iwannabeasushi (./892) :
Je suis philosophiquement libéral, d'où mon libéralisme économique, et pas l'inverse...
Oh que non.
Tes positions sur un autre topic, ou tu souhaites conditionner le maintien de la nationalité (donc l'égalité des droits) à un certain type, contrôlé par l'état, de vie sentimentale, te place très loin des principes de la démocratie libérale. Quand je te l'avais fait remarquer, tu avais sorti un quelconque poncif anti-libéral (style "trop de liberté est l'ennemi de la liberté") avant de glisser prudemment...
Et même les keynesiens reprennent ce postulat de base de la théorie économique.
Puisque j'y pense, les néo-keynésiens actuels ne représentent pas, comme ils le prétendent, une pensée keynésienne modernisée, qui aurait dépassé et mathématisé la Théorie Générale.
En fait quand on regarde de près ce sont plutôt des keynésiens immatures, qui refont peu à peu le cheminement intellectuel de Keynes dans les années 20. Ils en sont au stade du Traité sur la monnaie (1930), bien loin des avancées de 1936 dont Keynes a du admettre la légitimité après l'aggravation de la crise.
Ce sont tes distorsions de la concurrence qui pénalisent le plus grand nombre.
C'est bien pour ça qu'à l'intérieur d'une zone homogène, qui a une identité politique et qui est protégée de la concurrence extérieure, il faut instaurer le libre échange.
Et j'admets que l'Union Européenne aurait un sens si elle pratiquait toujours un tarif extérieur commun substantiel et si elle avait une politique industrielle.
Les montagnes de dette qui sont l'héritage du keynesianisme dont tu te revendiques !
Mais non, les dettes ne datent pas des trente glorieuses, mais du monde néo-libéralisé en régime de libre échange qui s'est mis en place après 1970, avec une accélération dans les années 80 puis 90. Je te rappelle que ce sont les tiens qui sont au pouvoir, et depuis pas mal de temps.
Il y a une grande hypocrisie des néo-classiques là dessus : en vérité les montagnes de dettes sont consubstantielles à ce modèle économique. La demande étant structurellement inférieure à l'offre, et la politique néolibérale cherchant à comprimer la demande autant que possible, soit on accepte la "créativité" financière pour soutenir malgré tout une demande minimale, soit c'est la contraction immédiate.
Je ne nie pas l'efficacité des relances de type keynesienne pour autant,
Il n'y a pas de relance keynésienne possible en économie ouverte. L'exemple le plus éclatant, ça a été la balladurette, puis la jupette, dans les années 90, qui n'ont servi qu'à subventionner indirectement l'industrie automobile allemande.
Et bien entendu il n'y a pas de relance monétaire possible dans le contexte européen.
le keynesianisme pur n'est pas plus parfait que la théorie néoclassique pure.
Il n'y a pas de keynésianisme pur, les pensées keynésiennes et listiennes sont des visions pragmatiques et souples du monde économique.
D'ailleurs le tableau peint par List dans l'introduction du Système national d'économie politique s'applique à Keynes, un siècle avant la théorie générale.
Protectionnisme éducatif en Europe ? C'est ridicule d'avancer ça. Autant c'est la seule exception valable à la règle du libre-échange, autant ce n'est pertinent que pour des pays extrêmement en retard type Rwanda ou Zimbabwe...
Non, c'est une vision malthusienne et statique que tu as là.
L'économie est *toujours* en développement.
Il faut avoir vis à vis du protectionnisme une approche dialectique. Le libre échange est toujours un idéal universel vers lequel on doit tendre. D'autre part il apparaitra toujours des déséquilibres économiques et des secteurs nouveaux que l'état doit protéger d'une concurrence trop destructrice. La politique commerciale doit osciller entre ces deux pôles, ouvrir et fermer tel secteur, tel marché, au rythme des évolutions économiques.
La régulation financière n'est en revanche pas un obstacle à la concurrence si elle est au moins européenne et idéalement mondiale.
Mondiale, espérons-le, européenne j'aimerais bien mais c'est visiblement impossible, en attendant on peut commencer en France, puisque nous avons la chance de ne pas avoir d'industrie financière hypertrophiée comme en Grande-Bretagne.
Mais ta régulation financière par l'AMF seule dans son coin, ça me fait bien marrer. La City te remerciera.
Oh, ce n'est pas très grave.
Je ne jalouse pas l'industrie financière britannique, qui créé du papier et des chiffres plutôt que de la valeur réelle. C'était peut être vachement hype il y a dix ans, mais ce n'est pas ça qui leur procurera des patates dans dix ans.
En revanche une régulation par l'Europe à toutes les chances de réussir, d'autant plus que les Etats Unis et Obama sont décidés à agir de leur côté.
Une régulation européenne marcherait certainement, mais elle n'aura pas lieu. Les États-Unis non plus ne feront rien de concret.
Avec notre finance française qui pèse 5% du PIB, on peut décider de réguler. Mais la Grande Bretagne ou les USA ne peuvent pas accepter un dégonflement de la mafia financière, s'ils le faisaient ils se porteraient un coup fatal. Leur intérêt à court terme (mais ils ne peuvent pas y échapper) est de remettre en route la pompe à finance. C'est pourquoi il ne faut pas avoir une vision trop consensuelle et coopérative de la régulation financière mondiale : derrière, ce sont des enjeux nationaux très forts qui s'affrontent.
le déséquilibre que tu pointes du doigt est un sophisme car avant ils étaient tous égaux car pauvres. Aujourd'hui il y a 300 millions de chinois dans la classe moyenne. Alors oui, le coefficient de Gini s'est dégradé, mais tout le monde vit mieux (et plus longtemps !).
Je ne te parle pas de déséquilibre interne mais de déséquilibre commercial.
Enfin, je trouve une certaine ironie à te voir parler de "dogmes périmés", parce que l'Etat nation, ça commence à sérieusement dater...
C'est très neuf au contraire. L'état-nation démocratique et social achevé, ça date de ~1950 en Europe, et de... maintenant dans la plus grande partie du monde.
La prospérité économique liée à mes méchantes thèses libres-échangistes et néolibérales d'ailleurs.
Mais non, le décollage économique est endogène.
Tu parles de renouveau des nations alors que c'est juste la conséquence de la décolonisation.
Exactement : la décolonisation est un nouveau printemps des peuples, comme le printemps des peuples de 1848 et le réveil des nationalités s'est fait contre les grands empires.
Donc oui le futur ce sont les grands blocs régionaux.
Le système mondial qu'on peut souhaiter est effectivement un découpage en grands blocs continentaux homogènes et commercialement protégés.
La seconde a surtout été nécessaire à la première...
Non ça c'est une légende d'une grande naïveté. Ça sert de mythe fondateur à l'UE mais c'est complètement à côté de la plaque. Les conditions de l'Europe en 45 étaient telles que la guerre n'était plus possible, tout simplement, et pour longtemps.
- La guerre en Europe était due depuis un siècle à l'agressivité allemande, or le discrédit moral définitif, la dénazification et le découpage en deux états ont mis pour longtemps entre parenthèses la question allemande.
- Il est totalement impossible de faire la guerre à l'ombre des géants russes et américains.
- Les nouvelles conditions psychologiques ont de toute façon écarté la guerre des politiques européennes possibles. La fin des idéologies radicales, le triomphe de la sécurité sociale et de l'économie régulée, la cohésion nationale retrouvée par l'expérience de la guerre, ont fabriqué des sociétés européennes raisonnables et apaisées.
La CECA, c'est pour éviter de construire des canons je te rappelle.
(Vu l'état actuel de l'industrie du charbon et de l'acier, je suppose qu'on peut considérer ça comme la première "réussite" européenne, tiens... Mais pas de souci, les traités interdisent désormais une telle expérience)