Bovido (./26976) :
Mais pourquoi s’acharner avec l’idée d’« Europe » ou de fédéralisme ? On croirait un a priori indispensable. On peut imaginer une zone de pays différente, des accords « à la carte » de pays à pays, un mélange de ces idées d’exemple, et plein de chose intéressantes et diverses, ou même rien du tout...
Il y a plusieurs raisons :
- visibilité à l'international face aux (très) grandes puissances (Russie, Chine, USA...), et ce sur de nombreux points divers et variés (diplomatie, économie, stratégie militaire, sport, enseignement...) ; bien entendu, aujourd'hui, la plupart de ces points ne sont pas mis en valeur au niveau européen, et je le regrette.
- aspect symbolique de l'unité et stabilité diplomatique interne : il y a de fortes tensions latentes entre les membres de l'UE. Des tensions historiques, que (à mon avis) l'idée de construire quelque chose ensemble a permis de canaliser : il est plus "sain" (sur le plan relationnel) de se disputer sur ce qu'on va construire ensemble que de se battre pour être plus fort que l'autre. Là aussi, ça n'est pas gagné, mais je pense quand même que l'Europe a permis beaucoup de choses à ce niveau.
Fondamentalement, l'idée d'une Europe sur le modèle de l'Espagne et de ses régions me séduit assez. Après, la construction européenne s'est faite (à mon avis) sur de mauvaises bases :
- On n'aurait jamais dû utiliser le terme "Europe" ou "Européen" : ça nous contraint sémantiquement à un espace géographique qui ne correspond à aucune réalité sociale, économique, diplomatique... ça nous empêche de considérer un espace plus large (Afrique du Nord, Moyen-Orient...) ou plus réduit (comment refuser raisonnablement l'accession à ce qu'on appelle Europe à des états qui sont sur le sol de l'Europe ?).
- La construction européenne s'est faite en oubliant totalement la dimension sociale, humaine et populaire. Elle ne s'est même pas faite sur des fondements économiques, mais a débuté sur des fondements industriels et marchands, qui ont parasité et paralysé l'ensemble des décisions depuis au moins les années 80. La faute principale en incombe, à mon avis, à l'ensemble de la gauche européenne.
- L'UE manque cruellement de visibilité en matière de politique intérieure et extérieure. Parce qu'on n'a pas réussi à se dépêtrer des relations avec les USA (en particulier sur le plan militaire), parce que les institutions européennes ont des rôles flous pour le peuple, qui ne se sent pas intéressé par ces problématiques. Sur ce dernier point, l'absence de symboles est (là aussi, à mon avis) dramatique. Il manque une figure européenne fédératrice (qu'on soit d'accord ou pas avec la personne en question) et légitime. Une personne élue démocratiquement, par suffrage direct (à la française) ou indirect (pas tout à fait à l'américaine), voire (soyons fous, à y être) une personnalité ayant un rôle principalement diplomatique et symbolique (tel qu'un empereur d'Europe*).
Au lieu de construire l'UE par le bas, on a essayé de poser un toit sans s'inquiéter des murs porteurs et de l'état des fondations. Résultat, on est en train de se prendre les tuiles dans la gueule en cherchant à poser des bâches en urgence dans une structure où le vent s'engouffre de part en part. Ca, c'était juste parce que j'aime les images et que j'avais envie d'en mettre une, rien de plus

Tout ça pour dire que je suis pour l'Europe (idéalement, avec un autre nom, mais bon...), mais absolument pas pour le modèle politique qui s'est construit au moins ces 30 dernières années. Cela dit, je ne suis pas non plus profondément attaché à une Europe politique ; mais, dans ce cas, qu'elle ne fasse pas semblant de l'être (ce qui est le cas aujourd'hui). Que ça soit un regroupement de partenaires économiques, militaires, éthiques, agricoles, d'enseignement et de recherche, mais en supprimant alors totalement l’ingérence au sein des états membre (on pourrait cependant, c'est ce que j'appelle "partenaires éthiques", avoir des orientations globales communes sur le plan social, économique..., sur le respect de certains points - torture, peine de mort, par exemple...).
*Tiens, ça me fait penser que je voulais aborder un truc... je vais essayer de le faire dans plptp dans la journée...