very (./3) :
j'ai plus l'impression que l'art qui révèle la vérité, "ce qui se passe", c'est la littérature, en particulier le roman.
Justement, non. Le roman ne révèle pas la vérité, au contraire : il décrit un [men]songe imaginaire. Dans l'antiquité, la question ne se pose pas, la poésie et le théâtre sont intrinsèquement liés. Le moyen-âge livre une vision sensiblement différente (il faudrait que je relise Eco sur l'etshétique médiévale, parce que c'est redevenu flou pour moi avec le temps), mais la pensée antique revient avec la Renaissance, à ceci près qu'on a cette spécialisation de la littérature comme biais de la réalité (spécialisation qui va aller crescendo jusqu'au XIXème siècle, où le roman est le lieu où on se perd, cf. Madame Bovary).
En fait, le point critique de la poésie comme vérité, c'est justement qu'il s'agit d'un message à déchiffrer. Il ne se donne pas facilement, il faut des clés. Même le poète (qui n'est au final qu'un messager divin, donc qu'un support de l'information, pas un créateur, si on pousse jusqu'au bout l'idée) peut ne pas saisir la substance de tout ce qu'il écrit. Pour avoir la "vérité" de la poésie, il faut passer par une exégèse (c'est très biblique, finalement, comme procédé de vérité, et ça permet aussi d'expliquer la position du roman : la poésie est de fait divin parce que hermétique à la pensée humaine ; le roman est un fait humain, donc faussé).
Concernant la musique, elle est à mettre au même niveau que la poésie. En fait, le travail fait sur la poésie au lycée recoupe globalement ce que les grecs présentaient à travers les muses (qui sont, d'après Platon, les médiatrices entre le poète et les dieux).
Ca, c'est la vision antique (parnassienne) de la poésie (qui reste toujours valable pour certains poètes et selon le point de vue de certaines personnes). C'est remis en cause par deux autres courants : les poètes engagés (romantisme) et les poètes de l'art pour l'art.
Quand on prend du recul sur ces trois modèles, on se rend compte au final qu'ils expriment exactement la même chose, mais d'un point de vue différent. Le poète engagé l'est-il de son propre fait, ou par impulsion "divine" (il faudrait d'abord définir ce mot ; on se rendrait compte qu'il a globalement la même signification que l'inconscient des romantiques) ? Les parnassiens (au sens du XIXème siècle), finalement, ne sont-ils pas eux-mêmes des poètes engagés, au même titre que les partisans de l'Art pour l'art ou, plus tard que les membres de l'Oulipo ? Enfin, ça déborde peut-être un peu du sujet original ^^