Kevin Kofler (./1165) :
1. La nourriture aux alentours de Fukushima reste contaminée.
Les produits impropres à la consommation sont retirés de la vente.
Personne ne peut dire combien de morts et de malades cela produira
Mais, si on peut. Faut pas être obscurantiste comme ça.
On connait bien les effets stochastiques des radiations :
- aucun effet en dessous de 100 mSv instantanés
- au delà de 100 mSv, une probabilité de cancer d'à peu près 4% par Sv.
On peut donc estimer l'ordre de grandeur de l'impact sanitaire (qui touchera essentiellement les travailleurs sur le site de l'accident).
Quand je disais une demi douzaine de morts j'avais en tête cet exposé du professeur Aurengo (quelqu'un de très bien, au passage), le mois dernier, dans le cadre de l'
AFIS :
http://www.dailymotion.com/video/xrn3c0_nucleaire-enjeux-et-debats_tech(bon je poste le lien parce que je l'avais sous la main, l'intervention d'Aurengo est bien mais c'est très long, on peut trouver les mêmes informations sous forme texte ; en tout cas les résumés des effets comparés de tchernobyl et fukushima se trouvent à 1:16:40 et 1:36:20)
2. La diffusion des déchets ne s'arrête pas magiquement à 30 km de la centrale.
La contamination (le terme de déchet est impropre) est bien cartographiée.
Il y a une "plume" orientée vers le nord-ouest, d'environ 50 km de long et de quelques kilomètres de large, où la dose annuelle dépasse 20 mSv/an.
20 mSv par an c'est nettement plus que la radioactivité naturelle au Japon, et un peu moins que la radioactivité naturelle maximale dans le monde (par exemple au Kerala).
Il y a notamment eu des taux de radioactivité hors norme à Tokyo, mettant à risque des millions de personnes.
Non.
Mais où vas-tu pêcher de telles bêtises?
Et s'il n'y avait pas eu des commandos kamikaze de pompiers de Tokyo à jeter de l'eau sur la centrale pour sauver leur ville
Il n'y a pas eu de commando kamikaze (qu'est ce que c'est que cette invention encore?).
Tu dois confondre avec les pompiers de Pripriat qui ont été éteindre l'incendie du coeur à Tchernobyl.
On mesure bien le risque qu'ont pris les intervenants en comptant le nombre de personnes victimes du syndrome d'irradiation aigue : plus de 200 à Tchernobyl, aucun à Fukushima.
Tokyo aurait pu être légèrement touchée ; ça ne dépend pas d'un quelconque héroïsme des pompiers, mais de la direction du vent.
(pompiers qui d'ailleurs ont pris une dose énorme de radioactivité et dont la santé à long terme est donc aussi fortement en danger)
Non.
Fortement en danger = syndrome d'irradiation aigue, et il n'y en a pas eu.
Il faut quand même rappeler que les effets stochastiques de la radioactivité (cancers radioinduits) dont on fait tout un foin, c'est, à l'échelle d'un individu, assez mineur. On n'est pas "fortement en danger" parce qu'on a été exposé à 200 mSv.
Si les effets stochastiques inquiètent, c'est parce qu'on craint qu'ils puissent toucher une large population (=> 7000 cancers autour de Tchernobyl), pas parce qu'individuellement le danger est important.
Bon mais sinon, si tu veux des chiffres exacts et pas du FUD, les doses reçues par les intervenants sont publiques. C'est à partir de ces données qu'on peut prévoir un ordre de grandeur d'une dizaine de cancers, comme dit plus haut.
il y aurait eu des millions de personnes en danger!
Dans le cas de Tokyo, sans doute pas.
On ne peut sans doute pas raisonnablement déserter une mégapole de 30 millions d'habitants, il aurait donc fallu faire avec la contamination. On aurait donc avalé notre chapeau, et accepter de vivre avec un dépôt de Cs137 somme toute inoffensif. Pour l'exposition à l'iode, à court terme, c'est plus embêtant, mais les doses de fukushima ne sont pas celles de tchernobyl, l'iode stable était prête, et les japonais sont moins sensibles à l'iode 131 que les ukrainiens.
Par contre on peut se demander quelles auraient été les conséquences si Kiev s'était trouvé sous le vent, en 1986...
Ce n'est pas un problème purement local
Pourquoi? Bien sûr que c'est un problème local.
Bref, tes chiffres de 3 à 6 (demi-douzaine) victimes ne sont pas du tout crédibles, et en tout cas, il y a eu un risque énorme que ce soit pire.
Tu peux répéter ça tant que tu veux en pleurnichant, ça n'en fera pas une vérité.
La science a des choses à dire sur l'effet des radiations, il faut examiner ce qu'elle dit et non sauter comme un cabri en répétant toutes les prophéties de fin du monde que tu peux lire.
Et justement, ce que Fukushima a montré est qu'une catastrophe nucléaire type Tchernobyl
Fukushima n'est pas une catastrophe de type Tchernobyl.
Pas le même type de réacteur, pas le même contexte, pas le même déroulement de l'accident, pas la même gestion, pas les mêmes conséquences.
peut se produire à n'importe quel moment suite à une catastrophe naturelle, même dans un pays moderne et organisé comme le Japon.
Ce que Fukushima Daichi a montré, c'est que quand on a :
- une centrale vétuste, bientôt décommissionnée
- un exploitant semi-véreux
- une agence de sûreté nucléaire trop faible
- une catastrophe naturelle d'une ampleur très supérieure à tout ce qu'on avait imaginé
(les trois premiers points étant corrigibles)
Alors le nombre de morts causés par cette catastrophe naturelle peut être multiplié, à cause du nucléaire, par 1.0005
Il n'y a pas que le bilan humain, un tel accident est très coûteux
D'autre part la bonne tenue de la centrale voisine de Fukushima Daini a montré que même avec toutes les circonstances défavorables listées plus haut, l'accident grave n'est pas une fatalité, les centrales résistent au delà de ce pour quoi elles sont conçues.
Fukushima a donné une image de ce qu'est un accident grave "typique", davantage que Tchernobyl (qui est une catastrophe trop particulière pour être exemplaire) ou Three Mile Island (qui n'était pas si grave que ça).
Le bilan de l'accident montre 1) à quel point le nucléaire est peu dangereux, beaucoup moins que les folles rumeurs qui circulaient 2) qu'on a de larges marges de manoeuvres pour le rendre encore plus sûr.