Le travail, malade du chômage - Page 1

http://videos.arte.tv/fr/videos/le_travail_malade_du_chomage-6405762.html
C'est pas vraiment une news, mais ça peut en intéresser (je pense à ceux qui bossent en boîte de prestas). J'ai noté plusieurs éléments intéressants, postez si vous voyez autre chose:
- la flexibilité sert en fait à fluidifier le marché de l'emploi et donc à accélérer la rotation des chômeurs. En gros faire travailler un peu mais tout le monde. Ainsi chacun arrive à survivre mais pas à vivre.
- En faisant culpabiliser les chômeurs et en leur faisant comprendre que beaucoup d'autres peuvent prendre leur place on les réduit au silence.
- En faisant tourner les intérimaires, on garde une population d'employés jeunes et en bonne santé. C'est à dire plus productifs, moins absents, et moins casse-pieds quand après 40 ans d'usine ils viennent réclamer des dédommagements pour leur dos cassé.
- En réduisant les investissements (donc les risques) et en laissant stagner les salaires grâce à la concurrence entre les travailleurs on peut continuer à faire des profits même en période difficile.
- En se servant des intérimaires comme variable d'ajustement, on fait reporter le risque financier des patrons sur les travailleurs. Un des patrons se défend en expliquant que sa visibilité sur l'avenir est bien plus réduite qu'avant et donc que le risque pour lui a beaucoup augmenté.

Rien de tout ça n'est vraiment nouveau, c'est sûr, mais je trouve que c'est assez bien expliqué dans le documentaire.

Juste deux remarques :

melbou (./1) :
- En faisant culpabiliser les chômeurs et en leur faisant comprendre que beaucoup d'autres peuvent prendre leur place on les réduit au silence.

Dans les années 60-70, on n'hésitait pas à débaucher les mecs sur leur lieu de travail… Aujourd'hui, le marché du travail est tellement incertain que quitter son job sur un coup de tête est quasiment du suicide social. Sans compter la question de la mort qui tue du RH : « Pourquoi avez-vous quitté votre travail ? »

melbou (./1) :
En se servant des intérimaires comme variable d'ajustement, on fait reporter le risque financier des patrons sur les travailleurs. Un des patrons se défend en expliquant que sa visibilité sur l'avenir est bien plus réduite qu'avant et donc que le risque pour lui a beaucoup augmenté.

Le problème c'est que cette visibilité sur l'avenir est transposée sur les travailleurs : impossible de prévoir sa vie sur le long terme, ce qui est pénalisant pour l'économie… ce qui réduit la visibilité sur le long terme des entreprises concernées. Bonjour le cercle vicieux…

Yoshi Noir (./2) :

melbou (./1) :
En se servant des intérimaires comme variable d'ajustement, on fait reporter le risque financier des patrons sur les travailleurs. Un des patrons se défend en expliquant que sa visibilité sur l'avenir est bien plus réduite qu'avant et donc que le risque pour lui a beaucoup augmenté.

Le problème c'est que cette visibilité sur l'avenir est transposée sur les travailleurs : impossible de prévoir sa vie sur le long terme, ce qui est pénalisant pour l'économie… ce qui réduit la visibilité sur le long terme des entreprises concernées. Bonjour le cercle vicieux…

Tu remarqueras la question récurrente "où vous voyez-vous dans 5 ans ?", à laquelle répondre honnêtement ("nulle part puisque je ne sais déjà pas où je serai l'an prochain) revient à du suicide professionnel.

melbou> c'est pas seulement des jeunes plus productifs qu'on veut, c'est des jeunes encore abusables, qu'on peut formater, embrigader, et qui croient vraiment le baratin corporate, contrairement aux briscards et aux chômistes, qui eux ont bien pigé que tout est mensonge, serments d'ivrogne et carotte jamais décrochée.

Pour le reste, sans me vanter, je le savais déjà, une partie de ces trucs je les avais vus ou entendus par mes différents collègues (notamment la stagnation des salaires).

plus productif : discutable... un jeune qui sort de l'école est rarement aussi productif (efficacement) qu'un profil expérimenté...

Sur le plan de la compétence, certainement, par contre il aura encore des illusions et sera prêt à se défoncer pour "défendre les valeurs de l'entreprise" et autres fadaises de ce genre...

les valeurs de quelle entreprise ? s'il n'a pas encore eu le temps de s'intégrer, il aura du mal à se battre pour elle, et c'est encore plus visible quand on est en mode précaire...

Que tu crois, le mec qui vient d'être embauché cherche à faire ses preuves, qui plus est s'il est intérimaire et qu'on lui fait miroiter un contrat plus durable (qui n'arrivera jamais bien entendu).

Et il fera des heures à l'oeil, et aura même la gaule en les faisant.

vince (./6) :
les valeurs de quelle entreprise ? s'il n'a pas encore eu le temps de s'intégrer, il aura du mal à se battre pour elle, et c'est encore plus visible quand on est en mode précaire...

Les valeurs selon les formations on peut te les apprendre à l'avance si t'as des intervenants venus desdites boîtes, en outre, un jeune diplômé encore naïf est susceptible de gober les propos tenus dans les plaquettes de présentation, crois-moi sur parole.

http://www.lemonde.fr/economie/article/2012/02/27/le-droit-du-travail-est-il-un-frein-a-la-competitivite_1648694_3234.html
Tiens c'est d'actualité, il semblerait qu'on veuille encore nous faire gober que plus de flexibilité égale plus d'emplois.

C'est le Kredo Kapitaliste hein, et aussi le credo libéraliste, la seule réponse du capitalisme à son arrivée en bout de course est de massacrer l'emploi.

./10 > Ben c'est évident voyons, regarde en Chine, ils sont super flexibles et ils ont plein d'emplois

Zerosquare (./7) :
Que tu crois, le mec qui vient d'être embauché cherche à faire ses preuves, qui plus est s'il est intérimaire et qu'on lui fait miroiter un contrat plus durable (qui n'arrivera jamais bien entendu).

c'est pas ce que je constate autour de moi en tous cas...

Alors que c'est ce que je constate, perso (bon, il y a peut-être aussi le fait que les jeunes qui entrent dans la fonction publique ont encore leurs idéaux intacts) : une équipe qui prend un jeune, même inexpérimenté, c'est une équipe qui s'injecte directement une dose de dope pour un ou deux ans (et pas forcément sur le plan des horaires de travail hein... disons qu'un jeune est souvent plus curieux de découvrir de nouvelles technologies, a encore le courage de se lancer dans de gros projets - en général parce qu'il ne s'est pas encore épuisé à déplacer un roc immuable).

je ne dis pas qu'ils ne sont pas motivés, mais souvent quand par exemple on leur dit "ah bah nan, l'appli n'est pas en html 5 parce qu'au démarrage du projet ça n'existait pas et qu'on ne va pas tout réécrire", ils déchantent... et puis le transfert de connaissance prend du temps au jeune qui n'est pour le coup pas encore opérationnel et à celui/ceux qui lui transmettent la dite connaissance... tu dis que le jeune est curieux de découvrir de nouvelles technologies, et il réagit comment quand tu lui annonces qu'il va développer en cobol ?...

Bah j'ai eu à faire un peu de dBase IV pour DOS quand je suis arrivé à mon premier boulot, alors...
Effectivement, ça, ça peut faire déchanter un peu...

A titre d'exemple, mon collègue (qui bosse depuis environ un an) tire la gueule depuis hier parce qu'on lui a demandé de rétrodocumenter le code d'un autre, écrit il y a 5 ans...

lol

Mais ça existe encore les jeunes idéalistes, un collègue a réécrit une dizaine de vieilles routines en Fortran 66 en python car il y comprenait rien et s'est dit que ça serait plus simple de tout refaire que de modifier l'existant sans faire de conneries. On a halluciné quand il nous a sorti ça à la dernière réunion de groupe, "ah au fait j'ai tout réécrit le module X en python"

melbou (./18) :
"ah au fait j'ai tout réécrit le module X en python"

sur son temps perso ?

et si non, il était censé faire quoi pendant ce temps ? (nan parceque si vous embauchez pour rien faire/faire ce qu'on veut, faut me dire le nom de la boite pour que je postule )

hum, ministère de l'enseignement supérieur et de la recherche
Oui on fait un peu ce qu'on veut

Je devrais vraiment me faire embaucher dans un ministère, pourquoi je me casse le cul à chercher du travail dans le privé ?

vince (./19) :

sur son temps perso ?

et si non, il était censé faire quoi pendant ce temps ? (nan parceque si vous embauchez pour rien faire/faire ce qu'on veut, faut me dire le nom de la boite pour que je postule )

Ben si son objectif était de maintenir un module et que se mettre au F66+maintenir le module prenait deux mois mais tout réécrire et avoir plus de souplesse pour l'avenir prenait le même temps, je ne vois pas où est le mal (après, ça dépend des domaines d'activité et de l'interopérabilité des différents modules... nous, pour l'application dBase, il a fallu plus de 3 ans pour en faire une adaptation en PHP/MySQL, et ça devenait vraiment critique : outre le fait que ça fonctionnait très mal à travers un partage Windows - la gestion des verrous des enregistrements en dBase est plus que primaire - en cas de maladie du collègue qui était spécialiste de ça, on pouvait se gratter pour trouver une personne compétence là-dessus et qui maitrisait les subtilités de la gestion des établissements de l'enseignement supérieur).

si le mec a été embauché pour faire du F66, il est censé connaitre...
si le mec décide unilatéralement de réécrire, y'a des questions à se poser sur la "chaine de commandement"...
si le mec réécrit du F66 en python parce que c'est plus rapide pour lui, ça va couter quoi de former le reste de l'équipe au python ?
si le mec est dans une boite "à cheval" sur les normes et que le python ne fait pas partie des langages certifiés, c'est direct poubelle...
si l'exploitation du module réécrit nécessite des déloiemnts supplémentaires, il ne faut pas les oublier dans la charge...
...

vince (./23) :
si le mec a été embauché pour faire du F66, il est censé connaitre...

Les recrutements dans l'enseignement supérieur sont rarement aussi précis (après, ça dépend beaucoup du type de recrutement).

vince (./23) :
si le mec décide unilatéralement de réécrire, y'a des questions à se poser sur la "chaine de commandement"...

La quoi ? (peut-être est-il seul sur ce module là, et qu'on lui demande juste "que ça marche").

vince (./23) :
si le mec réécrit du F66 en python parce que c'est plus rapide pour lui, ça va couter quoi de former le reste de l'équipe au python ?

Je pense qu'on trouve plus facilement une personne qui fait/veut se mettre au Python qu'au F66.

vince (./23) :
si le mec est dans une boite "à cheval" sur les normes et que le python ne fait pas partie des langages certifiés, c'est direct poubelle...

Ca, je suis totalement d'accord. Cela dit, après, ça dépend du domaine d'activité, de la criticité, de la tolérance erreur/réactivité...

vince (./23) :
si l'exploitation du module réécrit nécessite des déploiements supplémentaires, il ne faut pas les oublier dans la charge...

Yep, bien sûr.

Et tout ça, c'est pour vos impôts.

Certes, mais c'est très difficile de comparer une équipe de développement qui va produire un outil commercial et un laboratoire de recherche où on fait des prototypes souvent très bricolés, avec un fonctionnement qui est très différent d'un modèle hiérarchique tel qu'on peut l'avoir quand il y a un chef de projet et des exécutants qui vont réaliser une partie très circoncise du boulot.

vince (./23) :
si le mec réécrit du F66 en python parce que c'est plus rapide pour lui, ça va couter quoi de former le reste de l'équipe au python ?

Facile : chacun portera le module dans son langage préféré, tout simplement

euh tu délires vince avec ta chaine de commandement. Je fais de la recherche, chacun fait réellement ce qu'il veut. On va pas te recruter parce que tu connais du Fortran en particulier

J'allais dire qu'il me semble qu'il y a plein de cas où on embauche quelqu'un sur un langage qu'il apprendra, pas qu'il connaît.

Note aux candidats à la présidentiel : "Proposez dans votre programme : programmation des applications de la République en Ada, c'est stable et éprouvé, économies à la clé" !

Kochise