Kevin Kofler (./1484) :
Je te signale que la majorité de la population en Crimée parle russe, qu'une grande partie se sent apparemment russe et que toute la population russophone en Ukraine (ça concerne aussi Donetsk, Lugansk, et aussi la minorité russe dans le reste de l'Ukraine, j'en ai discuté à plusieurs reprises sur IRC avec un russophone de Charkiw) a peur des personnes qui ont pris le pouvoir à Kiev par la force (coup d'état), dont certaines sont carrément d'extrème-droite et affichent des drapeaux d'un groupe nationaliste douteux. Donc à mon avis, il n'a pas fallu beaucoup de force (voire aucune) pour obtenir le résultat qu'il y a eu.
Aux dernières nouvelles, les nationalistes ukrainiens ont perdu du terrain lors des dernières élections législatives. Donc c'est bien beau de brandir la menace des NAZIS DE KIEV BLEUARGHHH, mais il faudrait penser à se mettre à jour. Svoboda ne sont plus que 6 à la Rada, et Secteur Droit ne sont plus que 2.
Aussi, une majorité de la population de Crimée ne fait pas que *parler* russe ; 60 % de la population criméenne *EST* russe suite à la distribution de passeports russes à tire-larigot.
flAnker (./1485) :
Oui, en 2014 la Russie a choisi de défendre sa sphère d'influence historique (je sais, ça contredit l'autodétermination des peuples, le beau machin sur lequel tout le monde a joyeusement roulé quand ça dérangeait un peu trop), après 25 ans à se faire marcher sur les pieds (entrée dans l'OTAN de la Pologne, de la Tchéquie et de la Hongrie, conseillers militaires américains en Géorgie, missiles américains en Pologne, financement de partis politiques ukrainiens — 5 Md$ en 20 ans, etc.). Quelle aurait été la prochaine étape de l'OTAN/ÉU après l'Ukraine ? La partie ouest de la Russie avec un Kosovo-bis ?
Aucun pays n'hésite à envoyer des « conseillers militaires » pour défendre sa sphère d'influence quand elle se fait attaquer (cf. les innombrables gouvernements mis en place par les États-Unis ou la France en Afrique ou Amérique Latine), c'est comme ça la politique internationale. Vilain-pas-beau si tu veux, mais c'est comme ça. Il faut le voir comme un gros panneau STOP pour les Américains.

Quand tu accuses les américains de profiter de la situation en Ukraine, tu appelles ça (à raison) « de l'ingérence », mais quand les Russes annexent un territoire souverain étranger, tu appelles ça « de la politique internationale » ? Pour moi, c'est un cautionnement de l'impérialisme russe (et accessoirement de la malhonnêteté intellectuelle vu que tu prends les faits comme ils t'arrangent en fait).
Je savais que les amerloques avaient fait des dégâts dans les opinions publiques (et c'est mérité vu comment ils font de la merde), mais c'est quand même hallucinant de voir bon nombre de gens gober la propagande russe sans employer le même esprit critique qu'ils mettent en œuvre pour le camp ricain. Les américains n'avaient rien demandé, hein ; quand on te vole une partie de ton territoire, tu vas naturellement te réfugier auprès d'un camp capable de te protéger, ici l'occident et l'OTAN contre l'expansionnisme russe. Tu inverses les rôles en attribuant à l'OTAN des volontés de vassalisation (alors que la Russie a toujours voulu vassaliser l'Ukraine de gré ou de force).
Par ailleurs, résumer la situation au méchant OTAN, c'est simpliste ; il y avait également l'entrée dans l'UE voulue par l'Ukraine. Bien que pro-russe, Ianoukovitch voulait rentrer dans l'UE, et Poutine l'a directement menacé si jamais Ianoukovitch continuait les négociations. Comme tu le dis, il y avait eu une première tentative de rentrer dans l'OTAN auparavant, tentative avortée suite aux tractations françaises. Vu que l'Ukraine en est ressortie refroidie, ce n'était plus un problème pour Poutine. Ce qui agace Poutine, c'est l'UE, c'est le fait de voir un ancien pays satellite s'échapper de sa zone d'influence. Poutine a par exemple totalement abandonné l'idée de faire de l'enclave de Kaliningrad une sorte d'espace économique entre l'UE et la Russie.
flAnker (./1485) :
Quant au référendum, la Crimée a toujours été pro-russe, ce n'est pas franchement étonnant qu'elle ait préféré rejoindre la Russie. Pour le coup, ça devrait te plaire, vu que ça répond quand même vachement mieux au droit à l'autodétermination des peuples que le gouvernement ukrainien actuel (qui a pris le pouvoir suite à un coup d'état, qui n'a rien de spécialement démocratique et qui comprend un certain nombre de nostalgiques du régime nazi — cf. le site officiel du Secteur Droit).
Ah mais on est d'accord que la Crimée devait s'auto-déterminer, et on est d'accord qu'elle allait voter son rattachement à la Russie. Seulement voilà, le référendum qui a eu lieu en mars 2014, il est bidon. Tout dans l'organisation montre que ce résultat n'est pas légitime. On sait que :
- - les pro-russes avaient pris le contrôle des médias et de tous les organes de pouvoir, sans légitimité particulière et via l'aide d'une armée étrangère sur place, surtout quand on sait que Poutine avait fait voter l'autorisation d'utiliser la force en Ukraine à la Douma.
- - il y avait pression importante, y compris physique, sur les pro-ukrainiens de la région,
- - le référendum avait une question totalement orientée ne permettant pas à tout le monde de s'exprimer,
- - les pro-ukrainiens et les tatars avaient appelé au boycott (soit 40% de la population concernée quand même),
- - les observateurs étaient bidons (et étaient membres de partis d'extrême-droite tels que le FPÖ, le Vlaams Belang, le PVV ou encore le FN… Et après on dit que Poutine veut lutter contre les fascismes) et où les observateurs internationaux ont été interdits (Pourquoi tirer ou prendre en otage des membres de l'OSCE si tout était censé être réglo ?),
- - le parlement avait décidé à l'avance et dans des conditions douteuses le rattachement à la Russie.
Donc bon, les 94 % de votes favorables à la sécession avec 87 % de participation, c'est un peu pas crédible. Il y avait tout le temps d'organiser un référendum sans envahir le territoire, et s'il avait été organisé dans les règles de l'art, personne n'y aurait trouvé à redire à part l'Ukraine qui aurait été la grande perdante et qui n'aurait eu que les yeux pour pleurer si tout s'était passé dans la légalité.
Quant au putsch de Maidan, oui, il y avait des nationalistes pas piqués des vers, oui, il y a eu des violences de partout exacerbant les nationalismes des deux côtés notamment dans le fait de rétrograder le russe de son statut de langue officielle, mais résumer les putschistes aux NAZIS DE KIEV BLEUARGHHH, c'est encore une fois tenir un raisonnement simpliste. Surtout quand on sait ce que devient cette teRRible percée nazie où j'ai livré quelques chiffres plus haut.
le gouvernement ukrainien actuel (qui a pris le pouvoir suite à un coup d'état, qui n'a rien de spécialement démocratique
Parce qu'autoriser les forces de police de tirer à vue sur des manifestants pro-UE, c'était tout à fait démocratique

pal0uf (./1486) :
la Russie a une posture objectivement défensive
Envahir un pays souverain et chier sur un accord qu'on a soi-même signé quelques années auparavant, c'est de la défense. Attaquer, c'est défendre.
Au moins avec toi, on est sûr de la qualité de tes posts.