Pour changer un instant de ton, voici une petite anecdote : venue me voir depuis Paris pour quelques jours à Limoges, mon amie repart ce dimanche midi. Soucis, c'est qu'en vérifiant les horaires, son train est déclaré comme étant annulé, rapport aux grèves. Il n'en faut pas plus pour la mettre en colère, elle pour qui les cheminots sont de grosses feignasses qui n'en branlent pas une et en veulent toujours plus (elle ne lance pas cela façon discussion de bistro, mais pour avoir eu des agents SNCF dans la famille). Autant dire qu'elle était très remontée en milieu de semaine.
– Ah ils vont voir, je vais passer demain à la gare, et y'a pas intérêt à ce que j'ai du retard
Mon amie s'inquiétait en effet de rentrer tard et de faire une mauvaise rencontre dans son quartier, la RATP n'assurant pas son secteur ce jour là. En consultant la SNCF depuis leur site web, confirmation, son train est bien annulé
– Demain ! demain j'y vais, et ils ont intérêt à me trouver une solution, sinon je hurle.
J'essaie de la calmer, que ce n'est pas la faute des gens de l'accueil, qu'ils doivent déjà s'en prendre plein les dents, mais non. Le lendemain, je la conduis à la gare. Malgré le froid, elle fulmine.
– Je vais les taper moi ! ils vont me refiler un horaire pourri... et comment je vais faire moi après ? je devrais partir samedi, au moins je serais sûre de mon arrivée.
On arrive à la gare, mais elle n'a pas décoléré pour autant. Elle se dirige si vite vers les billets que je dois presser le pas pour la rattraper. Petite pause, il y a la queue. Elle profite de cet arrêt forcé pour récupérer tout ce qu'elle peut leur jeter à la gueule une fois devant un vendeur. On pourrait presque sentir une dépression atmosphérique s'installer au-dessus d'elle. Finalement une caisse s'ouvre au moment où nous sommes en tête de file, elle s'y dirige sans plus attendre, moi à lui frotter le dos dans l'espoir de l'apaiser.
– Voilà blablabla, ceci est mon billet, blabla grève, blabla je fais quoi ?
L'œil vif, elle s'apprête à bondir à la moindre contrariété pendant que la vendeuse consulte rapidement son ordinateur et lui répond :
– Vous partez à XX ? vous pouvez alors prendre le XX, qui part 3 minutes avant votre billet, on l'a installé exprès.
– Hein ? euh... je dois changer mon billet ? (elle avait aussi sous le poing qu'on pouvait lui demander de payer la différence)
– Non non, présentez celui-ci, le contrôleur comprendra.
– Ah... mais il arrive à quelle heure aussi ?
– Et bien, à XX (1/2h avant le train qu'elle avait au départ)
Remerciements, tigresse calmée. Comme quoi une grève peut (parfois) être bénéfique pour l'usager
