pal0uf (./957) :
Pour moi le capitalisme peut se concevoir sans accumulation monétaire, étant donné que la monnaie est simplement une sorte d'abstraction des formes que le capital peut prendre concrètement. L'accumulation monétaire est le résultat naturel du capitalisme dans une société qui fonctionne avec de la monnaie (donc depuis des milliers d'années).
Mais c'est une conception très abstraite... car historiquement la monnaie apparait toujours en premier, dès le néolithique, et c'est elle qui permet la première transformation capitaliste, l'apparition des cités, rois et empires, permis par une accumulation centrale.
On peut poser la question autrement : sans accumulation, pas de capitalisme. Et que pouvait-on accumuler à l'époque, utile et/ou qui conserve sa valeur ? Bha des trucs genre métaux/coquillages/whatever, c'est-à-dire de la monnaie ! ( car accumuler des jeûnes vierges ou de la viande rouge, ça a ses limites).
Dire que la monnaie est une simple abstraction du troc, c'est sauter une étape qualitative, et ne pas voir que ça a tout changé. Car le principe du troc, ou du don/contre-don, est l'égalité de valeur des objets échangés, en quantité limité. Bref, avec du troc dans une société fermée, personne ne s'enrichit, on se répartit simplement mieux les objets. Avec du troc tu ne peux pas accumuler indéfiniment, etc. (surtout qu'en réalité c'était plutôt du don/contre-don ritualisé que du troc moderne "commercial" ). Mais dès que l'on introduit la monnaie dans une société plus ouverte (qui a des contacts avec l'extérieur), on peut acheter un objet à un prix donné et le revendre plus cher => accumulation et naissance du capitalisme.
Par ailleurs ça permet de voir que le capitalisme est l'institutionnalisation du vol, puisque par définition dans l'échange précédent, une partie au moins a fait un échange non-équitable.
pal0uf (./957) :
Ouais, j'ai remarqué que les anticapitalistes radicaux ont des tendances au délire et à l'utopie (KK?)
Sauf que cette fois-ci c'est un délire sympathique, puisque nostalgique. Je crois qu'au fond de tout homme libre il y a cette vague nostalgie de la dernière époque où l'homme était libre, le paléolithique. Le néolithique, en inventant la monnaie et l'agriculture, invente l'esclavage et l'état-religion, et depuis nous sommes tous des esclaves (et de l'état et du système de production)
pal0uf (./957) :
Euh, je pars du principe que les gens ont le droit d'échanger leurs biens, quelle que soit leur forme, effectivement. Sans risquer la pendaison. Je n'imagine pas de système économique vivable pour ses acteurs sans ce droit (même s'il est régulé, évidemment)
Le développement de nitro est intéressant, la propriété d'usage existe certainement depuis les débuts de l'homme, mais la propriété lucrative est tout autre chose.
Tu parles d'un "droit", mais en réalité c'est aussi une question d'opportunité et de mentalité. Dans beaucoup de civilisations traditionnelles, pour le commun des mortels, et en dehors des biens de consommation (nourriture etc.), la propriété était d'évidence la propriété d'usage. Personne n' "achetait" une maison, chacun construisait la sienne ou entretenait celle héritée de ses parents : l'idée même d'acheter pour revendre plus cher ne leur venait pas à l'esprit (et le premier qui auraient fait ça aurait eu beaucoup de soucis à se faire, souvent l'usure était très mal considérée

)
Bref tout pleins de domaines étaient, par le passé, gardés en dehors de l'échange monétaire, essentiellement par les us et coutumes, en tous cas pour une grande majorité de la société. Le grand mouvement du capitalisme, c'est de progressivement convertir tous les échanges humains en échanges monétaires.
Avant tu rentrais chez toi, et ta femme faisait à manger pour la famille; maintenant un mec célibataire électricien va au flunch où une employée divorcée va lui servir à manger. Le lendemain elle va faire venir un électricien pour lui changer deux ampoules chez elle...
Les gens ne sont pas plus heureux mais ça fait plus de PIB et de profits, puisque c'est monétisé.
De là on en déduit facilement que le mouvement "naturel" du capitalisme, s'il n'est pas fortement limité et tenu en laisse, est de détruire un peu près tout des mœurs, croyances, pratiques et relations entre humains le précédent, pour établir une grande société de l'indifférenciation et la consommation monétisée. C'est déjà ce qu'il s'est passé lors de la révolution du néolithique (qui commence par une révolution industrielle), c'est de nouveau ce qui se passe depuis la révolution industrielle moderne.
D'ailleurs, comme à l'époque, ça s'en est suivi d'un accroissement et d'une concentration des pouvoirs de l'état simultané à un accroissement démographique, avec pour résultat naturel guerres et massacres à la chaine.
tl;td : un vrai anticapitaliste conséquent doit prôner le retour au Paléolithique. Kevin, ça commence par jeter son ordi !