390

Nil > Il n’est pas question que l’information ne soit plus payante. Pour faire une image, disons que l’auteur est toujours propriétaire de son information tant qu’elle est dans son secret ; s’il la publie, ou en fait cession à quelqu'un, c'est en quelque sorte son acte de « vente », ou de « donation » (selon qu’il vende son information ou pas). S’il a donné son information à un individu en particulier, alors — magie de la multiplication des pains — il n’y a plus uniquement un seul propriétaire, mais deux (et les deux peuvent la « céder », car personne d’autre ne la connaît) ; et dans le cas d’une publication, chacun en devient propriétaire. Quiconque connaît une information en devient propriétaire. Il résulte que le terme propriétaire en devient, dans le domaine de l’information, vide de sens, mais c’est pour le besoin de l’explication.

Edit : cross bien sûr.

391

Nil (./389) :
Je sais par exemple que ce que je vais lire dans "le monde diplomatique" n'a pas la même valeur que ce que je vais trouver sur un quelconque blog sur Internet.

Ben justement !
Le diplo essaie (dans la mesure du possible, parce que le système actuel le permet difficilement) de ne pas céder à la propriété intellectuelle.

- Tu as déjà lu http://www.monde-diplomatique.fr/diplo/logiciels/ ?
- Le diplo met sans doute plus d'articles en libre accès que la plupart des journaux ; il met à disposition une base documentaire abondante et de qualité.

Alors que de l'autre côté, Le Monde (ou libé) fait de plus en plus payer ses articles et s'enfonce de plus en plus dans les excès de la propriété intellectuelle, et ça ne profite pas à sa qualité.
Les droits inaliénables du troll :
1) le droit d'avoir raison
2) le droit d'être péremptoire
3) le droit de ne pas lire
4) le droit de ne pas répondre
5) le droit d'être de mauvaise foi
6) Autant pour moi / Faignant / Vivent Tintin et Milou

392

drapeaublanc

393

T'as combien de pages de retard, pépé? grin
Les droits inaliénables du troll :
1) le droit d'avoir raison
2) le droit d'être péremptoire
3) le droit de ne pas lire
4) le droit de ne pas répondre
5) le droit d'être de mauvaise foi
6) Autant pour moi / Faignant / Vivent Tintin et Milou

394

grin
Bovido (./390) :
Nil > Il n’est pas question que l’information ne soit plus payante. Pour faire une image, disons que l’auteur est toujours propriétaire de son information tant qu’elle est dans son secret ; s’il la publie, ou en fait cession à quelqu'un, c'est en quelque sorte son acte de « vente », ou de « donation » (selon qu’il vende son information ou pas). S’il a donné son information à un individu en particulier, alors — magie de la multiplication des pains — il n’y a plus uniquement un seul propriétaire, mais deux (et les deux peuvent la « céder », car personne d’autre ne la connaît) ; et dans le cas d’une publication, chacun en devient propriétaire. Quiconque connaît une information en devient propriétaire. Il résulte que le terme propriétaire en devient, dans le domaine de l’information, vide de sens, mais c’est pour le besoin de l’explication.

Oui mais a ce moment là, il suffit qu'une personne ait payé l'information pour qu'elle la diffuse (il suffit en fait de voir comment ça se passe pour les sites de culs... un gars se "sacrifie" en prenant un compte et diffuse un dump du site). Comment veux-tu que la source d'information vive ?
Hippopotame (./391) :
- Tu as déjà lu http://www.monde-diplomatique.fr/diplo/logiciels/ ?
- Le diplo met sans doute plus d'articles en libre accès que la plupart des journaux ; il met à disposition une base documentaire abondante et de qualité. Alors que de l'autre côté, Le Monde (ou libé) fait de plus en plus payer ses articles et s'enfonce de plus en plus dans les excès de la propriété intellectuelle, et ça ne profite pas à sa qualité.

L'exemple du monde diplo était mal (ou très bien) choisi... le monde diplo a deux "atouts" qui font qu'il peut se permettre ça :
- un lectorat réduit (donc de toutes façons, ce n'est pas forcément avec ses chiffres de ventes qu'il va pouvoir payer sa qualité
- il fait partie d'un grand groupe de presse qui peut ainsi se faire une vitrine libre, tout en ayant d'autres sources de rentrées

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395

Nil (./394) :
- un lectorat réduit (donc de toutes façons, ce n'est pas forcément avec ses chiffres de ventes qu'il va pouvoir payer sa qualité

300000 lecteurs en France?
Un tirage de 1.5 millions d'exemplaires si on ajoute toutes les éditions internationales?
Les droits inaliénables du troll :
1) le droit d'avoir raison
2) le droit d'être péremptoire
3) le droit de ne pas lire
4) le droit de ne pas répondre
5) le droit d'être de mauvaise foi
6) Autant pour moi / Faignant / Vivent Tintin et Milou

396

6 mais j'ai abandonné.

397

Hippopotame (./378) :
ce n'est pas la capacité du système non-PI à phagocyter et patcher une oeuvre résultant du système PI,
Attention on ne s'est peut être pas compris : dès lors que la PI existe, il n'y a pas de système non PI actuellement.

Si si on s'est bien compris, il n'y a pas de système non-PI actuellement ^^
bref, pour résumer, supposons qu'aujourd'hui il n'y a pas de logiciels audio ni d'industrie des logiciels audio parce que par exemple la carte son n'a pas encore été inventée, que l'on décide d'abolir la PI, que demain les cartes sons apparaissent, qu'est-ce qu'il en sera des logiciels de musique qui seront développés après-demain ? est-ce que la situation sera meilleure ou moins bonne que si la PI n'avait pas été abolie ?)

Voilà, c'est tout à fait le problème que vous soulevez, et qui moi me paraît peu important.

Dans le système actuel il y a un ensemble de personnes qui ont besoin de ce logiciel et qui acceptent d'y mettre la somme X.
Dans un système sans PI il y aura toujours le même ensemble de personnes qui voudront bien y mettre la somme X, alors je ne vois pas ce qui fondamentalement empêcherait le développement.

Ah mais c'est justement le coeur du problème ! J'hallucine un peu de voir que ça ne te choque pas d'abstraire les choses sous la forme "si telle action collective [à savoir, investir chacun X dans le logiciel] dégagerait une valeur ajoutée pour un groupe de personne alors quoi qu'il arrive cette action ou une autre action plus favorable arrivera".
C'est faux, archi-faux, et un peu de théorie des jeux le montre bien : tu es en gros en train de dire "si il y a une stratégie globalement rentable pour tout le monde alors une stratégie au moins aussi rentable sera suivie". C'est faux, et le cas qui nous intéresse en est un contre-exemple : s'il y a suffisamment d'agents concernés, que le logiciel ne vaut pas infiniment plus que X pour moi et si personne ne peut savoir si le logiciel vaut vraiment X ou pas pour moi, alors c'est presque toujours rentable individuellement de faire le mort pour avoir le beurre et l'argent du beurre. Mathématiquement c'est toujours rentable dès que à la fois (1) personne ne sait si le logiciel vaut vraiment X pour moi et (2) que D > V/X où D est l'incertitude sur le nb d'agents prêts à payer X, et V la valeur qu'a pour moi le logiciel. Toujours dans le cas de la banque de son de Nil, Nil est un parfait inconnu donc avant qu'il prenne la décision de l'acheter personne ne sait si la banque de son vaut vraiment X pour lui, (1) est vérifiée ; en outre le nb d'agents prêts à payer cette banque de sons suit une distribution de Poisson. Par conséquent D = sqrt(Nb d'agents). Donc il a intérêt à payer seulement si le nb d'agents prêts à payer X est inférieur à (V/X)^2. Si on veut s'amuser on peut en déduire une CNS pour que ça soit possible [*], mais ça n'est pas nécessaire à mon argument : en l'occurrence, disons que la banque de sons vaut 1500€ pour Nil, donc V/X = 5. Ca veut dire qu'il n'a intérêt à payer que si moins de 25 personnes sont dans le même cas que lui, ce qui est évidemment faux parce qu'il y a des centaines de gens que ça intéresse. Par conséquent, il ne payera rien, et ce seront les qques autres utilisateurs très très motivés par un V élevé qui devront payer. Or il y a de fortes chances que pour eux, ça soit plus rentable de passer par un dongle hardware, donc finalement seuls ces utilisateurs très très motivés pourront profiter de la belle banque de sons de 7.8 Go.


[*]: la CNS est que si les agents, du plus motivé au moins motivé, sont prêts à payer chacun 8470.png alors la somme maximale qui peut être dégagée pour le développement d'un logiciel librement copiable est de 8468.png. On peut comparer cette somme au cas où le logiciel n'est pas librement copiable, où l'on peut dégager 8471.png ce qui est bien plus élevé, et encore, ce n'est qu'une borne inférieure dans le cas où il ne peut pas y avoir segmentation de la gamme (s'il y a possibilité de faire une version Pro on peut dégager un budget encore plus élevé en faisant payer plus que Vn aux gens très motivés). Notez que ce raisonnement ne couvre pas la pub ni les effets de réseau, parce qu'il suppose que les Vi ne dépendent pas de n ; mais dans l'exemple que je donne (Nil qui achète une banque de sons) il n'y a ni pub ni effet de réseau, donc c'est parfaitement raisonnable.

Bref, il te reste à prouver comment face aux réactions DRMesques de l'industrie du logiciel actuelle il y aura subitement d'autres acteurs qui vont sortir du bois pour nous offrir des beaux logiciels non DRMisés qui seront financés on ne sait comment...

Le problème c'est que tu renverses complètement les choses.
Les DRM c'est une émanation de la PI, dans la logique de la PI. Alors c'est un peu fort d'opposer ça à la non-PI.

Ah oui ça reste dans la logique PI, tout à fait : je dis juste que ce sera *une* des offres qui se présentera aux gens, parallèlement aux offres 100%-non-PI. Et que les offres 100%-non-PI ne feront bien souvent pas le poids face aux offres DRM, à cause du raisonnement que j'expose plus haut : 8472.png, c'est plus élevé dans le haut de gamme que 8468.png ^^

« The biggest civil liberty of all is not to be killed by a terrorist. » (Geoff Hoon, ministre des transports anglais)

398

Nan alors c'est sûrement pas avec de la théorie des jeux que tu me convaincras, comme arnaque intellectuelle on fait pas mieux.

Bon, je lirai tout ça en détail plus tard.
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1) le droit d'avoir raison
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3) le droit de ne pas lire
4) le droit de ne pas répondre
5) le droit d'être de mauvaise foi
6) Autant pour moi / Faignant / Vivent Tintin et Milou

399

Hippopotame (./398) :
Nan alors c'est sûrement pas avec de la théorie des jeux que tu me convaincras, comme arnaque intellectuelle on fait pas mieux.

Bon, je lirai tout ça en détail plus tard.

Pour dire que c'est de l'arnaque intellectuelle il faudra m'expliquer pourquoi, parce que ça m'a l'air d'être un modèle assez fidèle de la réalité dans la niche dont je parle happy

« The biggest civil liberty of all is not to be killed by a terrorist. » (Geoff Hoon, ministre des transports anglais)

400

Donc si j'ai bien compris, le coeur du problème se résume à " Nil, combien es-tu prêt à mettre pour acheter tes 7,8 Go de sons ? "
C'est ça ?

(pencil Pollux, of course, et je suppose que c'est plus ou moins le même problème pour les logiciels d'entreprise, sauf que la probabilité est relativement élevée qu'une boîte finisse par sortir les logiciels dont elle a vraiment besoin - mais sûrement en se démerdant pour le rendre le plus inutilisable possible par ses concurrents)
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<Vertyos> un poil plus mais elle suce bien quand même la mienne ^^
<Sabrina`> tinkiete flan c juste qu'ils sont jaloux que je te trouve aussi appétissant

401

Hippopotame (./395) :
Nil (./394) :
- un lectorat réduit (donc de toutes façons, ce n'est pas forcément avec ses chiffres de ventes qu'il va pouvoir payer sa qualité

300000 lecteurs en France? Un tirage de 1.5 millions d'exemplaires si on ajoute toutes les éditions internationales?

Autant pour moi pour cette info alors.
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402

Nil (./394) :
Oui mais a ce moment là, il suffit qu'une personne ait payé l'information pour qu'elle la diffuse (il suffit en fait de voir comment ça se passe pour les sites de culs... un gars se "sacrifie" en prenant un compte et diffuse un dump du site). Comment veux-tu que la source d'information vive ?


Ça te chagrine ça. ^^ L’important là-dedans, c’est qu’être propriétaire d’une idée va à l’encontre de la liberté, et c’est absurde de pleurer le système qui « fonctionne plus ou moins bien ». Évidemment que le système actuel des idées ou de l’information disparaîtra, changera radicalement de forme, mais on s’en fiche, car il s’agit de librerté (qui est plus importante que le confort), et que de toutes façons, s’il y a de la demande, il y aura forcément une offre proportionnée qui sera viable.

La source de l’information vend son information au prix qu’il le désire, de sorte que, dans le cas d’un professionel (artiste pro, journaliste, développeur, etc), le prix de la vente rembourse son travail et lui donne une marge qu’il estimera nécessaire ; et cela, comme n’importe quel commerçant ou artisan ! L’achat sera peut-être cher pour une personne, mais pas pour un ensemble de personne réunies. Si 1 000, 10 000, personnes veulent un logiciel, une information journalistique, etc, et cela de qualité professionnelles, il y aura quelqu'un qui se fera un plaisir d’inventer et de leur vendre le résultat.

Exemple si on veut des chiffres : j’ai besoin d’un logiciel (qui n’existe pas encore) que je n’estime pas à plus de, mettons, 100€. Nous sommes 1 000 à vouloir ce logiciel, la demande est donc prête à doner 1 000 000€ pour ce logiciel. Alors, si un individu, une entreprise, estime qu’avec 1 000 000€ elle rentrera dans ses frais pour le développement de ce logiciel, elle le créera et le vendra, et n’aura plus de droit exclusif sur celui-ci. Si personne ne veut le développer car 1 000 000€ ne suffit pas à faire des bénéfices, les demandeurs pourront en donner 1 200 000€, comme n’importe quel marché à la capitaliste. On jouera sur l’offre et la demande.

En outre, il sera possible qu’une sorte d’organisation, un peu comme la SACEM dans le système actuel, achète des œuvres d’artistes réputés au nom des demandeurs. Il y a une foule de choses possible pour remplacer le système de la PI ! Il suffit d’imaginer !

403

Bovido (./402) :
La source de l’information vend son information au prix qu’il le désire, de sorte que, dans le cas d’un professionel (artiste pro, journaliste, développeur, etc), le prix de la vente rembourse son travail et lui donne une marge qu’il estimera nécessaire ; et cela, comme n’importe quel commerçant ou artisan ! L’achat sera peut-être cher pour une personne, mais pas pour un ensemble de personne réunies. Si 1 000, 10 000, personnes veulent un logiciel, une information journalistique, etc, et cela de qualité professionnelles, il y aura quelqu'un qui se fera un plaisir d’inventer et de leur vendre le résultat.

Mais tu présupposes donc qu'il y aura des "réunions de personnes"... Tu réinventes l'éditeur/diffuseur mon grand triroll. Et tu gonfles le coût unitaire, ce qui rend l'information bien plus difficile à transmettre dès le départ, donc tu handicapes ceux qui n'ont pas les moyens de se payer cette information (ainsi que les informations qui ne sont pas utiles au plus grand nombre, on retombe toujours dans la problématique de l'art novateur et de la recherche fondamentale).
Bovido (./402) :
En outre, il sera possible qu’une sorte d’organisation, un peu comme la SACEM dans le système actuel, achète des œuvres d’artistes réputés au nom des demandeurs. Il y a une foule de choses possible pour remplacer le système de la PI ! Il suffit d’imaginer !

C'est un peu con de tomber dans ce travers très communiste (qui, finalement, ne vaut pas mieux que le PI puisque les auteurs sont tributaires de cette association, donc produisent "pour plaire"...)
avatar

404

Bovido (./402) :
Exemple si on veut des chiffres : j’ai besoin d’un logiciel (qui n’existe pas encore) que je n’estime pas à plus de, mettons, 100€. Nous sommes 1 000 à vouloir ce logiciel, la demande est donc prête à doner 1 000 000€ pour ce logiciel. Alors, si un individu, une entreprise, estime qu’avec 1 000 000€ elle rentrera dans ses frais pour le développement de ce logiciel, elle le créera et le vendra, et n’aura plus de droit exclusif sur celui-ci. Si personne ne veut le développer car 1 000 000€ ne suffit pas à faire des bénéfices, les demandeurs pourront en donner 1 200 000€, comme n’importe quel marché à la capitaliste. On jouera sur l’offre et la demande.

C'est faux. Je ne pinaille pas sur le fait qu'il faudrait payer 1000€ et pas 100€ pour avoir 1M€, le vrai problème c'est que tu ne prends pas en compte le fait qu'une personne qui est juste prête à payer 1000€ mais pas bcp plus que ça n'a pas vraiment intérêt à faire partie de la demande. Pourquoi ? Je l'avais déjà expliqué dans mon post précédent, mais cette fois-ci au lieu de répondre avec des théories imbittables je vais raconter une petite histoire :
Jean-Claude Labitte est un petit artisan dans le Cantal, qui va bientôt prendre
sa retraite. Il y a 3 jours un client lui a demandé s'il pouvait lui réaliser
une commande un peu spéciale. Le problème, c'est qu'il lui faudrait un logiciel
spécial pour la réaliser. Mais le client est prêt à payer 3500€, donc
Jean-Claude a bien envie de faire un petit effort. Il fait son calcul : déjà le
logiciel ne lui servira sûrement que cette fois-ci, parce qu'il part à la
retraite dans trois mois ; ensuite ça lui revient à 2000€ de pièces et
main-d'oeuvre, donc s'il arrive à trouver un logiciel à moins de 1500€ il rentre
dans ses frais. S'il le trouve à 1400€, il est plutôt content parce qu'il gagne
100€, mais s'il le trouve juste à 1600€, il enverra chier le client, parce que
Jean-Claude c'est pas la mère Teresa non plus !

Alors il part en quête de ce fameux logiciel. Paraît-il, ça n'existe pas encore,
mais il entend parler d'un certain M. Bovido, qui a monté un projet. Alors il
lui passe un coup de fil : M. Bovido lui dit qu'il a trouvé une entreprise qui
moyennant 1 M€ développera ce logiciel en moins de 2 mois ; pour le financer il
a déjà trouvé 700 personnes qui sont prêtes à payer 1000€, le tout alors que le
projet a démarré il y a à peine trois semaines. M. Bovido lui explique qu'avec
un simple RIB il pourra souscrire lui aussi au programme de financement du
logiciel, et que dès que les 1000 personnes seront atteintes il sera débité de
1000€ et les développeurs se mettront au boulot ! Il lui dit qu'en revanche, il
faut se dépêcher parce qu'il n'y a plus que 2 semaines pour finir la vente, et
que si les 1000 personnes ne sont pas atteintes d'ici là, la vente sera annulée
et le logiciel ne verra pas le jour. Jean-Claude est très content, il se dit que
soit il gagnera 500€ si le seuil est atteint, soit le seuil n'est pas atteint et
il ne perdra rien parce qu'il dira à son client que c'est pas possible de faire
la commande. Manque de bol, il n'a pas de RIB sous la main, il faudra qu'il
passe à la banque demain parce qu'aujourd'hui il est trop tard. Il promet de
rappeler M. Bovido demain matin pour lui donner son RIB. Content de lui, il va
se coucher.

Le lendemain, en se rasant, Jean-Claude pense à qqch : tiens, qu'est-ce qui se
passerait si je m'inscrivais pas au programme de M. Bovido ? Il sait comme tout
le monde que depuis la révolution hippopocratique de 2017 qui abolissait
notamment la propriété intellectuelle l'INA garde non seulement toutes les
émissions de télé diffusées depuis 1974 mais aussi tous les logiciels publiés
depuis 2012. Il sait donc bien que même sans s'inscrire au programme de M.
Bovido il pourra utiliser le logiciel, mais il préfère augmenter les chances que
le seuil soit atteint : si le seuil est atteint, il gagne 500€ alors qu'il ne
gagne rien du tout si le seuil n'est pas atteint, donc il faut qu'il fasse tout
son possible pour que le seuil soit atteint... Mais chez les Labitte, on a le
sens de l'argent de père en fils ; Jean-Claude sent qu'il peut gagner plus que
ça. Il réfléchit, il tourne et retourne le problème dans tous les sens. Il
imagine des scénarios, il se prend même à rêver : s'il ne donne rien à M. Bovido
et que le seuil est atteint, il gagnera 1500€ ! Un vrai jackpot, de quoi changer
sa télé holographique poussiéreuse ! Mais il se dit que c'est pas très réaliste,
si ça se trouve le seuil sera pas atteint, et il aura l'air bête de ne pas
s'être inscrit chez M. Bovido. Il est quand même un peu tenté par le risque,
l'excitation du jeu ! Mais comme son père lui disait, on ne joue pas avec
l'argent. Il lui disait, à lui qui pourtant n'aimait pas les maths : « Quand tu
as une décision à prendre qui met de l'argent en jeu, fais ton calcul : prends
en compte les risques, les probabilités, et regarde le solde final.
Souviens-toi, mon fils : ne te laisse jamais aveugler par tes sentiments. »
Certes, Jean-Claude n'était pas un homme d'affaires rusé comme son père, mais il
avait toujours suivi ses conseils religieusement. Alors il se met à son bureau,
sort une feuille de papier et se met en tête d'évaluer les risques, les
probabilités. Après tout, quelle est la probabilité que le seuil soit atteint
s'il ne participe pas ? Jean-Claude n'en sait rien. Il voit qu'il y a eu 700
personnes en 3 semaines, soit un peu plus de 200 par semaine. Il reste 2
semaines, donc il faudrait qu'il y ait 150 personnes par semaine encore. C'est
jouable, mais comme d'habitude dans ces ventes les gens se décident plutôt au
début donc c'est possible que le seuil ne soit pas atteint malgré tout. Comme il
est bien obligé de trouver un chiffre pour faire son calcul, il se dit « va pour
50% ». Il ne lui manque plus qu'un autre chiffre : la probabilité que le seuil
soit atteint s'il participe. Il ne sait pas trop par quel bout prendre le
problème : d'un côté il se dit « oh, une personne de plus, une personne de
moins, qu'est-ce que ça changerait à la probabilité ? », mais d'un autre côté il
sait bien qu'il y a plus de chances que le seuil soit atteint s'il participe.
Jean-Claude est bien embêté. « Ah là là, les maths c'est vraiment pas mon truc !
» Mais il se dit qu'il faut bien mettre quelquechose. Plus de 50%, ça c'est sûr.
Moins de 100%, ça c'est sûr aussi. Alors, les mains tremblantes, il écrit « 75%
» avec son stylo plume. « Advienne que pourra », pense-t-il. D'un geste décidé,
il sort sa vieille calculatrice du siècle dernier, et tape sans précipitation
les chiffres. 7, 5, « divisé par », 100, « multiplié par », 500, « plus », 25, «
divisé par », 100, « multiplié par », 0. Il écrit « Gain moyen si je m'inscris :
375€ ». Il recommence à taper : « 50 divisé par 100 multiplié par 1500 plus 50
divisé par 100 multiplié par 0 », « égale ». Il s'arrête un instant, puis écrit
fébrilement « Gain moyen si je ne m'inscris pas : 750€ ». Le double ! Il a dû se
tromper. Il refait ses calculs. Il change les probabilités : 40% s'il ne
s'inscrit pas, 80% s'il s'inscrit. Toujours pareil : « Gain moyen si je
m'inscris : 400€ », « Gain moyen si je ne m'inscris pas : 600€ ». Ce n'est pas
possible, les probabilités ne peuvent pas être si extrêmes ! Lui, petit artisan
du Cantal n'allait pas avoir 40% de chances de changer le destin d'un projet à 1
M€. Jean-Claude doit se rendre à l'évidence : il ne doit pas suivre M. Bovido.
Il rappelle M. Bovido, lui dit qu'il est désolé mais qu'il ne souhaite plus
participer.



...................................-- Épilogue --
Jean-Claude vient de finir sa journée de travail. Il sait que ça fait maintenant
deux semaines qu'il a appelé M. Bovido. Il pense au catalogue de télés
holographiques qu'il a feuilleté avec sa femme. Il pense aux promos du club Med.
Il consulte le Googlenet, et tombe sur un communiqué de M. Bovido : « Notre
projet avec la société Alcantara Systems n'a pu aboutir faute de promesses de
dons. Nous regr... » En clair : pas de télé, pas de voyage en tête-à-tête.
Jean-Claude ressent un petit goût d'amertume. « Si seulement j'avais participé,
mais quel con ! » Il appelle sa femme, qui ne peut masquer une pointe de
déception mais fait son possible pour le consoler. Il continue la lecture : «
Sur les 1000 promesses nécessaires, nous n'avons pu en récolter que 893. » Son
visage se détend, s'illumine presque. Tout ça pour ça ! Il se lève, ouvre grand
les fenêtres. Il fait beau, les arbres sont en fleurs. La montagne est calme.
C'est à peine si on prêterait attention à cette espèce d'éclat de rireretentissant.


[Devinette] : qu'est-ce qui se serait passé s'il n'y avait pas eu la révolution de 2017 ?


(mais bon, l'histoire en question est fictive parce qu'à part dans la société rêvée de Kevin Kofler il y a, outre la possibilité de faire des logiciels librement redistribuables, la possibilité de faire des logiciels DRMifiés -- et donc un business-model s'appuyant là-dessus serait rentable et satisferait parfaitement les besoins de notre ami Jean-Claude, qui serait heureux de donner 1000€ au Grand Capital ; par contre ça contredit les dires d'Hippo qui affirme que ce modèle-là serait voué à l'échec)

« The biggest civil liberty of all is not to be killed by a terrorist. » (Geoff Hoon, ministre des transports anglais)

405

C'est beau eek #larmealœil#
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<Vertyos> un poil plus mais elle suce bien quand même la mienne ^^
<Sabrina`> tinkiete flan c juste qu'ils sont jaloux que je te trouve aussi appétissant

406

chapo pour l'histoire popo grin
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Proud to be CAKE©®™


GCC4TI importe qui a problème en Autriche, pour l'UE plus et une encore de correspours nucléaire, ce n'est pas ytre d'instérier. L'état très même contraire, toujours reconstruire un pouvoir une choyer d'aucrée de compris le plus mite de genre, ce n'est pas moins)
Stalin est l'élection de la langie.

407

./405 > (joli numéro en passant ^^) pencil
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408

J'attends avec impatience le prochain épisode love
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« Quand le dernier arbre sera abattu, la dernière rivière empoisonnée, le dernier poisson capturé, alors vous découvrirez que l'argent ne se mange pas. »

409

Nil (./403) :
C'est un peu con de tomber dans ce travers très communiste (qui, finalement, ne vaut pas mieux que le PI puisque les auteurs sont tributaires de cette association, donc produisent "pour plaire"...)
Bah, de toutes manières on ne pourra jamais empêcher des gens de s’associer pour effectuer des achats groupés, non ?

Pollux (./404) :
C'est faux. Je ne pinaille pas sur le fait qu'il faudrait payer 1000€ et pas 100€ pour avoir 1M€
Oui, erreur d’inattention. sorry

Pollux (./404) :
(mais bon, l'histoire en question est fictive parce qu'à part dans la société rêvée de Kevin Kofler il y a, outre la possibilité de faire des logiciels librement redistribuables, la possibilité de faire des logiciels DRMifiés -- et donc un business-model s'appuyant là-dessus serait rentable et satisferait parfaitement les besoins de notre ami Jean-Claude, qui serait heureux de donner 1000€ au Grand Capital ; par contre ça contredit les dires d'Hippo qui affirme que ce modèle-là serait voué à l'échec)
Hum ? Tu parles du système non-PI ou avec-PI là ? Mais peu importe, tu sais bien que tout ça a changé depuis la révolution Koflerienne de 2038.

Pour la petite histoire :
Pourquoi imposer des limites pour la vente ? Et on peut très bien communiquer « en temps réel » l’état de la souscription, pas ? (Et j’ajoute que mes chiffres étaient choisis au hasard, ils ne généralisent rien.)

Pollux (./404) :
[Devinette] : qu'est-ce qui se serait passé s'il n'y avait pas eu la révolution de 2017 ?
Ben, dans un univers parallèle où la PI existe encore (La révolution hippocratique ayant échoué car le meneur de la rebellion n’a pu venir à temps. Une sombre histoire de partie de go qui s’est éternisée. Bref.), Alcantara Systems a décidé de ne pas développer ce logiciel, car estimant que ce logiciel a une demande trop restreinte par rapport à l’effort de développement. M. Bovido n’a également pas touché une quelconque commission et la femme de JC est inconsolable (quelqu’un se dévoue ?).

Bel effort pour l’histoire sinon. hehe

410

Bovido (./409) :
Pollux (./404) :
[Devinette] : qu'est-ce qui se serait passé s'il n'y avait pas eu la révolution de 2017 ?
Ben, dans un univers parallèle où la PI existe encore (La révolution hippocratique ayant échoué car le meneur de la rebellion n’a pu venir à temps. Une sombre histoire de partie de go qui s’est éternisée. Bref.), Alcantara Systems a décidé de ne pas développer ce logiciel, car estimant que ce logiciel a une demande trop restreinte par rapport à l’effort de développement. M. Bovido n’a également pas touché une quelconque commission et la femme de JC est inconsolable (quelqu’un se dévoue ?).

Bel effort pour l’histoire sinon. hehe.gif

Non, dans le système actuel une entreprise se rend compte que 850 personnes sont réellement intéressées, que 350 pourraient peut-être mais sont un peu frileux, que 15000 ne savent pas qu'ils pourraient être intéressés. Et développe un logiciel performant et facile d'accès car il doit aussi plaire à ceux qui ne savent pas encore que cet outil leur sera indispensable.
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411

Ben alors, on peut faire pareil sans PI, si Pollux avait pas mis cette cochonnerie de limite de vente. Et dans les deux cas, les (futurs) intéressés paieront.

412

Bovido (./411) :
Ben alors, on peut faire pareil sans PI, si Pollux avait pas mis cette cochonnerie de limite de vente. Et dans les deux cas, les (futurs) intéressés paieront.

Non, car sans PI l'entreprise est quasi certaine de ne pas pouvoir toucher les 15000 qui ne savent pas qu'ils ont besoin de cet outil.
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413

PpHd > n'oublies surtout pas de lire les annexes qui se sont greffées sur d'autres topics, hein hehe
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<<< Kernel Extremis©®™ >>> et Inventeur de la différence administratif/judiciaire ! (©Yoshi Noir)

<Vertyos> un poil plus mais elle suce bien quand même la mienne ^^
<Sabrina`> tinkiete flan c juste qu'ils sont jaloux que je te trouve aussi appétissant

414

trisotfl
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415

Nil > Elle se contentera des « vrais » demandeurs. Il est certain que les sociétés de développement gagneront beaucoup moins sans PI. happy

416

Donc tu confirmes qu'ainsi tu handicapes le système (puisque ce qui a probablement permis l'explosion technologique de cette fin de siècle est plus la diversité de l'offre que la force de la demande).
C'est d'ailleurs quelque chose de fondamental que l'on voit quand on fait du développement. Les gens sont enchantés quand on leur fait une application qui répond à leur demande même si c'est moche et que ça ne va pas plus loin (alors qu'on pourrait les accompagner encore plus dans leur travail en automatisant la quasi intégralité de leurs tâches). Bien souvent, l'usager n'est pas capable de formaliser ce qu'il veut non seulement parce qu'il n'a pas les outils de modélisation et le recul nécessaires pour le faire mais aussi parce qu'il ne sait pas ce que pourrait lui offrir la technologie.
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417

Mais ça n'a pas de sens, vous faites des hypothèses sur ce que sera la système non PI.

En fait tu calques le système PI sur le système non PI, alors évidemment que ça ne marchera pas.


On ne sait pas de quoi le système non PI sera fait, c'est quelque chose à mettre en place lentement, par étapes, en voyant comment ça marche.

Commençons par exemple par appliquer les sept points donnés par David Madore, ensuite on avisera. (http://www.madore.org/~david/misc/thoughts/manifesto.html, fin de la page)
Les droits inaliénables du troll :
1) le droit d'avoir raison
2) le droit d'être péremptoire
3) le droit de ne pas lire
4) le droit de ne pas répondre
5) le droit d'être de mauvaise foi
6) Autant pour moi / Faignant / Vivent Tintin et Milou

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Bah raconte nous ce qu'il en serait si tu es si sûr de toi... roll
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Webmaster du site Ti-FRv3 (et aussi de DevLynx)
Si moins de monde enculait le système, alors celui ci aurait plus de mal à nous sortir de si grosses merdes !
"L'erreur humaine est humaine"©Nil (2006) // topics/6238-moved-jamais-jaurais-pense-faire-ca

419

Hippopotame (./417) :
On ne sait pas de quoi le système non PI sera fait, c'est quelque chose à mettre en place lentement, par étapes, en voyant comment ça marche.

Ca reprend la question que je t'ai posée quelques dizaines de messages plus haut : comment envisages-tu de mettre un tel système en place sans crise ? Et comment imagines-tu les échanges d'information et la valorisation du travail ? Parce que c'est bien beau de dire qu'on fait des hypothèses sur ce que sera ton système sans PI mais tu ne nous offres aucun exemple concret... C'est très messianique comme principe : "faites-moi confiance, vous verrez, ça sera bien".
(Et ton principe idéologique sans PI me fait énormément penser au communisme soviétique...)
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420

417> J'en sais rien et ça ne m'intéresse pas.

Mon point de vue dans ce topic porte sur la morale et le droit naturel, et il faudra bien vous aventurer sur ce terrain là pour me convaincre.

(Au fait pour les greffons c'est là : topics/65694-parpaings-rotatifs-a-moissonneuse-batteuse/34#1003 , topics/87696-le-poulet-tandorii/57#1691 )
Les droits inaliénables du troll :
1) le droit d'avoir raison
2) le droit d'être péremptoire
3) le droit de ne pas lire
4) le droit de ne pas répondre
5) le droit d'être de mauvaise foi
6) Autant pour moi / Faignant / Vivent Tintin et Milou