Yoshi Noir (./10) :
Tu peux m'expliquer en quoi les libéraux qui prônent le laissez-faire économique ne veulent pas d'un laissez-faire politique ?
Ben ça pose un gros problème quand même. Les libéraux sont pour "pas (ou très peu) d'état", donc, si l'on considère la démocratie comme le pouvoir des citoyens sur la chose publique via une action politique (et non privée, pécuniaire, etc. ), ils sont in fine pour le
minimum de démocratie possible. (ils considèrent que, comme toute forme de pouvoir étatiste, c'est néfaste et tout et tout. )
En même temps, et ça peut sembler paradoxal, ils ont une conception des rapports politiques entre groupes ou individus éminemment démocrate ( c'est à dire discutions, accords libres entre parties, libertés de parole et de proposition, respect des adversaires, etc. ). Donc typiquement ils emploient une voie très "démocratique" (au sens de la méthode) pour arriver à une fin qui ne l'est pas du tout. (au sens du contrôle du peuple sur la chose publique )
On arrive ( c'est une des voies, y'en a plusieurs) à la grande contradiction intrinsèque du libéralisme intégral: par exemple pour le vrai libéral, si un groupe de gens veut vivre dans une communauté "communiste", il trouve tout à fait bien qu'ils puissent le faire.... seulement il faut qu'ils soient tous volontaires et conscients, que l'on ne
force personne. Or la démocratie, ce sont les 51% qui forcent les 49% (même dans le modèle le plus parfait. ).
C'est ça le gros problème du libérale avec la chose publique: il veut bien que des gens aient un pouvoir dessus, mais pas en en forçant d'autres...
En théorie libérale ultime, ce problème ( qui est LE problème, et qui apparait sous divers formes, en partant de différents points. La culture par exemple ) se règle par la panarchie. Belle utopie complètement irréalisable.
Yoshi Noir (./16) :
Le déclin du PCF n'est pas un déclin de la République
Hum, c'est venu avec le déclin d'un certain sens français de la République (
au sens R. Debray par exemple), vec le déclin du Gaullisme comme le faisait remarquer arnsy, avec le déclin de la vielle gauche sociale structurée, avec .... Toutes les vielles formations politiques françaises ( basées sur une
certaine idée de l'action politique ) s'écroulent en même temps.
Y'a une certaine idée ou conception du politique qui semble s'être évaporée.
Nil (./19) :
Libéralisme au sens de pensée libérale, oui ; libéralisme au sens de "libéralisme économique", je ne suis pas certain (en tout cas, c'est en totale opposition avec les fondements du communisme et, d'une certaine manière, du socialisme - vu que dans le cas du socialisme, il y a systématiquement biais créé par l'état pour équilibrer).
Enfin tu remarqueras tout de même que la gauche, après être devenue libertaire (i.e libérale dans le domaine social ) est comme par enchantement devenue libérale (enfin... plus qu'avant. ) dans le domaine économique. Figure emblématique: dany, qui se réclame libéral-libertaire. Onfray en est un spécimen comique, aussi.
Il y a un antagonisme clair, déjà bien décrit par Marx, que la gauche fait semblant de ne pas voir, de ne pas comprendre. Pourtant c'est clair. Et ils ont choisi: la gauche est morte. Dit autrement: ils vont maintenant "défendre" des "catégories" de "dominés" sociétaux (homos, femmes, handi, beurs, noirs, vieux, jeunes, etc. ), ils ont clairement abandonné toute défense sérieuse des dominés économiques.
Le truc, et là il faut dire que soit ils sont très rusés et hypocrites, soit ils sont cons (ce qui est tout de même plus probable dans l'ensemble), c'est que si l'action politique pouvait avoir un pouvoir réel bien que limité sur l'économie et donc les rapports dominés/dominants en économie.... elle n'en a en réalité quasi aucun sur les rapports de domination sociaux. C'est la société elle-même qui produit ses mœurs, qui évolue, et même qui produit son élite avec les mœurs de l'élite. Donc penser que par l'action politique on peut faire évoluer sociétalement la société, c'est un non-sens complet. C'est exactement l'inverse: c'est quand elle a suffisamment évoluée qu'elle dicte au politique de changer telle ou telle loi.
Et si y'a parfois des mouvements qui ont de l'influence sur ces évolutions (que je considère très limité, ce sont plus des symptômes que des causes ), ce sont des mouvements qui sont justement apolitiques. (le féminisme, les mouvement civiques aux states, etc, ne sont pas des mouvement politiques. ), des mouvements qui réclamaient un certain changement de la société, mais dont le but n'était *pas* de gouverner, ne pouvait pas être de gouverner...
Nil (./19) :
c'est pouvoir être libre de faire ce qu'ils veulent tant que sa marche, et que quand la machine est cassée, l'état vienne tel un Zorro.
Nan ça ce sont des faux libéraux, des libéraux-économiques opportunistes. (tout ce qui correspond à mon intérêt personnel est bon. ça s'accorde très bien avec la morale protestante américaine.... )
Réaction des vrais libéraux pendant la crise:
-laissez les mauvaises banques crever
-la crise est due en grande partie à la politique (surtout monétaire ) américaine. Pourvu qu'on débarrasse la gestion de la monnaie de l'état, c'est ça le grand coupable
-le plan de relance est une catastrophe
(et objectivement, sur la politique monétaire US, ils n'ont pas tellement tord. C'est cette "politique de la dette gratuite", nécessaire pour gonfler de la consommation-dette, qui vient d'éclater. Les USA voulaient le beur et l'argent du beur. Or, même avec la planche à billets, ça marche pas très bien... )
Nil (./19) :
S'il doit y avoir un libéralisme de gauche, il ne sera pas économique.
Il est aussi économique (libéral-libertaire) ou sans issue politique cohérente. (anarchisme libertaire, trotskisme, ...). Les deux libéralismes sont absolument indissociables...
Nil (./19) :
(D'ailleurs, que les enseignants-chercheurs me corrigent si leur ressenti n'est pas celui-ci, mais je trouve que la problématique de la culture et celle de la recherche fondamentale sont très fortement liées).
Moi je trouve pas. (je ne suis certes pas (encore) enseignant-chercheur )
Y'a un lien charnel entre le savoir et les arts, c'est certain, mais la problématique du positionnement par rapport à l'état n'a quand même rien à voir. (sauf, peut-être, dans certaines sciences "sociales" ). "Artiste subventionné publiquement" me semble être une contradiction dans les termes.