Veracidad (./131) :
On est en 2008 et franchement on regresse niveau moeurs.
Question bête : on régresse par rapport à quoi ?
J'ai l'impression que les hommes passent leurs temps à dire que les moeurs régressent, alors que je pense sincèrement que c'est plus une peur de l'avenir qu'autre chose.
En revenant en arrière en partant de nous :
- dans les années 80, il y a l'arrivée du SIDA. On régresse, d'ailleurs, si cette maladie se développe, c'est pas pour rien.
- dans les années 70 il y a eu la libération sexuelle et l'explosion de la drogue. On régresse.
(je remonte un peu plus vite)
- dans les années l'entre deux guerres, on a eu les années folles, le jazz, l'alcool, les jeux. On régresse à tel point que dès 1920 on met en place la prohibition outre-atlantique.
- au XIXème siècle, les grandes villes voient la naissance du grand banditisme, Londres est une ville divisée en deux dont une grande partie est terriblement pauvre. On régresse ? On régresse.
- au XVIIIème siècle, en France, les nobles perdent leurs privilèges au profit des bourgeois... l'église est démise de nombre de ses fonctions politiques. Quelle régression dans les moeurs !
Je ne pense pas que les vraies régressions soient dans les évolutions des moeurs. Il y a eu de tous temps des libertins, des puritains, et surtout des gens qui se placent dans un "énorme milieu" qui répond aux exigences d'une époque et d'une société données.
Les vrais reculs se font plus au niveau des ghettoisations, des sectorisations. On est, aujourd'hui, en train de reproduire exactement ce qu'il s'est produit dans l'Angleterre coloniale du XIXème siècle - sauf que les colonies ne sont pas géographiques mais financières et basées sur la maîtrise des flux d'information.
On est en train de revoir émerger la notion de grande famille, de haute bourgeoisie ; à l'époque, il était préférable qu'un bourgeois se marie avec une noble pour ouvrir les possibilités de la famille. Aujourd'hui, ce sont des mariages entre financiers et politiques.
Au niveau migratoire, on assiste aux mêmes problématiques : la fuite vers les grands pôles économiques, qui se fait de façon beaucoup moins ordonnée que dans la seconde partie des années 80 (ou on était en train de supprimer les ghettos créés pour les immigrants appelés dans l'après guerre). Le prix de l'immobilier dans les centres pousse les pauvres vers l'extérieur ou dans des quartiers isolés, il n'y a plus ce difficile brassage et métissage entre différents niveaux de vie, il y a un désengagement manifeste de l'état dans tout ce qui est santé et éducation.
Ce qui est "amusant", c'est qu'on a déjà vécu ça. On sait que ça ne peut pas fonctionner (l'Angleterre du XIXème siècle était un patchwork de quelques belles bâtisses et de bien plus nombreux bidonvilles).
Je suis persuadé que le problème n'est pas dans les moeurs (ou alors pas là où on pense, mais plutôt dans le fait qu'aujourd'hui le sentiment fait peur et qu'il faut faire montre en permanence d'un sentiment plat et neutre... ou alors on va au cinéma ou devant sa télé, derniers remparts de l'effusion des sens devant la société) mais bien dans ces problématiques.
Enfin, je me suis grandement éloigné du sujet d'origine. Désolé, je rfré pu.