very (./585) :
./567 > intéressant. Par contre je suppose que, comme souvent, c'est peut-être piégeux de généraliser les mœurs des chroniqueurs, aristocrates urbains, descendant de vielles civilisations urbaines, probablement encore relativement peu islamisés, à tout l'empire qui est déjà bien vaste ?
Complètement, mais la référence au califat faite par les radicaux est généralement une référence directe au calife, en tant que commandeur des croyants.
very (./585) :
Sinon pour moi, j'ai toujours vu l'expansion militaire arabe portée par une culture guerrière (d'anciens nomades), d'ailleurs pour se tailler un tel empire en quelques siècles il est difficile de faire autrement. C'est pour cette raison que le terme "pacifique" me fait toujours tiquer. (comme il me ferait tiquer avec, je sais pas, les mongols ou les vikings...). Après selon les moments y'a peut-être des pauses dans l'expansion, etc.
Il y a eu plusieurs phases. Une phase a été très expansionniste et guerrière, une véritable guerre non de religion, mais de conquète et de pouvoir. Puis l'empire s'est morcelé, très très rapidement. L'Espagne comme j'ai écrit plus haut, s'est déclarée indépendante dès sa conquète. Le maghreb peu de temps après également. L'empire arabe des arts et de la culture s'est développé dans le morceau central. Peut-être justement des leçons de ces conquètes qui n'ont mené à pas grand chose, vu que les territoires se déclaraient indépendants au fur et à mesure.
Et après il y a eu le déclin. Les croisades d'abord bien sûr qui ont largement affaibli un empire déjà amoindri par les querelles internes, et puis le coup de grâce : les invasions mongoles venues de l'est.
very (./585) :
Pour la religion ce n'est pas évident de savoir comment la vivaient exactement les gens, chaque catégorie sociale, etc. Par contre on a encore des textes religieux de l'époque, et ils sont pas très modérés. Ils sont peut-être loin de la pratique, cependant, dure à dire.
Les historiens et chroniqueurs semblent d'accord, pour une fois, sur le fait que les textes étaient effectivement assez loin de la pratique. Qu'ils étaient plus considérés comme des sources d'inspiration et des objets d'étude que comme des choses à appliquer bêtement. L'intégrisme religieux est un phénomène très nouveau dans l'Islam. Non qu'il n'y ait eu des guerres menées par des pays musulmans, simplement elles ne se voilaient pas de religion.
very (./585) :
Néanmoins pour les croisades je pense qu'il ne faut pas du tout prendre à la lettre le pseudo intégrisme religieux dont elles sont parées. Jacques Le Goff p. exemple explique bien que si l'idée de croisade est extrêmement populaire dans le peuple au début, c'est vraiment assez difficile de mobiliser assez de nobles et chevaliers, qui y vont après mûr calcul, et en faible effectif. Mais le Pape (et les rois vis-à-vis de ses vassaux) essayant tellement de limiter les guerres inter-chrétiennes, que bien des mecs remplis de testostérone et d'envie de butin y vont pour l'aventure et la baston, les soucis religieux passant au 42ém plan
C'est vrai. Surtout qu'une bonne partie des croisés étaient de simple villageois à qui on a promis la vie éternelle et la possibilité d'arrêter de pelleter la merde pourvu qu'ils prennent une fourche et partent piller des terres inconnues peuplée de paiens.
Ceci dit la religion était bel et bien présente, d'autant plus qu'elle était nécessaire pour garder le soutien de l'église grecque, qui fournissait une part importante de la logistique, trop contente de pouvoir récupérer les villes perdues sur les siècles passés (Antioche notamment). Certaines scènes ont aussi fait leur effet j'imagine, par exemple, il est arrivé à plusieurs reprises que des processions soient organisées autour des remparts avant l'attaque.
J'avais trouvé un livre très intéressant si le sujet te botte, c'était
Les Croisades vues par les Arabes qui assemble et recoupe les écrits des principaux chroniqueurs arabes de cette époque. Je trouve que comparer leur version de l'Histoire à celle des écrits européens est vraiment passionnant.