./37589 > Moui enfin tu réponds complétement à coté de la plaque. La neutralité de la technique est une banalité candide, qui date philosophiquement de Gorgias au moins, et qui a été démontée depuis longtemps. Présenter la technique comme neutre, c'est surtout refuser de penser le lien entre la technique et l'homme, c'est-à-dire, à quelque chose près, refuser de penser l'homme (car on est l'animal technique par essence)
La technique
en elle même semble neutre (elle ne porte pas de valeurs morales etc. ), mais la technique
en elle-même n'existe pas; elle existe comme invention de l'homme, usage d'une société, élément de médiation entre les hommes ou entre l'homme et le monde. La technique nous fait effectivement changer de regard sur le monde, et nous fait changer d'organisation sociale. (par exemple : c'est difficile d'imaginer une société complexe sans agriculture; de même on imagine difficilement une société moderne d'individus atomisés sans aucun moyen de communication électronique, ou une religion monothéiste sans écriture, etc. )
Évidemment tout cela n'est pas nouveau... La thèse d'Ellul, là dedans, c'est de dire qu'il y a une sorte de saut qualitatif de son vivant : on serait passés d'une technique qui était simplement un ensemble de moyens pratiques, utiles pour telle ou telle fin comme un outil, à une technique d'une telle nouvelle ampleur qu'elle refaçonnerait tout notre environnement, en même temps qu'elle devient indiscutable car sacralisé (via la religion des lumières et du prétendu rationalisme )
Je pense qu'il a assez raison (surtout sur le coté sacralisé), mais il idéalise trop le passé. Y'a déjà eu nombre de sauts quantitatifs très importants qui ont changé notre monde et notre rapport au monde ( pour faire vite : agriculture, écriture, imprimerie).