Hippopotame (./88) :
Parce que les polythéismes finissent (quasi) toujours en monothéismes ?
Bof, je ne vois pas de mouvement évident ni dans un sens ni dans l'autre.
Ah ? Pourtant c'est ce qu'on voit dans toutes les religions antiques (et je pense que ça peut s'appliquer au bouddhisme ainsi qu'aux religions d'Amérique du Sud) : tu pars d'un panthéon limité aux divinités liées à la nature (profondément animiste). Il y a un éclatement du bestiaire extraordinaire avec un rapprochement à la condition humaine (explosion des divinités en Grèce et en Égypte ; les divinités anciennes se divisent, se "spécialisent" et vont au contact des humains, avec des problématiques humaines). Et enfin, la sélection d'une divinité (en général une divinité solaire ou puissante) qui verse dans le monothéisme (Zeus, Amon-Râ, Jupiter...).
Pour reprendre mon propos, rn règle générale, quand une religion a son panthéon qui explose, c'est que la religion quitte le domaine du sacré pour rejoindre le folklore populaire. L'essence de la religion se dissout alors dans les besoins mystiques du peuple, autour de contes et de légendes. C'est ce qui est arrivé au christianisme au M.Â. (pour ça, on est d'accord). L'étape suivante étant la resacralisation de la religion pour un retour ou une mutation vers le monothéïsme (ce qu'a provoqué la réforme Calviniste pour le christianisme, et ce qui est arrivé aux religions antiques). Bon, j'ai l'impression de me répéter, mais je suis persuadé que ce mouvement est aussi ce qui tue une religion, en la rendant plus "élitiste", moins populiste (avoir des contes, des légendes et des miracles à portée de main et proches des humains, c'est quand même sacrément vendeur !).
Souane (./90) :
Nil, qu'appelles-tu sacré ? Ce que je veux dire par là, c'est "comment définirais-tu le sacré pour qu'il puisse s'appliquer à tous, croyants ou athés ?"
Une sorte de révérence respectueuse. Pas de l'idôlatrie, au contraire. Mais quelque chose qui n'est pas commun, qu'on doit manipuler avec délicatesse et respect. Comme s'il s'agissait de quelque chose de "fragile". C'est, en tout cas, quelque chose qui n'est pas utilitariste.
Personnellement, je pense qu'à désacraliser ce en quoi croit l'homme (que ça soit la religion, la science ou les deux), on désacralise l'homme. Je vais prendre l'exemple de la science (qui n'est pas une religion, mais pas besoin d'être lié à la religion pour être sacré, hein). On en a fait quelque chose d'utilitariste, qu'on n'hésite pas à malmener, à rabaisser, à reléguer à un outil. On lui retire sa poétique, son côté passionnel et, au final, c'est l'homme qu'on fait basculer dans l'utilitarisme.
Bon, j'imagine que ça va faire couler du pixel, mais je suis intimement persuadé de ça.