pas que la littérature, mais tous les arts, cf. la mainmise de Lully sur la musique à Paris.
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6

Nil (./5) :
les membres fondateurs de l'Oulipo
Ou pas...
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Membrane fondatrice de la confrérie des artistes flous.
L'univers est-il un dodécaèdre de Poincaré ?
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tongue
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Nil (./5) :
Ca, ça ne veut absolument rien dire.


Si ! Ca veut dire ce que ca veut dire ! Et tu le soutiens toi meme :
Nil (./5) :
Les codes et les styles évoluent, la rhétorique aussi


tongue
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Oui mais évoluer ne veut pas dire que c'était mieux avant, simplement que c'était différent tongue
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Nil (./3) :
En réalité, le commentaire est une épreuve vraiment technique et nécessite d'avoir de réelles connaissances au niveau des figures de style, des canons de rhétorique spécifiques à chaque époque, mais aussi des capacités d'analyse et de synthèse.


La grande majorité des lycéens n'ont pas toutes les connaissances que tu déclares nécessaires pour le commentaire grin
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Oui, c'est pour ça qu'on tolère cette pseudo analyse en vrac, mais qu'on ne peut pas lui mettre grand chose non plus grin
Sans aller jusque là, l'essentiel est de montrer qu'on a compris le texte et qu'on a été capable de repérer les gros points de technique d'écriture qui ont été employés par l'auteur pour appuyer le message. C'est pour ça qu'une des premières choses à faire après avoir lu le texte est de s'écouter soi-même pour savoir ce qu'inconsciemment on en a retiré, ça permet d'avoir une première piste à approfondir (bien entendu, on peut aussi se rendre compte qu'on s'était totalement planté... à ce moment là, ça ne sert à rien de persévérer dans cette direction grin)
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