Nil Le 23/01/2020 à 00:44 Ce n'est pas moi qui ai amalgamé fantasmes et réalité, qui ai objectifié les personnes et qui ai assumé un bon nombre de ces parallèles ; il y a un moment où il faut savoir reconnaître qu'à partir du moment où les valeurs qu'on a en matière de représentations de l'autre - au sens le plus large possible - ne sont pas compatibles, il devient difficile d'argumenter puisque le modèle de base n'est pas compatible.
Allez, je vais faire l'effort de reprendre un vocabulaire technico-commercial, même si ça me pèse. Je vais, moi aussi forcer le trait, et ça permettra peut-être de mettre en avant l'absurdité de la situation.
À partir du moment où on est tellement débile qu'on est prêt à faire 2 jours de queue pour un téléphone sur lequel on a eu un coup de cœur, mais dont on devine qu'il n'est pas réparable, est-ce qu'on va râler contre le téléphone ? Non, on va râler contre soi-même et son comportement d'addict à quelque chose. On va apprendre à gérer sa frustration. On va peut-être prendre un téléphone un peu plus robuste mais dont on peut changer la batterie pour passer un peu plus de temps avec.
Ah, et puis, tiens, je vais même aller encore plus loin...
Si on choisit de s'abonner à des box dont on ne connaît pas le contenu, on ne va pas râler parce que le contenu ne nous plaît pas à la fin.
Non, là où c'est vicié de base, c'est qu'on imagine que les relation (h-f mais aussi au sens large) sont des relations qui ne demandent pas de temps pour se construire et, surtout, qui ne demandent pas de mise en danger.
Aimer (au sens le plus large possible, là aussi, ça peut être un amour-passion, un amour-amitié, un amour-tendresse, ou whatever), c'est une prise de risque. Une prise de risque vis-à-vis de l'autre, vis-à-vis des hasards de la vie, et il n'y a aucune garantie là-dessus. Et je ne vois même pas comment, à moins de décréter qu'on vit dans une société comme dans le Meilleur des mondes (où tout monde appartient à tout le monde sans s'appartenir soi-même), on peut imaginer que ce soit autrement.
Une femme (ou un homme) peut dire "non" à tout instant. Du début à la fin. Et ce "non" ne doit pas être astreint à une pression psychologique ou morale quelconque ("ah mais je peux pas dire 'non' maintenant, après tout ce qu'il ou elle a fait"). Non, c'est juste pas possible. Sauf à établir dès le début un vrai contrat (et à accepter le travail du sexe - personnellement, je suis pour, dans un système encadré et réfléchi). Et encore, même un ou une travailleur/travailleuse du sexe peut dire "non" à tout moment, il ou elle va simplement rembourser le montant du contrat.
En fait, je ne vois même pas dans quel cadre de relations aux autres on peut tenir cet argumentaire.
Pas dans une relation monogame classique, où l'engagement sur la durée, la discussion, la construction et le respect mutuel devraient primer sur tout (sauf sur un point : les enfants lorsqu'il y en a).
Pas dans une relation polyamoureuse, où la bienveillance, le respect et les libertés d'aimer de façon individuelle devraient primer sur tout (sauf sur un point : les enfants lorsqu'il y en a).
Pas dans une relation de libertinage, où ce n'est pas "open bar", mais juste "si les deux sont ok, alors deal".
Là, c'est "les marchés financiers appliqués aux relations humaines". Avec du HF trading, des investissements, de la rentabilité... Mais eh oh, même là, ça ne fonctionne pas : il y a fatalement des cracks boursiers à un moment donné, et ceux qui se sont amusés avec les actions des autres se retrouvent déplumés (et, accessoirement, ce sont ceux qui déplument le plus les autres ; dans le parallèle avec les relations h-f, ce sont ceux qui dégoûtent le plus les hommes des femmes et les femmes des hommes).
Certains se sont foutus de moi à plusieurs reprises lorsque j'ai parlé de catharsis diverses, mais c'est typiquement dans ce genre de situation que des moments cathartiques (littéraires, artistiques, fantasmatiques) permettent d'éviter de nourrir la frustration de se prendre un râteau après avoir payé un resto : allez à la salle de sport, aller souffler dans un hélicon ou faire du parapente, mais laissez les femmes (et les hommes) en-dehors de votre incapacité à entendre un refus, si malpoli et si malvenu soit-il...
