Nil (./423) :very (./421) :
je parlais des gens qui construisent leur identité sur une base de victimisation (concurrence victimaire etc). Ce n'est ni le cas des anglais ni des allemands, que je sache.
Ben ça a été le cas de la France vis-à-vis de l'Allemagne (et vice-versa) il n'y a pas si longtemps que ça...
Ben non. On se détestait mutuellement, mais c'était plutôt
ces enculés de boches, ils nous ont niqué la dernière fois on va leur mettre une tarte à la prochaine occasion !, ce n'était pas de la victimisation moderne, qui ressemble à ça :
je fais partie d'une catégorie X opprimée par la nuit des temps par non-X (noirs par les blancs, gays par les hétéro, femmes par les hommes, colonisés par les colonisateurs, transgenres par les cisgenres, etc. )
Dans le premier cas on a une haine réciproque et revancharde, de peuples distincts, et les sujets se pensent d'abord comme des acteurs (on célèbre les réussites, victoires, conquêtes ) et non des victimes.
Dans le second cas on a une morale de l'esclave qui consiste à se penser d'abord et avant tout comme une victime, et à demander au bourreau de nous libérer ! (cf. Nietzsche )
Nil (./423) :
le changement de paradigme est récent (et s'est fait justement par le biais de l'ouverture culturelle - échanges internationaux, apprentissage de la langue, etc.).
ça c'est plutôt fait parce que les allemands se se font complétement défoncer, leur pays à moitié rasé par des bombardements massifs visant les civils, un tiers de leurs femmes violées à répétition par les communistes russes, puis ils se sont fait occuper militairement pendant des décennies alors qu'on les ré-éduquait à fond avec une propagande qui n'avait pas grand chose à envier à Gobbels (les américains n'ont pas copié que les moteurs de fusées ^^ )
N'empêche qu'ils se comportent toujours comme des enculés à faire crever les grecs pour pas que leur banques perdent deux euros, et qu'ils ont tout fait pour couler économiquement la France et l'Italie.
Nil (./423) :
Bof, il y a une communauté gay de droite (voire très à droite au niveau économique et identitaire), et ça a toujours été le cas.
-D'une part ce n'est pas parce qu'un parti essaye de faire une politique d'identité minoritaire électoraliste ("tous les gays avec moi ! on va vous donner ce que vous voulez ! En face ils vous détestent par contre !") que ça marche forcément. (cf. les femmes américaines, qui ont moins voté démocrates qu'espéré ^^ )
-D'autre part quand on parle de groupes humains il s'agit de moyennes statistiques, si je dis
les afro-américains votent démocrate, ce n'est dans le détail vrai qu'à 90%, donc tu peux trouver plein de cas individuels de mecs noirs qui votent républicains. C'est une précision qui n''infirme en rien le fait général.
Nil (./423) :
Si la gauche a plus tendance à se battre pour les minorités, c'est que c'est ce qui la définit à l'origine : se battre pour le faible, qui est opprimé ou mal représenté. Tu confonds cause et conséquence, là...
Je ne vais pas vous souler à reconstruire l'histoire détaillée des
identity politics modernes, dont tout vient des USA, mais c'est quelque chose d'assez récent qui advient toujours au moment ou le parti de gauche abandonne son électorat populaire historique et la revendication de l'amélioration de ses conditions. Pour faire bref je dirais qu'il y a une différence entre, en plus de son programme social qui vise le bien commun de tous, défendre/bien traiter une minorité, et en faire son principal axe de campagnes (donc on diabolise l'autre parti pour mal les traiter), avec plein d'appels de pieds, etc.
Par exemple quand les révolutionnaires français puis Napoléon affranchissent les juifs, le mot d'ordre est :
Rien au Juif en tant que Juif, Tout au juif en tant que Citoyen. Bref le juif est un citoyen comme un autre qui a donc les mêmes droits et devoirs, par contre on en a rien à foutre de sa judéité etc (qu'il n'a qu'à pratiquer discrètement si ça le chante), aucun parti ne quémande le vote juif en leur promettant de faire faire ceci ou cela spécialement pour eux (genre, financer une synagogue), personne ne va s'agenouiller au diner du CRIF, etc.
C'est ici une politique de citoyenneté (tout le monde est égal), pas d'identité minoritaire.
L'indentity politics moderne est lui un clientélisme électoral identitaire, garni de promesses destinées au groupes convoités (et non pas à chaque citoyen) à qui on s'adresse directement, et de menaces si le parti adverse gagne. Des lectures intéressante, venant de la gauche :
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https://www.nytimes.com/2016/11/20/opinion/sunday/the-end-of-identity-liberalism.html-
https://www.nytimes.com/2016/12/16/opinion/the-limits-of-identity-politics.htmlQuand la gauche abandonne la bataille contre les inégalités économiques (pour tous les groupes...), elle se met à faire ça, c'est sa théorie de rechange. ça a été théorisé dès les années 60 aux USA, et consciemment adopté. En France grosso-modo ça vient de Terra-nova/sous jospin, mais c'est une pâle copie des ricains.
Le seul truc qu'ils n’avaient pas prévu, et qui n'a pas l'air de leur plaire, c'est qu'une droite populiste fasse une
identity politics pour les couches blanches populaires qu'ils ont délaissé :
la gauche ferme vos usines pendant qu'ils payent pleins d'allocs aux immigrés qu'ils font venir par millions ? ! Votez-pour nous on va arrêter ça !!! , c'est _exactement_ la campagne de Trump. Il s'est adressé une une catégorie particulière de (classe, race) et a parlé de leur problèmes particuliers d'opprimés *contre* la majorité opprimante réelle ou imaginaire (ici : bobos, riches, immigrés, journalos, gauchos, etc.)
Sa réussite c'est que, ayant eu assez de vote des femmes blanches, il lui a finalement suffit d'une seule grande catégorie pour gagner. Le plan démocrate était de lui laisser les mecs blancs modestes et moyens mais de piquer les femmes en nombre. Ils ont fail.
En gros Trump a copié la méthode de la gauche américaine et l'a appliqué aux électeurs de droite. ça a super formidablement marché électoralement, mais effectivement, à force que chaque coté mobilise ses minorités contre l'autre moitié du pays, ça a bien divisé, pour dire le moins... Honnêtement, poussé à bloc, ça donne une logique de guerre civile (et c'est la gauche qui a inventé ça) où tu montes chaque catégorie contre toutes les autres. **
Ensuite tu te méprends complétement sur la gauche, la gauche ouvriériste-marxiste a longtemps très très mal traitée les minorités (parce qu'elles ne se définissent pas exclusivement par leur classe sociale), tandis que la gauche libérale-bougeoise a passé son temps à faire tirer sur les pauvres, que la gauche américaine défendait l'esclavagisme contre les républicains, que la gauche Jules Ferry rêvait d'éduquer à la trique les sous-race du monde entier, etc, etc, etc, je ne vais pas refaire l'histoire de la gauche ici, par contre vous pouvez lire Michéa

** : évidemment il ne va pas y en avoir de vraie, les rednecks et trumps-électeurs possédant 95% des armes à feu, constituant 80% des forces de polices et militaires, gagneraient EZPZ, y'aurait même pas match. Par contre dans les années à venir on peut voir une logique de pourrissement, de révolution de couleur, de séparatisme, de coups d'état des juges à la brézilienne, etc, etc.