Est-ce que le marketing est un truc magique qui peut vendre n'importe quoi à n'importe qui dans 100% des cas ? Bien sûr que non.
Est-ce que c'est plus facile quand ce qui est à vendre correspond aux attentes des clients ? Bien sûr que oui.
Est-ce qu'on peut en conclure que globalement ça n'a pas d'effet notable ? Clairement pas.
Transposé à une autre domaine, ce serait comme dire que "la propagande ne marche pas, au final la population suit ses propres intérêts", alors qu'il y a de nombreux exemples historiques qui montrent le contraire.
Ou alors c'est que tu poses comme axiome "si les gens font un truc, c'est qu'ils le veulent, par définition", mais dans ce cas on retombe dans un raisonnement circulaire.
Tu dis : pourquoi est-ce qu'Apple vend moins de tablettes et de montres que de téléphones ?
Je te réponds : pourquoi devraient-ils en vendre autant ?
Parce qu'ils aimeraient bien ? Les espérances de ventes ne sont pas un critère objectif : on peut être aussi optimiste ou pessimiste que l'on veut.
Parce que c'est moins cher ? Ça ne tient pas : ce n'est pas le même produit. La quasi-totalité des gens qui ont une tablette ont aussi un téléphone, qui peut déjà faire tout ce que fait une tablette ou presque (avec un confort moindre, certes). À l'inverse, on ne peut pas remplacer une tablette par un téléphone.
Ce qui serait pertinent, c'est de savoir combien Apple en aurait vendu sans leur marketing (si le même produit avait été présenté par une marque inconnue, avec une campagne de pub purement factuelle, etc.). Évidemment c'est difficile de le savoir, mais on peut comparer avec les concurrents pour avoir une idée. Pour l'Apple Watch, tu dis qu'elle ne se vendait pas au début... peut-être au regard des ventes d'iPhone, mais si on compare au secteur des montres, c'est loin d'être un échec (et ce n'est pas pour rien si les concurrents ce sont lancés sur le même marché).
flanker (./15776) :Ah, mais c'est justement là qu'une boîte comme Apple est forte en marketing. Ils ont toujours une explication publique pour justifier leurs choix, en mettant en avant que c'est pour l'intérêt de leurs clients.
Là, tu fais comme si ces suppressions n'amenaient rien. C'est faux : ça permet d'avoir un téléphone plus léger ou avec une meilleure autonomie en échange.
Mais est-ce que le gain en autonomie et en finesse valait le coup de perdre une fonctionnalité ?
Était-ce le seul compromis possible ? Est-ce qu'il n'y a pas des concurrents qui arrivent à concilier les deux ?
Et surtout, au-delà de l'explication qui peut être plausible (ou même vraie), est-ce la raison réelle qui a motivé le choix ?
Prenons la connectique des iPhones, par exemple. L'argumentaire d'Apple pour avoir un écosystème propriétaire, c'est :
1) pour l'innovation. C'était admissible à l'époque où c'était Lightning vs. micro-USB 2.0, ça n'a plus vraiment de sens maintenant.
2) pour "la protection des consommateurs". En pratique, rien ne montre que les utilisateurs de téléphones Android soient davantage en danger que les utilisateurs d'iPhones. Et ça n'empêche pas non plus les contrefaçons de blocs secteurs d'iPhone (qui, pour le coup, sont parfois réellement dangereuses pour l'utilisateur) de pulluler sur le marché.
Pourtant ils continuent, en traînant au maximum les pieds pour adapter l'USB-C. Pourquoi ? Parce que leur connectique propriétaire impose aux fabricants de leur reverser des royalties, et que le marché des accessoires a des marges plus confortables que celui des appareils complexes comme les téléphones. Et ils n'ont aucune envie de se priver d'une telle source de revenus. C'est aussi simple que ça.
(et n'allez pas penser que je cible Apple spécifiquement : je suis certain que Samsung rêverait de faire pareil s'ils le pouvaient.)
Encore une fois, le procédé n'a rien de nouveau, ni de spécifique à Apple. Les politiciens font ça depuis la nuit des temps : ils convainquent la population que la loi qu'ils veulent faire passer va résoudre le problème X, et que c'est donc dans son intérêt de les soutenir... et quelques temps plus tard, on apprend que la loi a surtout profité à un industriel qui se trouve (par le plus grand des hasards) être un copain du politicien en question.
Et pour faire un autre parallèle : est-ce que tu penses que si les gens acceptent, voire défendent, aujourd'hui sans sourciller des pratiques qui auraient fait scandale il y a 30 ans (disons, au pif, sur l'utilisation et la dissémination à tous les vents de leurs données personnelles), c'est juste parce qu'ils ont progressivement décidé d'eux-même que "bof, finalement, c'est pas bien grave" ?
Ou c'est parce que des forces extérieures, politiques et commerciales, ont tout fait pour les orienter dans cette direction, progressivement, à petites touches, en leur expliquant que c'était dans leur propre intérêt ?
Penser que l'individu moyen peut faire jeu égal face à des acteurs qui disposent de spécialistes du marketing, de la psychologie, et de toutes les techniques de manipulation d'une manière générale... c'est un biais dangereux.
(désolé pour le post long et un peu décousu)