Étrangement, cette cassette m’a tout de suite interpellée : jaquette jaune criarde, collection alléchante Blood Sport Festival, et un titre tout aussi improbable : La Vipère du Karaté. Le résumé m’a conforté dans mon idée. Je ne peux résister à la tentation de vous le reproduire ici (sic !):
Une fille de la jungle, jeune, jolie, mais primitive, est enlevée par trois hommes et l’un d’eux tombe sous le charme de sa beauté. La surprise est grande lorsqu’on découvre qu’elle a des serpents à la place des cheveux, ce qui provoque une immense frayeur dans son entourage qui la considère comme un démon.
La venue d’un quatrième homme, le patron de la bande veut soumettre la fille à des expériences inhumaines, ce qui fait jaillir la discorde dans le clan et devient le motif de violents combats au cours desquels la fille de la jungle fait preuve d’une étonnante agilité et d’une maîtrise extraordinaire. Fantastique frisant l’irréel, terrifiant à vous faire dresser les « serpents » sur la tête.
Résumé :
Qui est-elle ? D’où vient-elle ?
Improbable vipère,
Des temps modern’ .
Improbable vipère,
Des temps modern’ .
Tout commence par une musique digne des meilleurs Max Pecas : un mélange du curé nudiste à la plage et des nymphimanes bronzées : ça promet.
Trois randonneurs sont perdus en voiture au beau milieu de Jardiland… ah ?! non, on me signale dans l’oreillette qu’il s’agit d’une forêt, autant pour moi... Un nid de poule en travers de la route met fin à tous leurs espoirs : ils doivent finir à pied, c’en est trop, le suspens est insoutenable. Donc… ils s’enfoncent dans la forêt… Ben oui, pour le « travail », normal.
Puis c’est le climax : les trois chasseurs de papillons rencontrent accidentellement une amazone, élevée depuis sa plus tendre enfance par des Carl Lagerfeld sauvages : elle porte une perruque jaune fluo très disco et une petite culotte blanche sous des haillons simili-lianes des plus seyants, collection printemps-été. On fait connaissance, et oh renversement de situation, en fait, elle fait que de répéter tout ce qu’on lui dit : c’est sûr, elle a été élevée par des perroquets sauvages d’importation chilienne. En poussant plus loin l’exploration, les promeneurs découvrent qu’elle cache sous sa perruque des tuyaux d’arrosage en plastique : on a retrouvé la fille de Nicolas le Jardinier, dis donc ! Pour justifier le titre, on la fait se battre un peu, crier comme Tarzan, et rigoler comme une pimbêche. C’est sûr, ça évoque tout de suite les meilleurs films d’art martiaux du dernier siècle…
Ne sachant trop quoi faire, les badauds s’interrogent : est-elle humaine ou animale ? Car non, sans blague, c’est drôlement important pour la suite, de savoir ça. On sait jamais, dès fois que la SPA se décide à porter plainte pour mauvais traitements. Après un exposé développé en 3 minutes montre en main, ils décident de la capturer. C’est leur patron qui décidera. Ben oui, pacque leur patron, il est ‘achement méchant !
Pendant ce temps, l’amazone s’évade, et réussit sans coup férir l’épreuve du nid de poule ! Donc elle monte à l’arrière de la voiture, et, normal, se retrouve la scène suivante à l’avant. J’vous ai pas dit ? C’est elle qui a fait l’adaptation asiatique de la pub Fraîcheur Mentos.
Ça re-parlote, et vu que « Çachie » a le béguin pour la jeune fille, il décide de l’éduquer, en l’habillant, et il l’héberge chez lui, semble-t-il au rez-de-chaussé du QG de …Le Méchant. Et comme il est méchant, ben c’est plus fort que lui, il faut qu’il la capture pour lui faire subir des expériences euh « inhumaines », tout ça ; c’est syndical, quoi. Mais l’amazone, qui s’appelle maintenant Amy, était la fille cachée de Hulk ! Alors quand elle serre la main de Le Méchant il a très mal. Amy multiplie les talents et manipule aussi les lassos à la perfection, ce qui lui permet d’une part d’échapper à Le Méchant, et en plus de sauver son nouveau pote Bob, qui tentait de battre un record, suspendu par deux doigts à un câble électrique à 20 mètres du sol. Bob est plutôt grand et mince (donc c’est tout sauf un nain gras), et on comprend qu’il lui revaudra ça. Je ne vous dit pas comment, ça vous fera une surprise, au moins.
Soudain ! Amy s’échappe à nouveau. J’irai pas jusqu’à dire qu’elle est en vrai la fiancée d’Houdini, mais c’est pas loin. Elle part en courant, mais ne peut s’empêcher de s’arrêter en chemin pour aider un pauvre maçon à construire une maison. Ça vaut le détour ! Puis elle arrive par un passage astral en finale du championnat de judo et le remporte en montrant son nouveau string noir ; se cache dans un café où elle se déguise en serveuse puis en racoleuse, et s’échappe une dernière fois avec son costume d’origine. J’ai eu beau chercher dans les crédits, ils ont tout simplement oublié de citer Arturo Brachetti !
Fâché que la jeune fille lui ait échappée, Le Méchant se venge en jouant au golf pendant qu’Amy batifole dans l’herbe avec Çachie . Là, ils veulent nous faire croire qu’Amy a été élevée par Flash car elle court plus vite que son ombre, mais c’est même pas vrai, d’abord, car c’est truqué ! Alors comme le Scénariste était à court d’idée, et que le Méchant ne joue pas le jeu, il décide que c’est Amy elle même qui doit se livrer. Et là, l’expérience peut commencer. Ce n’est pas une expérience ordinaire, c’est inhumain, c’est atroce, c’est monstrueux, on, l’enferme dans une cage en aluminium qui fait des explosions quand elle en touche les barreaux ! Elle a été élevée par des Pikachu sauvages ou quoi ? Elle s’échappe encore et décide de déclarer sa flamme à Çachie, en parfait français, s’il vous plait, et d’ailleurs elle lui annonce son intention prochaine d’entamer une thèse de littérature comparée à la Sorbonne. Le Méchant revient à la charge. Mais cette fois, ça ne rigole plus ! Les combats d’arts martiaux au trampoline qui suivent sont parmi les meilleurs qu’il vous sera donné de voir. Ils mélangent avec un savant dosage des inspirations de films d’arts martiaux et de vidéos cassettes de remise en forme, le tout sur une musique très camping.
La dernière demi heure est fantasmagorique. Pour retrouver Amy, le Méchant passe une annonce dans le journal, d’où il déniche un médium travesti capable de dissocier sa tête de son corps. C’est important, car de cette façon ils se retrouvent tous dans un entrepôt désert, où le Méchant menace Çachie . La ça chie plutôt dans la colle, mais les amis de la femme tuyau d’arrosages arrivent : de vrais serpents drogués d’importation vifs comme l’inspecteur Derrick (C’était donc ça, c’est bien dans Fort Boyard que j’avais déjà vu cette actrice !) Heureusement, ils peuvent compter sur le soutien de la petite fille de Hulk ! La fille d’Amy possède l’attaque de la danse du ventre qui tue et du tuyau d’arrosage projectile . Le film s’achève sur un combat géant dans l’entrepôt, qui mélange allègrement scènes d’horreur et joyeuse histoire d’amour . C’est d’ailleurs une nouvelle fois ce sentiment divin qui aura raison de Le Méchant et sauvera nos jeunes héros. Ils vécurent heureux et eurent plein de petits tuyaux d’arrosage.