Moi non plus.
La guerre à la télévision.
Cela se sent.
Déjà, sur France 2, à la suite des médias américains, il y avait ce soir un joli petit bandeau défilant en bas, et un petit logo "Guerre en Irak" en haut à gauche.
Et puis le JT de 20h00 dure vraiment, vraiment longtemps. On a même le temps de revoir deux fois le même reportage, et au moins deux fois chacun des correspondants à l'étranger. C'est que ça coûte cher tout cela. Il faut rentabiliser. C'est d'ailleurs sûrement dans ce même souci de rentabilisation que l'on redonne la parole à un correspondant qui n'ayant rien à dire la première fois, n'a pas grand chose à dire de plus 15 minutes plus tard, étant donné que le fil Reuters n'a lui-même rien craché de bien neuf.
Ah, ce qu'il y avait de bien avec S.Milosevic, c'est que lui, il ne proposait pas des voyages guidés dans Belgrade aux journalistes. Cela nous évitait d'avoir un reportage là-dessus. Pour le téléspectateur, c'était plutôt sympa.
Digression arrêtée, il reste toujours le correspondant à Bagdad même. Celui-là, il sent la guerre. On le sent. Déjà, il est sur un toit. C'est un signe. Et puis, tenez, on le perd même à l'image à 15 minutes d'intervalle. Caché qu'il est dans un abri. Ce qui n'empêche pas D.Pujadas de lui demander de bien faire attention à lui. On sait jamais. Un Tomahawk est si vite arrivé.
Oh, les experts sont là aussi. Géopoliticiens, experts militaires, amis journalistes, voire V.Hervouet tiens. C'est dire le haut degré d'expertise qu'on atteint.
Il y a les images également. Toujours poétiques. Un missile Tomahawk s'échappant d'un navire dans la nuit. Les tirs de DCA dans la nuit au-dessus de Bagdad. Une explosion d'un bâtiment au loin. Les images des Apaches et des chars en action, sans oublier le décollage d'un F16 et l'atterrissage d'un Harrier. Voilà ce que c'est la guerre. Nous attendons avec impatience les images de sélection de cibles avec vision vidéo de l'impact. Peut-être demain.
Et enfin, il y a le vocabulaire. Avec ses petites nouveautés. Les frappes "très ciblées" de ce matin. Comme si des frappes à coups de missiles n'étaient pas "très ciblées", mais peut-être "moyennement ciblées" voire "un peu ciblées" le jour où le guidage laser est encrassé par des frites ou que le satellite GPS se prend une micro-météorite dans la gueule. Comme si l'erreur de ciblage était la règle aussi. Et puis, il y a aussi le retour des "phases". On n'en sait pas grand chose des ces phases. Mais on pressent que plus on passe d'une phase à une autre, moins ça rigole. D'ailleurs, ce matin, c'était de la gnognote, ce soir, c'est déjà hyper plus sérieux d'après France 2. Alors demain, je vous dis même pas.
Pour terminer, comment passer outre les rumeurs ? Celles sur l'intervention télévisuelle poignante de Saddam Hussein. Et puis la question de l'enregistrement. En tout cas, le fond visuel n'était pas celui d'une grotte afghane.
C'est déjà ça.
Oh, oui. Et puis tenez, sur TF1, seul moyen d'information pour 1/5 de la population française, on a eu assez rapidement le droit à Julie Lescault.
Alors que sur France 2, c'était une soirée spéciale "Début des hostilités" sur France 2. Il fallait la remplir. Et ils n'ont pas l'habitude. A leur place, à 21h00 j'aurais envoyé un divertissement de Patrick Sébastien. Mais France 2, c'est le service public. Ils ont du avoir des scrupules. Et à la place des policiers du vendredi, ils ont préféré faire du vide informatif.
Pour ça on a déjà LCI, et là, au moins, il y a des pubs.
