Référendum constitutionnel en Italie - Page 1

En Italie, c'est le NON à la réforme constitutionnelle de Matteo Renzi qui a gagné avec 59,11%. (Ce chiffre définitif comprend aussi les votes par correspondance des Italiens à l'étranger, qui étaient pour le OUI à 64,7%, c'est pour ça que le chiffre est moins élevé que les 59,95% de NONs dont parlent beaucoup de médias.)

Matteo Renzi est l'actuel chef du PD (Partito Democratico, "parti démocratique" à l'américaine, regroupant les social-démocrates et d'autres forces de centre-gauche) et chef de gouvernement, mais il va démissionner en tant que chef de gouvernement aujourd'hui et probablement aussi en tant que chef du parti.

Ce qui m'agace, c'est la manière biaisée dont est présenté le résultat dans les médias étrangers: Ce qu'ils ne disent pas, c'est que le NON n'était pas seulement soutenu par des forces de droite (Movimento 5 Stelle, Forza Italia, Lega Nord etc. ), mais aussi de gauche: l'aile gauche du PD (oui, Renzi n'avait même pas le soutien de l'intégralité de son parti!), Verdi (verts), Sinistra Ecologia Libertà (SEL) (parti écosocialiste/écocommuniste), Rifondazione Comunista (PRC) (eurocommunistes, alliés du PCF français) et le petit Partito Comunista (communistes de la vieille école, eurosceptiques, alliés du NPA français – le nom "Partito Comunista" est redevenu libre parce que ça fait des années que le vieux PCI s'est découpé en PDS→DS→PD socialdémocrate et PRC). Cette liste comprend effectivement l'intégralité des forces à gauche du PD. Cette victoire du NON n'est pas une victoire de la droite. C'est une défaite de Renzi (et de son allié de la Grande Coalition, Angelino Alfano, fondateur et tête du NCD (nuovo centrodestra = nouveau centre-droite), ministre de l'intérieur, ex main droite de Berlusconi qui a rompu avec ce dernier), obtenue tout autant par la gauche.

La faute à la défaite de Renzi ne tient qu'à Renzi lui-même, qui a utilisé depuis le départ un style de gouvernement très autoritaire, sans compromis possibles, mettant des votes de confiance (comparables à votre 49.3) sur tout et n'importe quoi, et qui a fait la grosse erreur de proclamer que son sort dépendrait de celui du référendum. Du coup, ça a poussé des gens qui auraient peut-être voté OUI sans ça à voter NON pour se débarrasser de Renzi. Il a aussi refusé tout compromis sur le contenu de la réforme. Il y a plusieurs passages (concentration du pouvoir, renforcement du néolibéralisme économique) qu'une force de gauche ne pouvait pas soutenir. (Pour les motifs de la droite, demandez à quelqu'un de droite. À mon avis, leur but était avant tout de faire perdre Renzi, mais je connais très mal les motifs des partis et électeurs de droite.)

Et sur le fond, tu en penses quoi?

Je résume :

Et en utile et lisible pour un non-italianophone?

./1 >
C'est globalement ce que j'ai retenu de la plupart des médias français que j'ai lu/écouté.
L'échec de Matteo Renzi est bien plus vu dans la presse française comme une opposition à sa politique qu'une opposition au projet de réforme constitutionnelle.

Ximoon (./4) :
Et en utile et lisible pour un non-italianophone?

Mieux vaut ne pas traduire, on altèrerait vraiment la subtilité du discours. Ou plus précisément son absence totale.
Si tu veux de l'utile, mieux vaut aller chercher ailleurs.

Xim: "va chier" ?

Ça permet aux média français de simplifier correctement : "OUI == gens euro-biens sous tout rapport, NON == extrême-droite populiste"

Sinon, c'est également un gros à la politique d'austérité de Renzi imposée par l'Europe.

Ximoon (./2) :
Et sur le fond, tu en penses quoi?

Je pense que certes, à court terme, le NON risque d'avoir des effets négatifs (mais on attend de voir ce que va décider le Président de la République Mattarella, il y a des chances que la démission de Renzi ne changera pas autant de choses que certains le croient), mais les effets à long terme de la réforme en cas de OUI auraient été pire. Elle aurait permis à un parti de gouverner seul avec une trentaine de pourcents des votes seulement (en obtenant la majorité absolue dans la Chambre qui aurait eu tous les pouvoirs), et ça aurait pu donner facilement les pleins pouvoirs à des partis comme le Movimento 5 Stelle (anti-euro) de Grillo, la droite "Forza Italia" de Berlusconi ou la Lega Nord (raciste, sécessioniste, alliée du FN, du FPÖ etc.). Ces partis fêtent le NON comme une victoire, mais ils auraient pu profiter du OUI eux aussi, ils étaient juste contre pour faire perdre Renzi.

En gros...

Kevin Kofler (./8) :

Ximoon (./2) :
Et sur le fond, tu en penses quoi?

Je pense que certes, à court terme, le NON risque d'avoir des effets négatifs (mais on attend de voir ce que va décider le Président de la République Mattarella, il y a des chances que la démission de Renzi ne changera pas autant de choses que certains le croient), mais les effets à long terme de la réforme en cas de OUI auraient été pire. Elle aurait permis à un parti de gouverner seul avec une trentaine de pourcents des votes seulement (en obtenant la majorité absolue dans la Chambre qui aurait eu tous les pouvoirs), et ça aurait pu donner facilement les pleins pouvoirs à des partis comme le Movimento 5 Stelle (anti-euro) de Grillo ou la droite "Forza Italia" de Berlusconi. Ces partis fêtent le NON comme une victoire, mais ils auraient pu profiter du OUI eux aussi, ils étaient juste contre pour faire perdre Renzi.

Tu réponds pas vraiment à la question : ton choix c'était oui ou non ? et pourquoi ? pour la constitution ou pour le bonhomme ?

(et accessoirement, tu as une carte électorale italienne vu que t'en es originaire ?)

vince (./10) :
Tu réponds pas vraiment à la question : ton choix c'était oui ou non ? et pourquoi ? pour la constitution ou pour le bonhomme ?

Le secret électoral, il n'existe pas pour toi? Mais je pense que "mais les effets à long terme de la réforme en cas de OUI auraient été pire" devrait te laisser tirer ta conclusion.

(et accessoirement, tu as une carte électorale italienne vu que t'en es originaire ?)

Je suis effectivement inscrit dans le registre des Italiens à l'étranger et ai donc voté par correspondance.

Kevin Kofler (./11) :
Le secret électoral, il n'existe pas pour toi?

D'un autre coté, si tu veux pas donner ton point de vue, pourquoi en faire un topic ?

Je pensais l'avoir étalé suffisamment. Comme ma remarque t'aurait pu faire deviner, j'ai voté NON (suivant ainsi l'appel de toute la vraie gauche). Pour les raisons de ce choix, cf. ./8.

"Si Charles de Gaulle n'avait pas mis sa démission dans la balance, ..."

Avec des "Si", Paris, bouteille, toussa...

Non mais de gaulle c'etait pareil, les gens en avait marre de voir sa tronche


#loin#

et puis bon le mec il se fabrique un porte avions, un aéroport... nan mais ho quoi

Sans oublier un tire-bouchon, sommet de l'image du leader au pays du vin.

Il y a aussi une déclaration du PCF de lundi.

Au niveau du gouvernement, finalement, pas grand chose n'a changé. Renzi n'a pas démissionné en tant que chef de parti (du PD), ce qui était pourtant attendu. Renzi a bien démissionné en tant que président du conseil (chef du gouvernement), mais a été remplacé par un de ses ministres (Gentiloni, ex ministre de l'extérieur), et les autres ministères n'ont pas non plus été modifiés tant que ça.

Donc beaucoup de bruit pour rien ?