Nonon, je ne pense pas à réinstaurer la prohibition
En fait, il y a plusieurs choses qui me dérangent dans ce débat (je sens que je vais faire plaisir à Hippo). Pour résumer, j'exposerai ça ainsi :
Autoriser la consommation du cannabis, c'est surtout pour moi ouvrir une porte à toujours plus. Plus que le côté médical de la chose, je vois surtout son côté social. L'homme a toujours besoin de transgresser (pour se prouver à un moment donné qu'il est maître de sa vie, pour exprimer sa rébellion, suite à une enfance difficile, par pur plaisir de la transgression [voir la définition érotisante du fantasme, de l'interdit et de la transgression], ou pour je ne sais quoi d'autre.). Transgresser dans un monde où les limites sont déjà repoussées rend la transgression toujours plus dangereuse (de la même façon, transgresser dans un monde où la sanction est trop forte rend le comportement para-transgression dangereux, car les transgressions n'étant plus graduées - et c'est la sanction qui ajuste l'échelle de la transgression - on peut avoir une perte de repères). Et que dire d'un monde où il n'y a plus ni limites ni couple règle/sanctions ? C'est la limite intrinsèque du libéralisme "ultra" et de l'anarchisme total, et c'est ce en quoi je crois que ce n'est pas sain. Ou alors on aboutit forcément à une période de chaos qui aboutira elle-même à une période de forte répression (c'est d'ailleurs ce qu'il se passe depuis l'avènement du monde moderne, à intervalles plus ou moins réguliers et dans des amplitudes toutes relatives).
De ceci, je tire plusieurs réflexions. Dont la suivante : si l'usage du cannabis est légalisé, où ira le phénomène transgressif indispensable à la charnière adolescente (qui, par essence, doit prouver son indépendance au père - donc à la patrie) ? On risque d'aboutir à ce qu'il se passe pour l'alcool : le phénomène transgressif n'est plus dans la consommation, mais dans l'abus.