http://www.nationalreview.com/flashback/flashback200501050715.asp
Moi qui avais commencé
Atlas Shrugged, et qui avais le sentiment que ça s'annonçait mal après m'être documenté sur Ayn Rand et avoir lu le résumé de son autre roman,
The Fountainhead...
(Pour infos, lisez les articles WikiPédo).
Si vous voulez lire le manifeste du "capitalisme laisser-faire", et la pire caricature de la cosmogonie nietzschéenne possible, apparemment Ayn Rand est là pour soustraire le monde au malévolent signe de la croix et le bénir du signe du dollar...
On voit mieux d'où naît la philosophie des Républicains extrêmes... et je ne comprends pas qu'on glorifie ce bouquin.
D'ailleurs ça se lit dès les 12 premières pages, on a d'un côté les Forts, qui ont les traits anguleux et droits, sont une autorité naturelle et insensible, motivée par la seule réussite, et on remarquera que les Faibles ont les traits plus lâches et également un caractère moins dur. En gros, on a une confusion entre force d'âme et force physique, et cette caricature très puérile fera partie des mur porteurs de ce pavé...
Typiquement le cliché des Alpha et des Beta...
On a d'ailleurs très vite l'idée qu'il ne faut pas donner leur chance aux petites boîtes qui peinent, elles n'ont qu'à travailler ces feignasses...
Et puis ceux qui nationalisent des entreprises sont des Pillards ("looters", un des concepts-clés de la société Randienne), de même que les religieux, les impôts, l'aide sociale et les chefs d'entreprises humains. Pillards dans le sens où ils privent les Forts du droit de disposer seuls du fruit de leur labeur, et de tout garder pour eux, chacun gardant tout le produit de son travail pour lui seul.
A côté de ça les Forts (qui veulent être riches et puissants -une fin en soi, et donc le méritent et devront batailler contre les pillards et l'autre catégorie que je vais présenter) sont phagocytés par les Mendiants ("moochers", l'autre mal), qui n'ont qu'à trouver du travail au lieu de demander du fric (sachant qu'elle inclut dedans l'Europe qui bénéficiait du Plan Marshall pour se reconstruire).
On a là une vision réductrice, simpliste, caricaturale du monde, emplie d'une vision glauque des grands bâtiments géométriques comme monolithes au progrès matériel face aux aspirations spirituelles, vues comme négatives, seuls comptant les biens matériels et le pouvoir. D'ailleurs elle part du principe que l'égoïsme des Forts est naturellement guidé par un code moral intrinsèquement juste puisqu'il suit leur ambition.
D'où un hypermanichéisme absolument à gerber...
Je vais quand même essayer de terminer les presque 1200 pages de ce truc, avant de foncer me re-noyer dans les presque 800 pages de
Ulysse de Joyce, qui, lui, a bien plus de valeur artistique.
Pour info, si vous avez un PC assez balèze, une Xbox360 ou une PS3 et que vous pouvez attendre octobre prochain dans ce dernier cas, jouez à BioShock, la cité sous-marine de Rapture, que vous allez devoir parcourir pour sauver votre peau, est une utopie randienne pure, et comme on s'en doute, ça tourne mal... Forcément, un monde sans lois, sans impôts, sans religion, où chacun suit sa propre éthique sans la moindre restriction dans quelque domaine que ce soit (ce qui est en gros la liste des valeurs prônées par l'objectivisme)...
Pour simplifier imaginez une visite chez un médecin/chirurgien qui affirme que le serment d'Hippocrate est un handicap à sa profession...