Hippopotame (./146) :
Lire des pamphlets sur les bobos ou autres c'est rigolo mais ça ne fait pas de la sociologie sérieuse.
Accoler "sociologie" et "sérieuse", c'est un peu trop fort en chocolat à mon goût

Ce que fait au mieux la sociologie "sérieuse", avec un horrible style académique et un vocabulaire à dormir debout, forgé dans le but d'établir une scientificité frauduleuse, c'est, avec un pavé de 800 pages, de s'approcher d'une fulgurance d'écrivain qui tient sur deux pages.
D'ailleurs si tous les sociologues intéressants sortent de champs de la pure sociologie académique, ce n'est pas pour rien...
Nil (./153) :
Je rejoins ce qu'a dit Souane : c'est partiellement faux (il y a effectivement un certain nombre d'activités culturelles et sportives qui n'entrent pas dans ta définition d'"élitiste" et qui sont proposées aux jeunes disposant d'un cadre familial évolué, mais ça reste maigre et bien souvent monochrome... cool, il y a du foot, cool il y a du bozendo, cool il y a un atelier cinéma... ah ben en fait il n'y a que 5 jeunes qui y vont, ceux qui ont un cadre familial qui les a poussé à une certaine curiosité). Je suis désolé de faire mon démocrate bien pensant, mais les exemples que j'ai de ce qui a été entrepris à Montpellier me font penser qu'il y a besoin d'une politique culturelle forte et dirigiste (concerts gratuits organisés par la mairie pour les scolaires, carte Pass'Culture à des prix défiants toute concurrence pour 5 concerts/an...). L'un des meilleurs exemples (qui, malheureusement, à plus que sensiblement dévié de ses objectifs premiers) a été la création d'Opéra Junior, qui permettait à des jeunes (12-18 ans) de monter un opéra. Initialement, c'était en lien avec le quartier de la Paillade (quartier populaire s'il en est) et les établissements scolaires & maisons pour tous de ces quartiers. Aujourd'hui, fort de son succès, la structure est devenue trop élitiste, s'est géographiquement déplacée sur le centre ville, et les projets sont plus "cérébraux".
Mais c'est parce que tu ne perçois comme "activité culturelle" que ce que tu trouves assez noble pour mériter une telle appellation. Les "activités culturelles" ne sont ni élitistes ni réservées à certaines familles par définition, vu que toute activité sur le temps libre est une "activité culturelle". D'ailleurs les classes populaires ont historiquement des activités culturelles peut-être un peu plus variés en pratique que l'élite, qui se dirige toujours vers quelques activités nobles, gratifiantes et bien-vues, souvent sans réelle passion mais par représentation...
Maintenant si pour toi seules la visite de musé et le solfège sont de "bonnes" activités culturelles tandis que le foot de rue avec quelques potes c'est une basse occupation populaire de bouseux analphabètes.... ben si tu veux, mais le problème ce n'est pas "les activités", c'est la distinction sociale des activités -- mécanisme qui a toujours existé depuis la nuit des temps et contre lequel vous ne pourrez pas grand chose.
Me rapprochant même d'Orwell, de Michéa ou de Lasch, je ne serais pas loin de considérer que les "activités culturelles populaires" sont généralement plus saines que celles de l'élite...
Souane (./154) :
Et sinon, tu critiques le modèle généraliste, alors je ne vois pas trop quoi t'y opposer d'autre qu'un modèle spécialiste.
Je ne critique pas le modèle généraliste dans l'absolu et je suis assez attaché à une éducation plutôt généraliste. Je disais seulement qu'en l'état actuel des choses et pour l'instruction publique, retirer quelques disciplines (traitées n'importe comment) pourrait peut-être être bénéfique, en tous cas me semble envisageable. Et par exemple je n'ai pas cité l'histoire-géo parce que j'y suis assez attaché, et puis c'est une matière avec tellement d'exotisme !
Par contre un truc comme le français en 1reS je considère que c'est contre-productif; que les élèves n'apprennent rien si ce n'est la haine de la littérature.
Je suis pour le généralisme mais pas pour l'éparpillement scolaire ^^ Se concentrer sur une bonne répartition des matières importantes ( français, maths, histoire-géo, peut-être un peu de sciences et de langues) me semble préférable. Ce qu'il faut voir aussi, c'est que pour voir "sérieusement" beaucoup de sujets, il faut déjà avoir des bases; typiquement la "physique" est devenue une blague avant la 1reS car les élèves n'ont pas un niveau mathématique suffisant pour calculer quoi que ce soit de pas trop simpliste....
Que l'école se concentre un peu plus sur les quelques matières-clées jusqu'à un certain âge, ça permettrait justement d'approfondir plus et plus longtemps les sujets les plus divers ensuite... Dans mon exemple remplacer les cours de physique par des maths jusqu'en 3ém permettrait d'aborder dès la seconde des sujets intéressants en physique : au final les élèves gagneraient et en maths et en physique....
Bref je n'ai rien du tout contre un généralisme raisonnable, c'est juste que je perçois d'un œil douteux l'éparpillement en pseudo-matières glandouilles, et que la condition même d'un esprit large c'est d'abord l'acquisition d'un socle de connaissance dans quelques matières-clés, qui permettra ensuite qu'il puisse s'orienter vers un peu tout de manière plus ou moins autonome.
Sinon les anglais n'ont pas le même rapport à l'idéologie, c'est bien vrai ça...