J'ai mis ce post dans la section débat, mais à vrai dire il s'agit plus d'une réflexion quant au devenir de l'université selon le modèle français.
En effet je suis actuellement au Canada (au québec), et ma curiosité me fait comparer un système que je maîtrise (relativement) correctement et un tout nouveau modèle pour ma part. Eh bien le premier sentiment qui me traverse quand je compare le modèle anglo-saxon et le modèle français dans lequel j'ai toujours été scolarisé, c'est celui de la déception... je m'explique.
Les français ont voté en mai dernière pour une orientation politique qui veut faire de l'enseignement et de la recherche en France un modèle proche de celui qui existe au Québec. Eh bien à tous ces gens qui ont cautionné, ou qui vont le faire par le vote qu'ils ont exprimé, au cours des 5 premières années, je souhaiterais qu'ils puissent voir comment se passent les études et la recherche dans le système anglo-saxon que nous ont tant et tant vanté notre nouveau président et son gouvernement.
Ici, tous les 3/4 des étudiants ont un crédit, qu'il mettront en moyenne 5 à 8 ans à rembourser, sous conditions de trouver un emploi à la sortie de leurs études. Ici, les étudiants payent entre 1200 dollars et 5000 dollars pour un semestre (il leur en faut trois par année pour valider une licence parfois). Ici le RU n existe pas, un repas correct est aux environ de 5 euros. Ici, les polycopiés sont payants entre 10 et 70 dollars par cours. Ici, le sport coûte 180 dollars le semestre. Ici les ordinateurs pullulent, mais une impression coûtent 8 cents, de même pour la photocopie. Ici on paye pour imprimer son mémoire (au minimum 120 pages en 3 exemplaire).
Voilà pour les étudiants.
Ici, la quasi totalité des cours de licence sont faits par des chargés de cours, qui sont des profs payés au cours... non titulaires bien sur. Ici, un enseignant pour le lycée et le collège va avoir l'équivalent d'un bac +1,5 dans les études qu'il va enseigner. Il sera très bon pédagogue, mais il ne sera pas plus que ses élèves un peu érudit, sur son enseignement. Ici, les étudiants vont faire grève contre la hausse des frais d'inscriptions car comme partout dans le monde et notamment en France, c'est la solution la plus simple et la seule à laquelle veut réfléchir le gouvernement.
Ici, les chercheurs envient le CNRS, que nous nous apprêtons à détruire. Ici, ils adorent l'idée que ce soit un enseignant issu de l'université qui devienne président (le cas des université françaises), et pas n'importe quel quidam sortie d'une HEC.
Ici on aime le système du CROUS, avec ses bourses sur critères sociaux, ses RU, ses cités U. Ici, pour que l'université soit rentable, il faut adapter ses cours à l'attente des étudiants... Quand Robin des Bois avec Kevin Costner est sorti, ils ont ouvert des cours d'histoire médiévale afin de satisfaire le consommateur d'études.
Bref, ici le modèle permet d'engranger de gros budgets avec d'énormes ressources, mais le problème reste le même. Celui qui en pâti, c'est l'étudiant...
Alors je peux vous dire que je suis heureux d'avoir fait mes études en France, et de les poursuivre ici, et que nous n'avons pas à complexer d'une soi-disant supériorité du niveau universitaire... il est juste différent !! Alors à mort Shanghai et son classement sans fondement (si, il y en a un, mais il ne correspond pas à nos critères d'enseignement et d'éducation).
L'éducation et la recherche ne sont pas des marchandises comme c'est le cas ici. Nous avons une chance de pas faire les mêmes erreurs que nos amis anglo-saxons.
Merci à ceux qui ont eu le courage de lire...

[correction de 2-3 fautes de frappe
